Let’s laugh about men, women and mothers in law… !
Il a été révélé par l’émission « On ne demande qu’à en rire » de Laurent Ruquier. Depuis 2008, il se faisait le porte-parole des hommes dans un spectacle intitulé « Très Très haut débit ». Olivier de Benoist dans son nouveau spectacle « Fournisseurs d’excès », défend les femmes.
Pourquoi défendre les femmes après les avoir malmenées ? Parce qu’elles ont beaucoup à se faire pardonner… et j’aime m’occuper des causes perdues ! Ainsi le ton est donné. Dans « Vivement dimanche prochain », l’humoriste invité par Michel Drücker une fois par mois, est comme dans ses spectacles et ses sketches, toujours dans le décalage et l’excès. Il suffit d’écouter « l’enterrement de belle-maman » joué en octobre pour en être convaincu.
On s’indigne joyeusement, et on rit.
Ce sketch est repris dans son spectacle. Moment jubilatoire. Le public rentre dans son univers et les femmes, de se faire complices, même s’il est vrai qu’il les met en boîte. Avec une sauce piquante, un peu de causticité, mais jamais de méchanceté. C’est comme si la gente féminine aimait se faire bousculer par ce gentil macho aristo. Il déteste les machos, nous dit-il, mais adore la mauvaise foi. Il a un style bien à lui et cette façon de rebondir sans cesse sur scène. Il part d’un thème, l’abandonne, glisse sur autre chose, rebondit encore. On le découvre dans un entretien d’embauche ou répondant au téléphone dans ses séquences SOS ODB.
On fait les cent pas avec lui dans une salle d’accouchement. On rit encore de bon cœur dans son jeu « Trivialopoly », qui met en scène femmes et hommes dans un questionnaire déjanté. On le suit encore dans sa réunion de chantier, on partage sa semaine sans électricité, on découvre son journal de bord du président, caustique et mordant. Où nous emmène t-il ? Parfois les vannes sont attendues, mais il arrive à nous surprendre dans cette façon qu’il a de ne pas nous lâcher, de rebondir avec malice, ricocher sur les mots et les jeux d’esprit saupoudrés d’une bonne dose d’ingéniosité.
Comment allez-vous, Olivier de Benoist, à jour J moins quelques heures de votre retour à la Cigale avec fournisseur d’excès ?
Je vais bien! Je suis stressé ce qui est logique puisque dans trois heures je joue la première à La Cigale. Je suis décontracté et en pleine forme, mais j’ai quand même le trac. Ce ne serait pas forcément bon signe de n’être pas suffisamment stressé.
«Fournisseur d’excès» est nouveau spectacle un peu rodé déjà. Vous l’avez testé en province mais aussi au point Virgule. Cela ne vous enlève-t-il un peu de votre trac ?
C’est vrai que je l’ai déjà joué 65 fois en province et au Point Virgule. Mais là, c’est différent. C’est à La Cigale. C est la première vraie date parisienne. Il y a des pros dans la salle et l’ambiance y esttoujours particulière.
Si l’on regarde les critiques, il paraît que ce spectacle est encore meilleur que le premier « Très très haut débit »
C’est ce qu’on me dit et j’en suis ravi parce qu’en général on a tendance à garder une image un peu exceptionnelle du premier spectacle, la première fois que l’on voit quelqu’un se produire. Ma crainte du second spectacle s’est un peu évaporée parce que les gens me disent qu’il est meilleur. Je vois ça un peu comme une suite. Sans aucune prétention. Je pense à la série des Indiana Jones, avec un personnage principal qui vit de nouvelles aventures… il se trouve que le meilleur de la série n’est pas le premier, mais le troisième ! Ici aussi les codes restent les mêmes avec le ODB que l’on connaît, faussement macho, faussement malheureux, qui part un peu comme Don Quichotte à la guerre contre la dictature féminine. Et là où c’est une suite par rapport au premier où je défendais les hommes, c’est qu’ici, je défends les femmes. Cela permet de nouvelles aventures.
Les hommes/les femmes, mode d’emploi… Vous renouvelez comment ce matériau ?
En fait, j’ai constaté que ce thème des rapports hommes femmes, d’une manière générale, est un thème qui fait l’objet de 90 % des spectacles à Paris. Récemment un chroniqueur dans une émission de télévision me disait, gentiment d’ailleurs : « Ne trouvez-vous pas que de parler de la belle-mère c’est ringard? » Comme s’il y avait des thèmes modernes et d’autres qui ne l’étaient pas. Dans les rapports hommes femmes je pense à Sacha Guitry dont on loue tous les bons mots ; c est un homme qui n’a parlé que des femmes dans toute sa carrière. Et à aucun moment les gens ne pensaient qu’il se répétait. Ce rapport homme femme, il y a tant de façons de le traiter.
