Leonardo’s aborted trials in statuary art
On imagine bien qu’un génie universel touche-à-tout comme [**Léonard de Vinci (1452-1519) *] ne pouvait que s’intéresser à l’idée de la statue équestre. Ce fut même le motif officiel de sa venue à [**Milan*], vers [**1482*].
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**Le Cheval Sforza
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Cette année-là, [**Ludovic Sforza *] dit « le More », usurpateur du titre de duc de Milan suite au meurtre de son frère aîné, chargea Léonard d’un travail unique : ériger la plus grande statue équestre au monde, un monument en l’honneur de son père [**François Sforza*], duc de 1452 à 1466, fondateur de la dynastie du même nom, tout au moins l’espérait-il…
Vers 1485, sa première vision de l’œuvre montre un cheval maîtrisé portant un cavalier dynamique. Sous le sabot avant droit du destrier, un soldat ennemi vaincu qui rappelle le nom des Sforza signifiant « force ».
Chaque ébauche était représentative d’une partie parfaite de l’animal. Il en utilisa les plus célèbres pour leur beauté (beau cou, belles cuisses, etc…). Il sélectionnait les meilleures « parties » des divers chevaux pour obtenir le « cheval idéal ». Dans de telles conditions, on imagine aisément la difficulté de la synthèse : elle devenait impossible.
Son objectif réel était de dépasser tout ce qui c’était fait avant lui( Gattamelata de [**Donatello*], Colleone de [**Verrocchio*], [**Marc-Aurèle*] antique) : le « cheval Sforza » était supposé dépasser les 7 mètres de hauteur, posé sur les membres postérieurs en position cabrée. C’était quelque chose que personne n’avait jamais tenté de toute l’Histoire de la sculpture. L’artiste dessina un nombre incroyable de feuilles de croquis d’anatomie, l’œuvre maturant doucement dans son esprit. Par exemple, il prévoyait cent tonnes de bronze pour sa fusion. Comprendre la lassitude de Ludovic devient facile…
L’étude dura 16 ans, puis la construction du modèle complet en argile fut achevée en [**1493*]. Exposée publiquement dans la cour de la forteresse de la ville, ce cheval colossal reçu l’approbation de tous ceux qui le virent et l’artiste réalisa les moules pour la fonte.
Malheureusement, le métal prévu sera utilisé pour fabriquer des canons qui devaient servir à la défense du duché d’Este envahi par les troupes françaises du roi[** Louis XII*].
**[**Le monument Trivulzio*]
Lors de son retour à Milan, vers 1510, Léonard a conçu un deuxième monument équestre qui n’a jamais été réalisé. Il s’agissait du monument funéraire du [**Maréchal Gian Giacomo Trivulzio*], mercenaire au service des Français. Prévue également en bronze, ce qui requérait de remarquables « capacités technologiques », dans le sens où l’entendait la Renaissance, que ne possédait pas l’artiste, elle ne dépassa jamais le stade du dessin.
Une feuille conservée à [**Windsor*] est explicite : sur un important piédestal classique en forme de cénotaphe creux conservant un monument funéraire, cerclé de quatre sculptures adossées aux angles, la statue équestre se dresse sur les deux pattes arrières du destrier, tandis que les pattes avant balayent l’air, semblant indépendantes de toute poussée, ce qui est faux : un ennemi vaincu implorant la grâce du vainqueur sert de soutien au cheval portant un cavalier de grande taille. Peut-être même trop grande si l’on en juge par l’échelle du dessin. Le cavalier paraît avoir tourné la tête vers l’arrière, il hurle l’ordre d’assaut à ses subordonnés. Un bras vers l’avant paraît indiquer la direction à prendre pour charger l’adversaire. C’est une allégorie très claire de ce qu’aurait du être le monument à ce Condottiere…Le cheval hennit, crinière au vent.
Le mouvement vers l’avant étant souligné par le redressement de la course de l’animal.
Pourquoi cet échec de Léonard ? Comme indiqué précédemment, l’artiste se dégoutait facilement des travaux qu’il entreprenait, après quelques temps. Son incapacité à terminer ses créations l’emportait sur tout le reste. Peu lui importait le résultat, seule comptait la démarche intellectuelle et le raisonnement, nécessaire mais pas suffisant, qui en découlaient.
Une autre raison a causé cette faillite d’un des plus célèbres génies de l’Histoire Universelle : la limitation des moyens techniques que connaissait la Renaissance. Inventer une statue équestre dont le poids repose uniquement sur les membres inférieurs de la bête était hors-de-portée de cette période, même pour Léonard qui s’en rendit parfaitement compte. Alors, finir devenait impossible…
Malgré tout, les idées de notre génie restèrent dans l’air de la statue équestre…Jusqu’au jour où la technique de fonte s’améliora suffisamment pour qu’un autre tente l’aventure…Un exemple ? [**Falconet*] avec son [**Pierre Le Grand*] de Saint-Petersbourg...
[**Jacques Tcharny*]
[* À suivre… *] prochain article: [**la statue équestre de Philippe IV par Pietro Tacca*], parution prévue : Jeudi 18 août
Récapitulatif des articles déjà parus dans cette étude de Wukali sur la statuaire équestre
–[** Les Chevaux de Saint Marc*]
– [**Donatello: Le Gattamelata*]
– [**Verrochio : Le Colleone*]
WUKALI 12/08/2016
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