Omar Kayyâm est un poète persan du XIIè s. غياث الدين ابو الفتح عمر بن ابراهيم خيام نيشابوري

Mathématicien et astronome, poète et philosophe, ses poèmes appelés « Rubaïyat » en persan رباعى combinent à la fois une expression hédoniste de la vie et des intonations mystiques proches du soufisme.

Dans la pratique, si l’on s’en tient au texte, Khayyam se montre bel et bien fort critique vis-à-vis des religieux – et de la religion – de son temps. Quant au vin dont la mention revient fréquemment dans ses quatrains, le contexte où il se place constamment (agréable compagnie de jeunes femmes ou d’échansons, refus de poursuivre la recherche de cette connaissance que Khayyam a jadis tant aimée) ne lui laisse guère de latitude pour être allégorique.


(VIII)

Olécio partenaire de Wukali

En ce monde, contente-toi d’avoir peu d’amis.

Ne cherche pas à rendre durable

la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu’un.

Avant de prendre la main d’un homme,

demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour.

(CXX)

Tu peux sonder la nuit qui nous entoure.

Tu peux foncer sur cette nuit… Tu n’en sortiras pas.

Adam et Ève, qu’il a dû être atroce, votre premier baiser,

puisque vous nous avez créés désespérés !

Lucidité et scepticisme


(CXLI)

Contente-toi de savoir que tout est mystère :

la création du monde et la tienne,

la destinée du monde et la tienne.

Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais.

Ne crois pas que tu sauras quelque chose

quand tu auras franchi la porte de la Mort.

Paix à l’homme dans le noir silence de l’Au-Delà !

Sagesse et épicurisme


(XXV)

Au printemps, je vais quelquefois m’asseoir à la lisière d’un champ fleuri.

Lorsqu’une belle jeune fille m’apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut.

Si j’avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu’un chien.


(CLXX)

Luths, parfums et coupes,

lèvres, chevelures et longs yeux,

jouets que le Temps détruit, jouets !

Austérité, solitude et labeur,

méditation, prière et renoncement,

cendres que le Temps écrase, cendres !


(CVII)

Autrefois, quand je fréquentais les mosquées,

je n’y prononçais aucune prière,

mais j’en revenais riche d’espoir.

Je vais toujours m’asseoir dans les mosquées,

où l’ombre est propice au sommeil.


(CLIX)

« Allah est grand ! ». Ce cri du moueddin ressemble à une immense plainte.

Cinq fois par jour, est-ce la Terre qui gémit vers son créateur indifférent ?


(CLIII)

Puisque notre sort, ici-bas, est de souffrir puis de mourir,

ne devons-nous pas souhaiter de rendre le plus tôt possible à la terre notre corps misérable ?

Et notre âme, qu’Allah attend pour la juger selon ses mérites, dites-vous ?

Je vous répondrai là-dessus quand j’aurai été renseigné par quelqu’un revenant de chez les morts.

Traduction de F. TOUSSAINT


Le temps s’échappe à tire-d’aile? Sois sans peur.

Et l’heureux sort n’est pas éternel? Sois sans peur.

Profite de l’instant que te vaut la Fortune.

Sans regret, sans regard vers le ciel, sois sans peur.

Aujourd’hui sur demain tu ne peux avoir prise.

Penser au lendemain, c’est être d’humeur grise.

Ne perds pas cet instant, si ton coeur n’est pas noir

car nul ne sait comment nos demains se déguisent.

Traduction de V-M. Monteil pour Sindbad


ECOUTER VOIR

Ces articles peuvent aussi vous intéresser