An impressive and famous pianist and conductor
[**Christian Zacharias*] fut durant treize années directeur artistique et chef principal de l’[**Orchestre de Chambre de Lausanne*]. Qu’il mène à la baguette ses musiciens ou qu’il se dédie au piano, c’est toujours avec le même plaisir que l’on retrouve Christian Zacharias, un pianiste hors pair. Le public du Grand Théâtre de Provence à Aix a savouré son plaisir le vendredi 5 novembre. Au programme: Ludwig van Beethoven Sonate pour piano n°27 en mi mineur, op. 90, Sonate pour piano n°30 en mi majeur, op. 109. Franz Schubert Sonate pour piano n°4 en la mineur D. 537 et de Robert Schumann les Davidsbündlertänze, op.6
Il dirige son piano comme on dirige un orchestre, et sa relation avec son instrument nous enchante et nous impressionne tant il fait corps avec lui. On pourrait dire qu’ensemble, ils forment un couple fusionnel, et ce ne serait pas trop fort. Nul doute, jouer du piano est pour lui un bonheur de tous les instants. On oublie les mains du musicien, ses mains qui, une fois hors du clavier semblent presque l’embarrasser. Elles virevoltent et planent au dessus des touches, et semblent planer encore, lorsque le concertiste nous salue avant de regagner brièvement les coulisses. Il n’y reste pas, du reste, comme aimanté par la scène, il revient, semble découvrir, vaguement, que nous sommes là, dans la salle. Son regard est « ailleurs ». Il ne nous parle pas, ou si peu. Il communique par sa musique, et un tel partage est déjà prodigieux. En silence, il s’assoie promptement devant le clavier, et ses mains l’entrainent de nouveau dans l’aventure musicale. Admirable ce rapport de Christian Zacharias au clavier et on ne doute pas un instant que jouer est sa raison d’être. Il est dans sa bulle. Pourrions-nous dire qu’il est Le Piano ?
Tout est équilibre. Déjà, le jeu, nous en parlions, sans théâtralité, sans artifice. Harmonie encore dans le choix du programme entre romance et contemplation, chez [**Beethoven*], poésie chez [**Schubert,*] audace et modernité chez [**Robert Schumann*]. Sonorité magique de bout en bout.
[**Christian Zacharias*] n’est-il pas l’un des interprètes privilégiés de l’œuvre du musicien romantique allemand, poète, passionné ? Si Schubert a mis tout son talent, son énergie et son âme pour traduire en musique les poètes, c’est une page de bonheur (tourmenté il est vrai) que nous livre le pianiste dans ses pages et la poétique de Zacharias de rejoindre joliment celle de Schubert. Il reste sur son terrain de prédilection avec, dans ce parcours romantique allemand, Beethoven. Le pianiste nous fait entrer dans cet univers qu’il aime et qu’il décrit si bien. On s’émerveille là encore de voir à quel point il sait rendre limpide ce texte avec cette simplicité admirable qui le caractérise. Pour les moments passés avec Schumann, notre cœur balance entre Eusébius et Florestan, des morceaux différents qui révèlent la double personnalité du compositeur et que là encore, Zacharias traduit à merveille. On découvre sous son doigté Eusébius calme et silencieux, replié sur lui même, rêveur, et Florestan, fougueux, généreux et passionné.
Entre retenu et excès. En effet, le toucher est maitrisé, presque pudique, mais l’émotion surgit comme par magie, enveloppante, souveraine. Cette distance et cette retenue génèrent pourtant tellement d’émotion. Il sait encore avoir une approche déterminée et expressive, sans agressivité. Christian Zacharias est un interprète authentique, comme tous les vrais interprètes, il est fidèle à lui-même.
Il nous offre deux rappels, l’ Arabesque de Schumann, une magnifique sonate de Scarlatti. Quelle que soit la partition, le jeu de Zacharias paraît si limpide et raffiné. Un concert d’une belle évidence.
[**Quelques dates de concerts*]
[** Boulogne sur mer*], jeudi 17 novembre 2016 Théâtre Municipal
vendredi 16 décembre 2016, dimanche 15 janvier 2017
[**Valenciennes*], vendredi 18 novembre 2016, Le Phenix
[**Paris*], samedi 4 mars et dimanche 5 mars 2017 Philharmonie de Paris
Plus d’information sur Christian Zacharias
Christian Zacharias est un musicien à part entière, qui a accumulé les casquettes de pianiste classique, chef d’orchestre, directeur de festival, écrivain et musicologue… C’est avant tout en tant que pianiste que Christian Zacharias se fait connaître, à travers des récitals et des concerto partout autour du monde.
Puis, au début des années 2000, le musicien s’est intéressé à la direction d’orchestre, et a pris la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, avec lequel il a pratiqué de multiples enregistrements, récompensé par des Chocs de la musique et un Diapason d’Or.
Par la suite, Christian Zacharias a dirigé les plus grands orchestres classiques du monde, à commencer par le Gothenburg Symphony Orchestra, puis le St Paul Chamber Orchestra et le Los Angeles Philharmonic Orchestra.
La carrière de Christian Zacharias a été récompensée de plusieurs prix, notamment le Midem Classical Award d’Artiste de l’année en 2007. L’artiste a été nommé Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministère français de la culture.
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WUKALI 21/11/2016
Illustration photo : MarcVanappelghem.