An editor and bookseller in Hong Kong relegated by force, detained and tortured in mainland China


**Lam Wing-kee*] est un libraire de [**Hong Kong,*] c’est aussi un éditeur et les livres qu’il publie et distribue en Chine n’ont pas l’air de plaire aux autorités de Pékin. Il avait mystérieusement disparu en octobre 2015 sans que sa famille ni ses proches n’aient de nouvelles de lui. D’autres de ses amis libraires avaient pareillement disparu. Depuis la rétrocession de Hong Kong 香港 par la couronne britannique aux autorités communistes en 1997, la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine, c’est son appellation officielle, est gouvernée sous le statut [**« un pays deux systèmes 国两制»*]. Un étonnant montage juridique ô combien roué pour distribuer la liberté et la démocratie, selon la décision de Pékin, au gré des circonstances et de façon différenciée, entre la ville de Hong Kong et le reste de la Chine. Les représentants de l’exécutif territorial et politique de Hong Kong nommés par Pékin, étant en réalité de simples potiches aux ordres. En réalité une espèce de «cache-sexe» pour contourner au départ les exigences britanniques au moment des négociations pour la rétrocession, et qui permet d’amadouer les chancelleries étrangères et les médias internationaux soucieux des Droits de l’homme. Une expression au demeurant peu en cour au coeur du comité central du Parti communiste chinois 中国共产党中央委员会. Voila peu de temps déjà, les étudiants de Hong Kong avaient eu le courage de s’opposer aux tentatives de reprise en main engagées par Pékin ( lire sur ce sujet nos articles: [Un adolescent de 17 ans fait trembler Pékin et La police de Hong Kong réprime les manifestations démocratiques étudiantes ). C’est pour les autorités chinoises une espèce de jeu pervers où l’on essaie à toutes petites doses, discrètement, sans trop vouloir se montrer ni surtout réveiller l’opinion, de rogner peu à peu les libertés et surtout mettre hors d’état de nuire tous ceux dissidents, hommes et femmes chinois épris de liberté, qui cherchent à éveiller les consciences de leurs compatriotes, en tous cas ceux qui pensent, notamment les jeunes et les étudiants.


La «[**délocalisation à la chinoise*]» si je peux me permettre ainsi de m’exprimer, c’est à dire le transfèrement géographique, le dépaysement d’un individu à l’autre bout de la Chine est plutôt une pratique courante. Et cela dans l’opacité la plus totale ! ll n’est pas rare au demeurant que dans le monde des affaires les interlocuteurs chinois disparaissent tout d’un coup comme par hasard, sans qu’on ne sache où ils se trouvent, bloquant ainsi l’administration et la direction de l’entreprise, ne soient nullement joignables par leurs partenaires d’affaires occidentaux … C’est ce qui est arrivé dans binôme de direction français-chinois d’une grande entreprise française multinationale de l’industrie installée dans la province du [**Hubeï*], quand le directeur chinois a disparu laissant seul le directeur français impuissant alors pour la signature de certains dossiers sensibles, (cette information m’a été donnée de bonne source!)

Olécio partenaire de Wukali

Ce qui est arrivé aux libraires de Hong Kong, c’est la manifestation d’un totalitarisme sournois. La contrainte assortie de menaces il va s’en dire….

Et puis, les autorités chinoises ont voulu jouer au chat et à la souris, et ont accordé une «permission de sortie» au libraire et éditeur[** Lam Wing-kee*] qui est réapparu à Hong Kong après 8 mois de détention, car ils souhaitaient au nom de l’extraterritorialité juridique que la «confession écrite » de Lam Wing-kee soit rédigée à Hong Kong même au nom du principe «Un pays, deux systèmes» et c’est pour cela qu’ils l’ont ramené.

Mais voila, Lam Wing-kee, est homme de courage et n’est pas tombé dans le panneau tendu par ses geôliers. Il a réussi à échapper à ses sbires et lors d’une conférence de presse le 16 juin dernier, il a défié ainsi le système totalitaire. La distribution et la vente de livres « dissidents », pour les autorités, çà ne plait pas !

Il a été arrêté en octobre à Hong Kong par des hommes sans uniformes prétendant appartenir à une certaine Unité centrale spéciale puis conduit de force à Ningbo dans la province du [**Zhejiang *] à plus de 1100kms de là. Emprisonné, soumis par ces policiers à des interrogatoires plusieurs fois par jour, vivant dans des conditions précaires, contraint à 13h de travail quotidiennement, sans nouvelle aucune de sa famille et sans nulle possibilité de communiquer avec qui que ce soit à l’extérieur, soumis à une pression psychologique constante, Lam Wing-kee que ses gardiens cherchaient à soumettre, à briser mentalement, à l’amener à résipiscence, à le conduire dans un cadre juridique où il eût alors à être considéré comme un criminel, a eu le courage de résister et de dénoncer la répression exercée par les autorités. Lors de sa conférence de presse il a expliqué par le détail par quels moyens d’un raffinement sécuritaire parfaitement vicieux, tout était aussi fait pour le conduire vers la folie et l’empêcher de se suicider.

Si dans la période des invasions barbare en Europe, [**Attila*] disait: « là où mon cheval passe, l’herbe ne repousse plus !», eh bien en Chine aujourd’hui même, dans cette période dite de la mondialisation, M. [**Xi Jinping 习近平*] et ses pareils cherchent à éradiquer le moindre signe de liberté d’expression, à commencer par le livre, et dont les idées portées sont toujours plus puissantes que mille vents qui soufflent au sommet de la montagne, fût-elle rouge sang sous les rayons du soleil qui se couche !

[**Pierre-Alain Lévy*]


WUKALI 29/06/2016
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