A choregraph from « The Land of the Morning Calm »


Deux soirées fabuleuses au GTP d’Aix en Provence avec la Coréenne Eun-Mé Ahn et ses « dancing grandmothers ». La chorégraphe [**Eun-Mé Ahn*], surnommée la « Pina Bausch Coréenne« , a présenté « Dancing Grandmothers ». Voyage au Pays du matin calme pour une soirée des plus turbulentes ! Dans un de ses spectacles, elle invitait sur scène des danseurs professionnels et des danseurs amateurs aveugles. Ce fut l’un des premiers volets d’un ensemble de chorégraphies consacrées au handicap et la différence.

La chorégraphe fut suivie, merveilleusement suivie. Dans les premiers spectacles, l’action se déroulait dans des décors hypnotiques. Eun-Mé Ahn avec « Dancing Grandmother » récidive avec ce côté hypnotique, psychédélique.

On a l’impression de partir pour un voyage dont elle serait le guide, l’ambassadrice. Et du reste, elle nous emmène bel et bien en voyage. Le rideau se lève et on découvre la fine silhouette de la chorégraphe au crâne rasé, vêtue d’un costume traditionnel bariolé. Elle avance à petits pas feutrés et se fond dans un paysage qui défile à la vitesse grand V. Le silence est d’or. Où sommes nous ? Où allons-nous ? Ce fond d’écran nous interpelle. Cela dure longtemps. Un peu trop. Mais cela demande du temps d’aller vers les autres parfois. Arrivent les autres, les danseurs. Eun-Mé Ahn n’est plus seule, mais tous entament une marche indépendante, chacun suivant son propre chemin. La musique les accompagne, répétitive, entêtante… D’aucuns la trouveront même un peu agaçante.

Olécio partenaire de Wukali

Puis, des jeunes gens bondissants entrent en scène. La musique rythme leur pas. Ils courent dans un premier temps. De plus en plus vite. Chacun sa route, chacun son destin. Puis ils enchaînent des sauts, solitaires. Sur des sons électro-pop, des duos, des trios, des groupes se forment, tous les danseurs se déhanchent parfois jusqu’à la transe dans une explosion de gestes, de soubresauts convulsifs, enfiévrés, survoltés et colorés ! Ils se côtoient, s’évitent habilement, mais semblent parfois sur le point de se télescoper. Des tissus, robes et blouses ou pantalons bouffants, bigarrés et flashy, virevoltent, ils se fondent dans le décor, toujours changeants. On aime aussi ce fond d’écran neutre, aux couleurs pastels venu adoucir le propos. Face à cette énergie débordante, frénétique, endiablée, il nous faut ces intermèdes silencieux et ces couleurs assagies.

Quels sont les messages ? Simples et compliqués à la fois. Et si on allait vers les autres ? Si on essayait d’être bien ensemble sans pointer du doigt nos différences. Balayons les préjugés. Allons à la rencontre de nos ainés, qui ont tant à nous donner. Un grand moment encore, avec ces images XXL qui nous promènent chez elles, en [**Corée*]. Mamie dans l’épicerie, mamie dans une poissonnerie, puis ces trois mamies sur la plage, cet autre dans la rue, une dans un marché couvert… Grand-mère tient la vedette, chez elle. Elle danse, tout simplement, parfois émue et impressionnée par la caméra. Parfois pas du tout, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Un moment attendrissant s’il en est. Et si l’on rit parfois, ce n’est en aucun car pour se moquer. Drôles aussi ce promeneur interloqué qui se retourne sur la danseuse, ou ce mari, désarçonné par tant d’audaces. Parfois, gêné, il fait mine d’ignorer la fringante mamie qui gesticule à ses côtés. Rires dans la salle.

Les « Grandmothers » se trémoussent, se dandinent, jerkent parfois de façon maladroite dans une improvisation joyeuse. Elles semblent nous dire que le bonheur de danser appartient à tous. Elles le font en musique, sans doute, mais nous n’avons pas le son. Nous n’en n’avons pas besoin du reste, car tout s’entend. Jusqu’aux rires de ces dames, dont on devine la vie pourtant faite de tourments. La dictature, la guerre, la chorégraphie nous livre quelques bribes de l’histoire, de leurs histoires.
Elles rient aussi ces mamies qui reviennent sur scène pour quelques pas de danses. Il n’y a rien d’acrobatique. Pour les performances incroyables nous avons la jeune génération de danseurs, avec de la haute voltige, des sauts magnifiques, des pirouettes au millimètre près. Et tout ce petit monde de communiquer. Qu’importe si c’est parfois approximatif. La perfection est là, dans le plaisir qu’ils ont à être tous ensemble. Le public ne s’y est pas trompé, lui qui, sur l’invitation de la chorégraphe, rejoint avec enthousiasme la joyeuse troupe sur scène. Seulement 60 personnes avait précisé Eun-MéAhn. Mais personne n’est allé compter !

[**Pétra Wauters*]|right>


[( Production / Partenariat Dancing Grandmother a fait l’objet d’une commande du Doosan Art Center (DAC) en production partagée avec Eun-Mé Ahn Company.

Coproduction Festival Paris Quartier d’Été

En tournée avec le soutien du Ministry of Culture, Sports and Tourism – Korea Arts Management Service – Center Stage Korea – Dancer’s Career Development Center. )]


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WUKALI 15/11/2017

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