The foul political smell after Bastille Day massacre in Nice


J’appelle cela faire du[** commerce*] sur le dos des morts. C’est indécent. Indigne. Le [**cancer de la démocratie*]. Après l’attentat de[** Nice,*] les polémiques ont vite remplacé les hommages et les appels à l’unité nationale.

Les[** pouvoirs*], politiques et médiatiques, sont largement responsables de cet état de fait ; complices de cette montée du « populisme » que pourtant ils fustigent régulièrement. Détestable schizophrénie.

La rumeur et la haine sont ainsi nourries. Pourquoi ? Peut-être parce que la[** liberté,*] nos libertés démocratiques ne vont pas sans la [**responsabilité*] de ceux qui doivent les mettre en oeuvre. On ne peut pas réfléchir dans l’emballement des émotions et des préjugés, lesquels, par essence, dominent toute forme de raison. Et dès lors que, précisément, cet élan dégorge à longueur d’articles de presse, de reportages audiovisuels, de twitt et d’interactivité sur les réseaux soi-disant « sociaux« , il y a quelque chose de pourri au royaume des idées démocratiques.

Olécio partenaire de Wukali

Pour faire société, nous devons – tous et chacun – respecter quelques principes et valeurs, surtout en période de tempête, surtout quand « la guerre contre le terrorisme » – belle invention pour tirer des grosses ficelles – menace la cohésion républicaine.

En démocratie, les Institutions et le Droit sont le langage de la communauté humaine. Sous le contrôle du législateur qui fait évoluer ce langage.

Le** dernier dérapage collectif*] en date montre que, de ce point de vue, des barrières ont sauté. Un procureur de l’antiterrorisme a pris l’habitude de lâcher imprudemment des infos, pas forcément fiables, avant même les conclusions factuelles de l’enquête ([lire ce portrait de François Molins dans Libération, en décembre dernier) ; des élus balancent leurs adversaires du camp d’en face pour assurer leur « buzz » et leur carrière personnels ; et des médias, soumis à la loi implacable de l’audience, assurent le relais de la panique tout en déplorant la montée des incompréhensions, à laquelle ils participent. Ecoeurant commerce de la médiocrité. Irresponsabilité partagée.

Le dernier exemple en date est cet article du Figaro qui relate l’émotion des agents municipaux de Nice lorsque la Justice leur ordonne de détruire des enregistrements de vidéosurveillances ayant précédé l’attentat. On peut comprendre cette émotion personnelle dans le contexte. Mais l’article insiste sur la « sidération » et « la surprise », laissant entendre que les faits et la procédure normale sont plus suspects que le travail de l’enquête. Joli coup ! Merci le Figaro. C’est sûr que les ventes sont dopées. Mais il n’y a pas qu’elles.

Les [**théories du complot *] peuvent remercier la formidable « liberté de blâmer » dont le journal ne manquera pas de se targuer, au mépris de la déontologie et de la présentation honnête des faits.

La vérité – la petite vérité, la relative – c’est que des destructions de vidéosurveillance à caractère sensible sont ordonnées régulièrement (et conformément à la Loi), dans la plupart des enquêtes criminelles, lorsque les services judiciaires ont fini d’exploiter les données pour mener l’instruction. C’est le cours normal de la Justice. Cette prévention permet effectivement d’éviter le vol et le recel éventuels de données réservées à l’enquête.

L’affaire niçoise n’est pas une broutille. Car la [**haine*] (le mot est-il trop fort ?) entre la collectivité sudiste et le niveau gouvernemental est si palpable que ce type d’informations fusent et enflent aisément la sphère médiatique. A la lecture complète de l’article, on remarque toutefois que le Figaro nous rappelle le cadre légal. Mais sans l’éclairer. Sans recul. Bref, le mal est fait.

[**Finalement, à qui profite ce délire collectif ?*]

Aux idéologues, de tous poils, qui peuvent tranquillement gober leur part du monstrueux gâteau, en faisant adhérer la « foule », laquelle « souvent trahit le peuple« , pour reprendre la formule de [**Victor Hugo.*]

[**Laurent Watrin*]
Journaliste à Radio France


WUKALI 22/07/2016
*Courrier des lecteurs *] : [redaction@wukali.com
Illustration de l’entête/ Emil Nolde (1867-1956). Nature morte aux masques, 1911, 74 X 78, Kansas City, Nelson Gallery of Art, Atkins-Museum


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