The obscure strategic thought of Donald Trump

Avant l’élection américaine de novembre, beaucoup de mal avait été dit de [**Donald Trump*]. Depuis, du fait que le président élu s’occupait surtout de politique intérieure, n’apparaissait vraiment que son tempérament : impulsif, velléitaire et ne supportant pas la contradiction. Le dernier événement de [**Syrie*], le bombardement américain sur une base aérienne d'[**Assad*], oblige à un recentrage de la pensée des commentateurs et à une actualisation de la géopolitique mondiale.

La défaillance d'[**Obama*] en [**2013*], par son refus d’une intervention pour détrôner le dictateur syrien, bourreau de son peuple, a permis à[** Poutine*] de pousser ses pions au [**Moyen-Orient*].

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Il faut bien comprendre le peuple russe : pour lui rien ne peut être supérieur à l’âme russe, parangon de toutes les vertus. Il est triste que la [**Russie*] refuse d’accepter d’être ce qu’elle est : un grand pays européen respectable, avec ses traditions, sa culture, son histoire tragique ( nul n’oublie les sacrifices terribles consentis par les Russes pour vaincre la barbarie nazie), ayant toute sa place dans le concert des nations où sa voix serait écoutée et entendue. Sans cette volonté de domination mondiale viscéralement ancrée, ni ce sentiment d’être un peuple béni supérieur aux autres.

Les Occidentaux, malgré leurs bonnes paroles de condamnation, n’ont été au-delà que rarement : suite à l’aventure ukrainienne de l’autocrate, les sanctions économiques contre la[** Russie*] commencent seulement à se faire sentir. Mais ne nous trompons pas : elles peuvent gêner Poutine, elles ne l’arrêteront pas. Il dispose de réserves naturelles exceptionnelles ( gaz, pétrole…) qui ont servi à apurer toutes les dettes accumulées à la fin de l’époque soviétique, sous [**Gorbatcheff*] notamment.

Résumons les objectifs du maître du Kremlin : tout le mal venant de la chute de l'[**URSS*] il faut, tant que faire se peut, reconstituer «  l’Empire soviétique ». La vassalisation des anciennes [**républiques d’Asie centrale*] et de l'[**Arménie,*] le démembrement de la [**Géorgie*], le découpage progressif de l'[**Ukraine*], l’intronisation d’un fantoche dictateur en [**Biélorussie*], voire l’arrivée au pouvoir d’ « amis compréhensifs » en [**Moldavie*] marquent les étapes principales de cette reconquête. Maintenant Poutine lorgne vers les pays baltes, membres de l'[**OTAN*] et de l'[**Union Européenne*], qui ont compris le danger en rétablissant le service militaire obligatoire… Curieusement, les Suédois aussi ! Quant à l'[**OTAN*], qui organise des manœuvres en[** Pologne*]… C’est bizarre cette « volonté belliciste » des occidentaux, non ?

La politique de Poutine est très simple : tout ce qui est à moi est à moi, tout ce qui est à toi est négociable ! Seul existe pour lui le rapport de force. Imaginer autre chose c’est, au mieux, faire preuve d’une naïveté coupable et, au pire, être d’une lâcheté complice. Le reste n’est que poudre aux yeux.

Quant à ce que Poutine devienne un allié dans la lutte contre le terrorisme, c’est un leurre : il dira oui si cela l’arrange dans une situation donnée, mais cette « collaboration » s’arrêtera à ses intérêts. Connaissez-vous la fameuse définition de la tactique russe dite du « salami » ? Autour de la table les convives partagent un magnifique salami. Si l’un d’entre-eux prend un trop grosse part, les autres vont hurler. Alors on découpe le salami en petits morceaux très fins et le plus malin va en manger beaucoup mais les autres n’y feront pas attention, jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien dans l’assiette…

Alors la [**Syrie*] ? L’aide russe a été une bénédiction pour [**Assad*] car, sans cela et malgré l’apport de l’I[**ran*] et du [**Hezbollah libanais,*] c’était la défaite garantie. Poutine a donc sauvé le boucher local. Lequel s’est donc cru tout permis en allant jusqu’à gazer sa population, malgré l’engagement russe de lui supprimer les armes chimiques, non tenu évidemment ! Et que l’on ne prétende pas à l’innocence d’Assad : les gaz utilisés sont d’une fabrication spécifique et d’une efficacité qui dénonce le régime de [**Bagdad*].|center>

On disait [**Trump*] subissant un chantage de [**Moscou*]. On racontait son amitié «  virile et indéfectible » avec le maître du Kremlin qu’il admirait, parait-il. Alors s’est produit l’impensable : le bombardement de l’aérodrome d’où sont partis les Migs ( encore un armement russe, incroyable n’est-ce pas?).

Nul ne connaît les raisons authentiques de cette réaction américaine, inattendue, inespérée, qui bouleverse la donne régionale et mondiale. L’action politique de Trump est à l’image du personnage : imprévisible. Les motifs réels de cette intervention doivent être liés au complexe militaro-industriel et à l’ego surdimensionné du personnage.
Il n’en demeure pas moins que Poutine n’a rien vu venir, son bras meurtrier Assad non plus. Les voilà pris de court, stupéfaits et ne sachant comment réagir autrement qu’en paroles à la tribune de l'[**ONU*], le veto russe y empêchant toute décision, démontrant la complicité de Moscou avec le tyran régnant à Damas.

Le « shérif » Trump va-t-il vraiment mettre de l’ordre dans cette ville sans foi ni loi qu’est devenue la planète ? C’est improbable : il a d’autres préoccupations, d’abord faire gagner beaucoup d’argent à son entourage. Ensuite un peu aux américains de toutes les classes sociales et préparer sa ré-élection.

Mais, et c’est toute la différence, l’Amérique est revenue dans le jeu international dont elle s’était éloignée. Maintenant, chacun sait qu’il peut subir les foudres de l’étrange contorsionniste de la Maison-Blanche. Nul n’est à l’abri : Assad, Poutine et consorts devront désormais tenir compte de ce nouveau paramètre, que cela leur plaise ou non.

Le premier qui devrait se méfier, c’est le fou de [**Pyongyang*]. Ce maniaque atteint de délire paranoïaque qui veut, à tout prix, sa bombe atomique pourrait bien, s’il continue ses excentricités militaires, et il n’y a aucune raison pour qu’il arrête, se retrouver dans l’œil du cyclone. L’avenir dira ce qu’il en sera…

Poutine est furieux : il vient de découvrir qu’il n’est pas le seul décideur planétaire. La leçon portera soyons-en sûr. Nul ne peut prévoir ce que sera demain mais une certitude est nouvelle : demain ne ressemblera pas à aujourd’hui.

[**Alain Fabre*]|right>


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WUKALI 09/04/2017

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