A master piece in sculpture originated from the story of a hero of the Trojan war

  • Rappelons que la légende mythologique de [**Laocoon*] (en grec ancien Λαοκόων) est racontée par [**Homère*] dans l’Iliade: Laocoon est un Troyen, un prêtre de Poséidon qui met en garde ses compatriotes contre le cheval de bois abandonné par les Grecs (Timeo danaos et dona ferentes d’illustre mémoire, Je crains les grecs, même lorsqu’ils apportent des présents).

Deux serpents monstrueux sortent alors de la mer, se jettent sur les deux fils de Laocoon qu’ils massacrent, puis sur le prêtre qui se précipitait au secours de sa progéniture. Les Troyens, effarés et croyant avoir à faire à la vengeance d’Athéna outragée, décident alors de faire entrer le cheval à l’intérieur de l’enceinte… La suite est connue !

Il s’agit d’une sculpture antique conservée au musée du Vatican. Le groupe est constitué de 8 blocs de marbre réunis. L’ensemble mesure 242 cm de hauteur pour 160 cm de largeur. Le marbre constitutif est italien, à grains fins. De ce fait, la statue est une copie d’un original grec d’époque hellénistique, adaptée au goût romain par des sculpteurs grecs.

Olécio partenaire de Wukali

Le sujet en est l’augure troyen [**Laocoon*] et ses deux fils attaqués par des serpents monstrueux, scène démonstrative brossée par l’Odyssée et l’Enéide. La vérité oblige de dire que l’effet spectaculaire produit est plus celui de la visions des nœuds des anneaux des reptiles que des ophidiens eux-mêmes. Pour bien saisir la scène, le spectateur doit la regarder de face : elle est orientée en fonction d’un seul point de vue, la composition est frontale. |left>

Selon [**Pline l’Ancien*], elle fut conçue par trois sculpteurs grecs de l’école rhodienne : [**Agésandros, Polydoros*] et [**Athénodoros*]. Sa date de création oscille, suivant les experts, entre le milieu du premier siècle et celui du deuxième.

Le groupe a été découvert à Rome le 14 janvier 1506, sur l’emplacement de la légendaire « Domus Aurea » de [**Néron*] en présence de [**Michel-Ange*], à qui l’architecte [**Giuliano de Sangallo*] avait demandé de l’accompagner. Ce qui fit, et fait encore, fantasmer bon nombre d’historiens d’art : le Florentin avait réalisé quelques « faux antiques », vendus très cher à des amateurs tellement ils étaient d’une qualité supérieure. Certains voulurent, coûte que coûte, que cette œuvre soit une des falsifications de l’artiste. Naturellement, il n’y a rien de vrai dans cette affabulation. La sculpture trouvée était incomplète : manquait le bras droit levé, qui ne fut reconnu qu’en 1905 et remis en place en 1957/60, ainsi que la main droite des deux fils.

La maîtrise technique des trois créateurs apparaît évidente : recherche du détail presque excessive, musculature démonstrative, fascination de l’anatomie, goût démesuré du « pathos » caractéristique de la période hellénistique. Le sujet semble saisi dans l’instant, possédé d’une dramaturgie violente par l’expressionnisme exacerbé des visages souffrants, aux yeux exorbités, à la bouche ouverte. Les muscles, dans une tension paroxystique, essayent de rompre l’enchaînement des nœuds des serpents. Nous devinons immédiatement qu’ils échoueront dans cette tentative désespérée. Laocoon et ses fils apparaissent terrorisés, vaincus, meurtris, torturés, au physique comme au mental. Les serpents, adroitement utilisés, sont des liens qui soutiennent l’équilibre de la composition, naturellement limitée par la densité du marbre. Un sentiment de fatalité s’empare alors du spectateur compatissant : qui peut échapper à l’emprise des dieux ? Ce qui accentue l’aspect «  baroque » de la sculpture. L’allongement des jambes des personnages est typiquement baroque, les veines y sont visibles et la délicatesse du modelé de la peau, des os et des muscles vraiment exceptionnelle sur l’abdomen. Un réalisme parfait imprègne le Laocoon. Ses enfants ont reçu un traitement moins poussé dans leur expression corporelle. Les pieds aux veines apparentes et aux orteils impeccables ne cèdent rien en qualité au reste du corps. Les mains aux doigts puissants sont, elles aussi, remarquablement travaillées.|center>

On remarquera la nudité des personnages, en principe réservée aux dieux et aux héros grecs, également la chevelure opulente aux mouvements saccadés du Laocoon, dont le visage rappelle celui des représentations d'[**Alexandre le Grand*] parvenues jusqu’à nous. La composition du groupe a quelque chose de gigantesque, sa prise de possession de l’espace environnant est débutante, balbutiante, mais certaine. Ces deux traits indiquent une forte influence de l’École de Pergame ( grand autel de Pergame).
Ce groupe était, et est toujours, admiré pour son réalisme anatomique et son pathos expressif.

Bien qu’issus d’une composition parfaitement unitaire, les trois personnages du groupe expriment quelques nuances de sentiments : le Laocoon plus souffrant, le plus jeune fils expirant, l’aîné compassionnel. |center>

On pense, aujourd’hui, que cette œuvre est la résultante d’une adaptation d’un ensemble plus ancien de deux personnages de type pergamien : le père et le cadet des fils. L’aîné aurait été rajouté par nos trois statuaires rhodiens qui semblent avoir été des spécialistes de la reproduction d’œuvres hellénistiques à thèmes mythologiques, installées dans un cadre patricien romain de leur temps : on connaît quatre autres groupes monumentaux de leurs mains, ceux découverts dans la grotte de Sperlonga de la Villa Tibère, près de Rome.

Le rendu, particulièrement spectaculaire, de la peau et la palpitation des chairs, littéralement élastiques, ont toujours donné aux commentateurs l’impression que seul un grand maître avait pu créer ce chef d’œuvre, qui se révèle être un chef d’œuvre de copistes doublé d’une recréation d’atelier.

Comme quoi il faut être prudent dans nos enthousiasmes, parfois puériles, en ce qui concerne la sculpture de l’Antiquité gréco-romaine dont peu d’exemples sont arrivés jusqu’en notre temps…

[** Jacques Tcharny*]|right>


Contact : redaction@wukali.com
WUKALI 17/09/2017


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