On peut en faire 15 spectacles, les variations sont infinies. Le thème est intemporel et pourquoi serait-il plus ringard aujourd’hui qu’il ne l’était hier ? On a toujours une belle-mère ! C’est assez étonnant qu’on puisse penser qu’il y a des humours plus ou moins branchés. Ce n’est pas le public qui décide ? Il y a quelques personnes qui décident si c’est branché ou pas ! Quand j’ai commencé à la télé, je parlais de ma femme, de ma belle-mère, en costume noir, avec des textes un peu intemporels et je n’étais peut-être pas branché par rapport aux autres qui avaient un côté plus moderne, mais en fait j’étais ravi de ne pas être à la mode. Être branché, ça veut dire qu’à un moment donné, vous ne l’êtes plus.
Dans certaines émissions où vous êtes invité, on fait votre promo, mais on ne parle pas beaucoup de vous.
Pour être franc la partie la plus intéressante de moi c’est quand même mon spectacle. En terme de vie privée, je ne pense pas que j’ai beaucoup de choses à dire. J’ai lu un article parisien qui me présentait comme un garçon rangé, père de famille. C‘est le cas. Sur scène, je suis un personnage qui fait rire les gens…
Vous avez dit détester les machos, mais adorer la mauvaise foi : elle nourrit quand même pas mal vos sketchs.
Elle est présente dans tous les sketches et c’est ça qui est drôle. Je n’aime pas le terme de misogyne, le mec qui fait des vannes sur les femmes ; je parlerais plutôt de « maladresses extrêmes », je suis plus dans ce cadre là. Ce sont des énormités en fait. Ce n’est jamais méchant alors que le vrai misogyne est assez méchant.
Vous avez 6 frères … cela vous a t-il aidé à être contre les femmes, tout contre, car n’y a t-il pas un peu de Sacha Guitry en vous !
C’est vrai qu’un psy n’aurait pas de mal à comprendre pourquoi je traite le sujet ! J’ai un rapport particulier à la gent féminine. Si j’avais été dans une famille avec 6 sœurs, je pense que je n’aurais pas fait le même spectacle. J’aurais eu un regard particulier sur la gent masculine.
Votre femme est un peu comme celle de l’inspecteur Colombo ! Elle est là avec vous sur scène, mais on ne la voit pas. En tout cas, il paraît qu’elle a beaucoup d’humour !
Le parallèle avec Colombo est excellent ! Je me sens un peu comme Colombo, avec la mère, la 504 et la femme que l’on ne voit jamais ! Je suis moi en costume noir, la main dans la poche, la voix éraillée… et personne n’a vu ma femme, et pourtant je parle tout le temps d’elle, et c’est ça qui est drôle.
Vous me disiez qu’écrire pour la télé, c’est particulièrement dur. L’émission de Laurent Ruquier est terminée. Si on vous demandait de revenir, le feriez vous ?
Pourquoi pas ? Déjà je continue chez Michel Drucker une fois par mois. C’est vrai que j’avais dit que c’était très dur d’écrire pour la télé parce qu’il n’y a pas de préliminaire à la télé. Dans un spectacle, vous pouvez installer un sketch sur les trois ou quatre premières minutes. A la télé, il faut que le rire vienne tout de suite. Du coup, avec mon ami Vincent Leroy, mon co-auteur, on a une efficacité dans le spectacle différente de celle de la télé. Un des commentaires que l’on fait le plus du spectacle justement, c’est de souligner le nombre de rires qu’il y a dans « fournisseur d’excès ». On cherche à avoir une efficacité redoutable !
Est-ce que ce spectacle est toujours aussi interactif que le premier ?
Il est interactif, mais je dirais qu’il est plus joué que le premier. Il est mieux construit. Le premier, c’est comme un mille feuilles. Une compilation des relations hommes femmes, le mariage, les droits de l’homme etc.… là vous avez un fil directeur. Pour les gens c’est plus agréable, car ils sentent que c’est plus écrit et plus joué que le premier.
L’interactivité, je trouve cela sympa, mais faire monter des gens sur scène, j’en suis un peu revenu. Ce qui peut être dangereux dans ce genre de situation, c’est que la qualité de la scène dépend aussi de la réactivité de la personne invitée. Elle est mise en porte à faux et la réussite ne dépend plus de vous. Je l’ai beaucoup fait, mais c’est trop aléatoire. Par contre, faire participer les gens dans la salle, cela marche toujours. Il s’agit d’une interactivité avec le public, en général.
Pétra Wauters
Fournisseur d’excès à La Cigale 120 Boulevard de Rochechouart, 75018 Paris
les 29, 30 et 31 décembre pour les toutes dernières dates parisiennes de ce spectacle !
WUKALI 02/12/2015
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