This musical program at Aix Easter Festival is a pure feast

Vendredi 14 avril 20h30 : Le public du grand Théâtre de Provence retient sa respiration, dans un silence respectueux il attend une Passion de Bach. Nous sommes nombreux à les aimer, les Passions de Bach, monuments absolus de la musique sacrée, et si nous croyons les connaître, on est souvent surpris, étonné de découvrir des versions si différentes. Quelles émotions pour cette Passion selon saint Matthieu sous la conduite de [**Philippe Herreweghe*],ce grand connaisseur de [**Jean-Sébastien Bach*] , et avec les solistes et le Collegium Vocale Gent !

Version 1999 dirigée par Philippe Herreweghe avec Ian Bostridge, Franz-Josef Selig, Sibylla Rubens, Andreas Scholl, Werner Güra. Harmonia Mundi

Olécio partenaire de Wukali

Attentif, le public suit des yeux le premier violon qui se déplace d’un musicien à l’autre, et après des accords longs et minutieux tout l’orchestre résonne et est enfin accordé. Le chef d’orchestre et chef de choeur belge, [**Philippe Herreweghe*],fait son entrée. On est d’emblée séduit par sa personnalité discrète, chaleureuse. L’homme est modeste, sympathique, mais dès qu’il dirige, il est habité par une telle passion vibrante et sincère qu’il magnétise le public. Et c’est une fascination d’autant plus forte, que cette musique est tout à la fois, entre douleur et émerveillement, si triste et apaisante. Elle nous console, en effet, même si c’est de la mort dont il est question. Et que l’on soit chrétien ou pas, ces passions n’ont jamais cessé de toucher les cœurs des hommes. Le chœur d’introduction est majestueux. On peut le préférer à celui de Saint Jean, qui nous plonge « dans les ténèbres ». Celui-ci est somptueux ainsi chanté et on prend toute la mesure de ce qui va suivre. Double chœur et double orchestre sur scène, un premier chœur répond au second, composé des fidèles qui s’interrogent. Ils exposent le récit évangélique et l’on peut suivre la traduction en simultané sur un tableau – à moins que l’on ne craigne de perdre une part de la beauté de l’œuvre à vouloir lire cette version simplifiée. A chacun de choisir. Les deux orchestres et deux chœurs dialoguent joliment. Les deux chœurs qui se rejoignent dans les chorals font partie des moments les plus forts. On retiendra encore la prestation de [**Florian Boesch*], qui incarne un Jésus « divin », sa voix de basse est superbe. Même poussée avec force, elle reste claire, et toujours juste dans l’aigu comme dans le grave. Très apprécié aussi du public qui l’applaudira chaleureusement, le contre-ténor [**Damien Guillon*], qui nous offre une partition empreinte d’émotion. La soprano [**Dorothée Mields*] fait dans la douceur et on n’oublie pas encore [**Alex Potter*], merveilleux contre-ténor, ainsi que le jeune ténor [**Reinoud Van Mechelen*] qui s’illustre à maintes reprises. Il serait juste également de citer encore l’évangéliste, [**Maximilian Schmitt*], au diapason. Ils sont tous bons, assurément, [**Philippe Herreweghe*] sait s’entourer de solistes de haut niveau. il est de ces chefs d’orchestre et chefs de choeurs qui gardent un contact très direct avec la voix, la conduite de la ligne vocale en général, et tout cela en gardant une belle souplesse d’exécution. Le chœur se livre, ruisselle sous une riche texture orchestrale, et le récit de se glisser en nous. On apprécie toujours également tout ce travail fait avec les instruments d’époque aux sonorités inégalables. Belle ovation à ce propos à la musicienne qui jouait de la viole de gambe et nous offrait de belles émotions. Applaudissements enthousiastes d’un public sous le charme, qui s’est levé comme un seul homme pour une émouvante « standing ovation ».

[**Pétra Wauters*]|right>


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WUKALI 17/04/2017
Illustration de l’entête: Phillippe Herreweghe ©Caroline Doutre

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