De grandes œuvres sont nées derrière les barreaux, de François Villon à Jean Genet en passant par Sade, Gramsci, Dostoïevski, Oscar Wilde ou Casanova. Le Théâtre du Saulcy à Metz renouvelle le genre en présentant «Comparution immédiate», avec une mise en scène de Michel Didym et d’après des textes de Dominique Simonnot et de détenus de Nancy et de Toul.
Le tribunal est un théâtre où la parole est reine et c’est bien cette parole qui peut faire glisser d’un côté ou de l’autre du monde des vivants : la liberté sous le ciel ou la réclusion à l’ombre. L’exercice de la justice a lieu sur une scène qui n’a pas toujours la résonance médiatique donnée aux grands procès. Dominique Simonnot, journaliste à Libération, livre dans son ouvrage Justice en France une compilation de ses fameuses chroniques hebdomadaires publiées dans le quotidien à partir de 1998.
Michel Didym et Bruno Ricci se sont intéressés au chemin souvent aléatoire qui conduit du Palais de justice à la prison en accolant ces chroniques à des textes d’écrivains amateurs sur qui le filet s’est refermé. La prison est un lieu de création qu’on a tendance à oublier. Pourtant, de ce qui frappe, dans ces textes recueillis lors d’ateliers d’écriture dans les prisons de Nancy et de Toul, c’est la qualité littéraire d’un lien entre intérieur et extérieur. À l’intérieur, il y a un être humain qui pense ou rêve, une identité qui lutte contre l’anéantissement et la destruction qui le poussent à « se fondre dans la poussière ».
Rien d’idyllique pourtant, ces textes sont un témoignage, pas une dénonciation. Ils posent pourtant la question de la faute et de la punition, d’un système où la violence est reine et qui offre à coup sûr la possibilité de transformer un délinquant en criminel de grande envergure.
Á travers ce spectacle, peut naître un regard différent et l’on doit admettre que la culture est une voie pour guider les espoirs de réhabilitation et d’ouverture au-delà de l’enfermement.
Théâtre du Saulcy. mercredi 9 avril à 20h00.
Université de Lorraine
Espace Bernard-Marie Koltès