Lu dans la presse: Le Figaro.
Établi en 1999, l’«Indice gratte-ciel» prédit les crises économiques en fonction de la hauteur des immeubles. L’analyste, qui l’a élaboré, y voit un mauvais présage pour la Chine, qui est en train de construire la tour la plus haute du monde.
La Chine construit actuellement la tour le plus haute du monde: la dénommée «Sky City» devrait être achevée en quatre mois à peine et mesurer 838 mètres. Mais le projet ne semble pas enchanter le gouvernement chinois, qui a déjà plusieurs fois bloqué les autorisations nécessaires à sa construction. Les réticences des autorités de l’Empire du Milieu pourraient bien s’expliquer par une théorie économique hétérodoxe: l’«indice gratte-ciel», élaboré en 1999 par Andrew Lawrence, analyste chez Dresdner Kleinwort. Cet indice cherche à établir une corrélation entre la construction d’immeubles culminants et les cycles économiques. Les géants d’acier, dont se jetaient les spéculateurs ruinés par le cataclysmique jeudi noir de 1929, seraient le signe avant-coureur d’une période de récession.
L’observation de 150 ans d’archives sur laquelle se fonde l’indice est effet troublante. Les constructions de l’Empire State Building (443 m) et du Chrysler Building (319 m) ont été lancées peu avant le krach de 1929, le Wall Trade Center inauguré en 1973, au cœur du choc pétrolier, ou encore les Tours Petronas à Kuala Lumpur en 1998 au moment de la crise de l’Asie du Sud Est.
Expansion du crédit
L’explication à ces coïncidences avancée par Andrew Lawrence s’applique particulièrement à l’Empire du Milieu. Selon l’analyste, le gratte-ciel serait le symptôme d’une propension au mal-investissement, à la spéculation et à la croissance monétaire. Or la Chine connaît actuellement une bulle immobilière sans précédent, qui a donné naissance à de véritables villes fantômes. Le même gouvernement qui s’inquiète des gratte-ciels protubérants a financé à hauteur de 2 trillions de dollars la construction de ces cités désertes. D’après le Wall Street Journal, les prix de l’immobilier de 100 villes chinoises représentatives ont augmenté de 7,9% en un an.
D’après Lawrence, la construction de gratte-ciels est intimement liée à l’expansion du crédit, observée en Chine en 2008. Des taux d’intérêt au rabais entraînent de leur côté une hausse du prix des terrains constructibles, ce qui pousse à construire en hauteur pour minimiser les coûts. Ils engendrent également une expansion de la taille des entreprises, et donc un besoin en bureaux. Enfin, ils permettent d’investir dans des techniques de construction de pointe qui repoussent les limites physiques du bâtiment.
Finalement, si la prédiction se réalise, la Chine pourrait bien revivre le mythe de la tour de Babel. D’après cette légende de la Genèse, alors que les hommes tentaient d’ériger une tour pour atteindre le ciel, l’ire divine s’abattit sur eux. Dieu interrompit le projet démesuré, brouilla leurs langages et les dispersa au travers du globe.
Ainsi, ont fleuri dans la presse étatique des articles qui s’indignait des villes du pays engagées dans une course frénétique au gratte-ciel le plus haut. «Croire que la modernisation d’une ville dépend de la taille des gratte-ciels est une interprétation superficielle de l’urbanisation». martelait le Global Times, tabloïd de la République populaire. La presse a exprimé des réserves similaires vis-à-vis de la Shanghai Tower, la deuxième tour la plus haute du monde sur le point d’être achevée. En tout, 332 gratte-ciels seraient actuellement en construction en Chine.
Il est vrai que l’observation historique, qui décortique 150 ans d’archives, sur laquelle se fonde l’Indice Gratte-ciel est troublante de coïncidences. Derrière cette constatation, une tentative d’explication économique qui dessert l’Empire du milieu. Le gratte-ciel ne serait qu’une manifestation particulièrement explicite d’une certaine propension au mal-investissement, à la spéculation et à la croissance monétaire. Or la Chine connait actuellement une bulle immobilière sans précédent, qui a donné naissance à de véritables villes fantômes. Le même gouvernement qui s’inquiète des gratte-ciels protubérants a financé à hauteur de 2 trillions de dollars la construction de ces cités désertes. D’après le Wall Street Journal, les prix de l’immobilier de 100 villes chinoises représentatives ont augmenté de 7,9% en un an.
D’après Lawrence, la construction de gratte-ciels est intimement liée à l’expansion du crédit, observée en Chine en 2008. Une caractéristique des cycles économiques en particulier, identifiée par Richard Cantillon, pourrait expliquer la construction des gratte-ciels chinois: les taux d’intérêt au rabais. Ils entrainent une hausse du prix des terrains constructibles, ce qui pousse à construire en hauteur pour minimiser les coûts. Ils engendrent également une expansion de la taille des entreprises, et donc un besoin en bureaux. Enfin, ils permettent d’investir dans des techniques de construction de pointe qui repoussent les limites physiques du bâtiment.
Finalement, si la prédiction se réalise, la Chine pourrait bien revivre le mythe de la tour de Babel. D’après cette légende de la Genèse, alors que les hommes tentaient d’ériger une tour pour atteindre le ciel, l’ire divine s’abattit sur eux. Dieu interrompit le projet démesuré, brouilla leurs langages et les dispersa au travers du globe.
Clara LeonardMis
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