Musée Granet, an obligatory stop at Aix en Provence
Une quarantaine d’œuvres de Cézanne à découvrir ou redécouvrir au Musée Granet.
Dans l’intimité de Cézanne.
At home ! Voilà un anglicisme qui peut surprendre mais qui se justifie aisément. Un œuvre majeure, « Vue vers la route du Tholonet près du Château Noir » 1900-1904, une huile magnifique, qui vient d’être mise en dépôt pour un an au [**Musée Granet*] par la [**Fondation Henry et Rose Pearlman*].
« Cézanne At home », c’est une façon de remercier la Fondation Pearlmam, dont le président,[** Daniel Edelman*] n’est autre que le petit fils d’[**Henry Pearlman*], grand amoureux de Cézanne. Le collectionneur américain a réuni tout au long de sa vie un ensemble important d’œuvres du peintre aixois. On se souvient de l’exposition « Chefs-d’œuvre de la collection Pearlman, Cézanne et la modernité » en 2014. On y découvrait notamment vingt-quatre Cézanne, de magnifiques aquarelles, des grands formats à l’huile de la dernière période, dont cette toile « Vue de la route du Tholonet près du Château Noir. »
Pour accompagner ce tableau qui revient à Granet, des toiles ressurgissent des collections publiques aixoises, pour l’essentiel du Musée Granet, mais également de l’Atelier Cézanne. Au total, une quarantaine d’œuvres. Des aquarelles, des dessins et des gravures, des œuvres sur papier, qui, trop fragiles, ne peuvent être exposées de façon permanente pour des raisons de conservation et que le public pourra admirer. L’exposition permet de mettre en évidence cette collection publique et cette relation privilégiée avec la grande institution américaine et le Musée de l’[**université de Princeton*] où se trouve déposée la collection.
« Il nous semble important de montrer au public cette dimension Cézannienne. Et il faut le préciser, on revient de loin. Il est toujours intéressant de se rappeler que l’on part de zéro ! » souligne[** Bruno Ely*], Conservateur du musée Granet, Commissaire de l’exposition. « On part de zéro par rapport à Cézanne, dans ce musée et dans sa ville natale. Mais qui avait compris Cézanne en son temps ? Paris n’épargnait pas davantage le Maître d’Aix, qui revenait au Jas de Bouffan, éreinté par la critique ». C’est en 1936 que la première aquarelle de Cézanne entre au Musée Granet. [**Henri Pontier*], le conservateur de l’institution le clamait haut et fort vers les années 1900 : « Moi vivant, aucun Cézanne n’entrera au musée ».
Il a fallu s’armer de patience. En 1984, huit peintures à l’huile sont mises en dépôt par l’Etat dans ce musée. De [**1906*], mort de l’artiste, à 1984, le chemin fut long. Et il y eut plusieurs autres étapes dans cette reconnaissance, cette reconquête de la ville d’Aix pour obtenir enfin le titre « ville de Cézanne ». C’est tout ce parcours-là qui, d’une certaine façon, se trouve évoqué dans cette exposition. Notamment grâce aux cartels, utiles pour identifier un tableau et pour expliquer comment l’œuvre est arrivée au Musée.
On peut découvrir, en introduction de l’exposition, quelques œuvres qui se trouvaient au Musée lorsque Cézanne y étudiait le dessin dès ses 17 ans. Des œuvres qu’il a copiées, qui l’ont inspiré dans ses recherches. « Le joueur de carte est né du regard qu’il a porté sur un tableau des Frères Le Nain, qui s’appelle « Les joueur de cartes ». commente monsieur Ely, qui précise encore que Cézanne était comme chez lui dans ce musée. Dans sa période de maturité, il y revient. Le peintre adore [**Granet*]. Son ami [**Emile Bernard*] l’accompagne au musée, mais il ne partage pas son admiration. « Je ne comprends pas le goût que Cézanne a pour ce petit peintre médiocre de province ! » Voilà qui montre que le peintre Emile Bernard n’a pas compris combien Granet a apporté à Cézanne. Une filiation que l’on peut encore voir au fil de l’exposition. On découvrira aussi comment Cézanne a réussi à dépasser l’impressionnisme. Fluidité, transparence, lumière, il s’agissait pour lui d’utiliser l’huile un peu comme on le ferait à l’aquarelle, et c’est de cette manière-là que le peintre a trouvé cette façon de dépasser les influences du passé. Passé, présent, se côtoient. Pour ceux qui ne sont pas rebutés par les nouvelles technologies, une « visite » en 3D est proposée dans le hall du musée, leur permettant de découvrir le domaine du Jas de Bouffan (qui ne sera plus visible ces trois prochaines années) ainsi que les peintures que Cézanne a réalisées directement sur les murs du grand salon de la maison familiale. Encore à découvrir six lettres de Cézanne, une superbe donation de la famille du peintre [**Charles Camoin*]. Des documents passionnants qui montrent la relation que Cézanne a entretenue avec un de ses jeunes admirateurs, qu’il rencontrera alors qu’il faisait son service militaire à Aix. Une amitié qui durera bien des années plus tard.
Cézanne présent chez lui, « At home » : les carrières de Bibémus, l’atelier des Lauves, la bastide du Jaz de Bouffan (en cours de réhabilitation avec, belle nouvelle, l’acquisition de la ferme, qui peut de nouveau appartenir au domaine) … « Nous sommes dans une dynamique, une forme de reconnaissance de la présence du peintre dans cette ville. Une action que l’on souhaite encore développer », conclut Monsieur Ely.
Sa réapparition en 2010, a permis à la Communauté d’Aix d’acquérir ce portrait lors d’une vente aux enchères. Le musée Granet, pour la première fois, détient alors une œuvre de Paul Cézanne.
On connaît l’amitié qui unissait Paul Cézanne et[** Emile Zola*]. Collège Bourbon, aujourd’hui Collège Mignet, une plaque rappelle que les deux amis fréquentaient l’établissement entre 1852 et 1857. «Nous avions l’amitié, nous rêvions l’amour et la gloire» écrivait [**Emile Zola*].
[**Cézanne at home*]
jusqu’au 1er avril 2018
[**Musée Granet*]
[**Aix-en-Provence*]
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WUKALI 06/11/2017