The formidable statue and symbol of an horrifying and monstrous tragedy
Vers 1900, de nombreux artistes, venus de tous les continents, vinrent s’installer à [**Paris*]. Les peintres y étaient attirés par les dernières lueurs du mirage coloré de l’impressionnisme finissant, les sculpteurs par la personnalité, puissante et titanesque, du géant [**Rodin*].
Les Espagnols, à l’instar de [**Picasso*], et les Russes, comme [**Soutine*] ou [**Zadkine*], en formèrent les gros bataillons. Naturellement, bien d’autres nationalités participèrent à ce que l’on appelle, aujourd’hui, « le creuset de l’art moderne », comme le japonais [**Foujita*].
C’est là que son intérêt pour l’art tridimensionnel se révèle. A Londres, de 1907 à 1909, il étudie la sculpture classique. Il arrive à Paris en 1909 et s’installe à Montparnasse. Il expose pour la première fois au Salon des indépendants, et à celui d’Automne, en 1911. Il se passionne alors pour l’art roman. Il rencontre [**Matisse, Apollinaire, Bourdelle*] et bien d’autres. Ce sont [**Picasso*] et [**Brancusi*] qui auront le plus d’influence sur ses idées. Cela expliquant sa navigation à vue entre cubisme et abstraction, tout au long de sa carrière.
Dans ces années de l’immédiat Avant-guerre, Paris est un bouillonnement culturel permanent où tous ces novateurs échangent, discutent, vivant leur aventure personnelle en toute indépendance. Ils forment ce que les historiens d’art nommeront, longtemps après, « L’École de Paris ».
En 1920 il épouse une jeune femme peintre, sa voisine d’atelier : [**Valentine Prax*] (1897-1981). Le mariage durera jusqu’à la mort du sculpteur mais ils n’auront pas d’enfants.
Dans l’Entre-deux-guerres, sa reconnaissance internationale sera progressive, régulière, avec des expositions un peu partout.
En 1928, le couple s’installe au 100 bis rue d’Assas à Paris dans une maison qui est devenue le « musée Zadkine ». En 1934, ils achètent une maison dans le lot où l’artiste inventa beaucoup de sujets nouveaux et qui constitue un second musée Zadkine.
A la débâcle de 1940, il fuit aux [**États-Unis*] alors que Valentine reste en France. Ils ne se reverront qu’en septembre 45, à Paris, où il débarque « malade, triste et pauvre ». Les retrouvailles seront difficiles car Valentine, catholique mariée à un juif russe en fuite, a beaucoup souffert des tracasseries allemandes, la Gestapo s’étant servie dans les collections de l’artiste.
Heureusement, le travail de Zadkine est célébré dans le monde entier. Il devient alors une icône de la sculpture mondiale. Il sera enterré au cimetière du Montparnasse, ce quartier de Paris dont il était devenu une figure légendaire. Valentine l’y rejoindra quatorze ans plus tard.
La première esquisse fut détruite, entraînant la nouvelle version, qui sera inaugurée le 15 mai 1953 sur l’esplanade de « la place 1940 », à l’entrée du port de la ville, dont la reconstruction était terminée.
A l’origine, le mémorial était un don de « De Bijenkorf », compagnie qui voulait ainsi honorer la mémoire de ses 737 employés juifs déportés et assassinés. Mais son universalité, immédiatement ressentie, en fit un mémorial à tous les Hollandais massacrés en mai 40. Pour finalement personnifier la « mémoire collective » de tous les hommes exterminés par la tyrannie, quelle qu’en soit le lieu ou l’époque.
Aujourd’hui, cette œuvre incarne Rotterdam, dans le monde entier, comme la petite sirène est la représentation de Copenhague, le caractère dramatique en plus. L’immense port hollandais est une forêt d’acier : grues, engins de halage, navires, fret, tous ces éléments se côtoient sans se mêler.
La vitalité de l’œuvre est sidérante pour le touriste. Elle aspire littéralement l’espace autour d’elle, créant un mouvement ascensionnel irrésistible, doté d’une énergie tellurique digne d’un volcan en éruption.
Ce grand bronze est considéré comme le monument le plus puissant jamais installé dans un espace public. Ce cri de protestation, hurlement désespéré, les bras levés en signe de souffrance, est à rapprocher de celui du célèbre marbre montrant le Laocoon antique ( musée du Vatican, Rome), qui exprime le même sentiment.
Cette réussite éclatante, reconnue par notre temps, ne le fut pas de tous en 1953 : on alla jusqu’à reprocher à l’artiste son interprétation figurative du sujet car l’abstraction dominait, jusqu’à l’exclusivité, dans la sculpture !
Cette œuvre, allégorique et emblématique du martyr de l’être humain, marque l’apogée des travaux du sculpteur, lui qui désirait plus que n’importe quoi d’autre « engendrer l’émotion chez celui qui le regarde, exhaler un quelque chose qui subjugue le spectateur, qui lui entrouvre un chemin insoupçonné au sein de sa propre âme ».
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WUKALI Article mis en ligne le 27/07/2019( première publication 13/05/2017) )]