Another famous sculptor under Louis XIV’s reign


[**Antoine Coysevox *] (1640-1720), originaire de Lyon, est l’un des plus importants sculpteurs du temps de [**Louis XIV*]. En 1698 [**Jules Hardouin-Mansart,*] surintendant des Bâtiments du roi, lui ordonna un groupe de deux statues équestres individuelles, en marbre, glorifiant « la Renommée du roi ». On utilisa des blocs de Carrare qui furent travaillés en 1701/1702. Ils furent placés à l’entrée du parc de Marly en 1702 mais, dès 1719, on les installa dans les jardins des Tuileries, côté place de la Concorde alors appelée place Louis XV. Ils rentrèrent au musée du Louvre en 1986. Ils portent une inscription sur le rocher à la base prouvant la fierté ressentie par Coysevox au regard des œuvres finies  :
«Antonius Coysevox Lugd.Scul.Reg.Fecit.1702/ Les deux groupes ont été faits en deux ans»

Notons que le sculpteur inventa les modèles car il ne travaillait pas sous la direction du premier peintre [**Charles Le Brun*] (1619-1690), ni sous celle de l’architecte [**Jules Hardouin-Mansart*] (1646-1708), ordonnateurs successifs de la politique artistique du monarque.

Bien entendu la composition reste fidèle à la pensée du souverain pour qui harmonie, mesure, équilibre et vue frontale dominent mais les groupes sont dynamiques, bien posés dans l’espace comme sur les trophées qu’ils piétinent. Les cavaliers sont en position instable mais parfaitement d’aplomb, leurs montures cabrées. Cette inflexion baroque, avec recherche du grandiose en plein cœur d’une époque classique, montre également une nette évolution du goût royal au temps de sa vieillesse, ce qui caractérisait le château comme le parc de [**Marly*], aujourd’hui disparus. L’influence de [**Madame de Maintenon*] a sans doute jouée sur l’esprit de Louis XIV dans le domaine artistique comme ailleurs.

Olécio partenaire de Wukali

Leurs dimensions sont : 315 x 291 x 128 cm. Leurs réalisations furent d’authentiques prouesses techniques par leurs dimensions : les plus grandes jamais créées en France avec d’aussi gros blocs de marbre, par leur rapidité d’exécution : deux ans ce qui signifie que tout les membres de l’atelier y collaborèrent et par la qualité du travail du matériau, du au ciseau d’assistants compétents. On fit même appel aux découvertes d’un immense savant de l’Antiquité que l’on étudiait à l’époque : [**Archimède,*] pour ses travaux sur le centre de gravité.

Les deux groupes sont taillés dans des blocs uniques, sans le moindre raccord, avec percement de la masse pour dégager les chevaux et tous les éléments faisant saillie. La densité du marbre (environ 3,3) nécessitait la présence de sections porteuses sous le ventre du quadrupède, ici elles sont habilement cachées sous des motifs réalistes : bouclier, casque, armure, lances, fleurs…Il faut saisir que le marbre est une roche très fragile qu’un choc moyen suffit à casser, ce que l’artiste savait fort bien. Mais il a pris le risque, payant ici, de détacher des parties particulièrement fines comme la trompette de la renommée (tige effilée) ou le caducée de Mercure (avec ses nombreuses circonvolutions), tous deux soutenus par les bras droits dressés de l’une et de l’autre.
Ces sculptures sont des allusions aux « succès du roi » qui, en cette période difficile du règne, sont de pure rhétorique. Elles suivent la signature de la[** paix de Ryswick*] de [**1697*] : la France était supposée gagner la prospérité… Nous savons que ce ne fut pas le cas longtemps ! |center>

Le parc du [**château de Marly*] devait recevoir un décor statuaire qui aurait dépassé celui des jardins de[** Versailles*]. Les événements, c’est-à-dire la politique d’agression et d’expansion voulue par l’autocrate Louis XIV, en décidèrent autrement : l’argent vint à manquer avec la déclaration de la nouvelle guerre, celle de la Succession d’Espagne.

La Renommée comme Mercure chevauchent le mythologique cheval ailé Pégase, considéré comme indomptable mais maîtrisé ici par «  la puissance du Roi-Soleil »…La première sonne de la trompette pour annoncer un nouveau triomphe des armées du monarque. Au pied du cheval apparaît la peau du lion de Némée : un des douze travaux d’Hercule, personnage légendaire à la force incomparable auquel Louis XIV était fréquemment associé, mais aussi symbole transparent de victoire militaire. La tête ceinte de lauriers, un rameau d’olivier à la main gauche, elle sonne la vérité. Le bouclier des trophées est sculpté d’une Victoire ailée avec palme et couronne. La tête de l’animal est un peu petite, rapportée à son corps. Sa queue revient sur une jambe, accentuant la solidité de la construction. Les ailes du destrier mythique bien placées permettent une remarquable assise à la figure de la Renommée dont les jambes pendent dangereusement vers l’extérieur. La sculpture dépasse la longueur de sa base de marbre, son élaboration fut donc plus complexe que dans le cas contraire. La finesse des détails, travaillés très précisément, est surprenante pour l’époque : que l’on observe les drapés de la Renommée, les plumes des ailes, la crinière, la queue et les veines que montrent le cheval.

Quant à lui, Mercure dirige Pégase. Messager de Jupiter, dieu universel, il est aussi le protecteur du commerce et allégorie des bénéfices de la paix. Son cheval foule une colonne de végétation et d’armes, des trophées parmi lesquels un bouclier qui « parle » de la guerre de succession d’Espagne avec le portrait de [**Philippe V*] dans les bras de Minerve, déesse guerrière qui le montre aux Espagnols. Son visage est assez peu expressif, lui conférant une certaine douceur, tandis qu’il paraît sur le point de tomber au sol tellement son équilibre est aléatoire. Mais, lui aussi, est parfaitement retenu par les ailes sur lesquels il est assis. Il tient des rênes dans la main gauche, le cheval montrant une bouche plus ouverte que celui de la Renommée. Sa queue rebique vers le haut pour se relier au corps, chaque touffe de poils étant individualisée par un magnifique traitement à l’outil ( le trépan et le forêt). Le manteau du dieu flotte au vent. Il porte haut son caducée. Sous le ventre, des veines sont apparentes. Les ailes du pied gauche de Mercure sont visibles et…Toujours intactes ! A l’instar de la Renommée, la sculpture déborde aussi de sa base.

On ajoutera que les deux statues équestres font référence aux « Métamorphoses » d’Ovide , ce long poème latin du temps d'[**Auguste*] :

 «Il est au milieu de l’univers, entre la terre, la mer et les régions célestes, sur les limites de ces trois mondes, un lieu d’où l’on voit tout ce qui se passe dans ces pays, même les plus éloignés… C’est là qu’habite la Renommée… Elle voit par elle-même tout ce qui s’accomplit dans le ciel, dans la mer et sur la terre, elle surveille l’univers entier». Ovide, Les Métamorphoses (chapitre XII, la Renommée).

[**Jacques Tcharny*]


[* À suivre… *]le 10ème article de cette série : [**Guillaume Ier Coustou. Les chevaux de Marly |right>*], parution prévue : Jeudi 15 septembre 2016


Récapitulatif des articles déjà parus dans cette étude de Wukali sur la statuaire équestre

[**Marc Aurèle*]

[** Les Chevaux de Saint Marc*]

[**Donatello: Le Gattamelata*]

[**Verrochio : Le Colleone*]

[**Leonard de Vinci : Le cheval Sforzza et le monument Trivulzio*]

[**Pietro Tacca : la statue équestre de Philippe IV*]

[**Bernin. Louis XIV en Marcus Curtius*]

[**Girardon. Louis XIV à cheval*]


WUKALI 09/09/2016
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