A wink to the theater of absurd
On n’imagine pas le discret [**François Berléand*] déclamer crânement : « Moi, Moi, François B », c’est pourtant le titre d’une pièce, écrite pour lui et qui, ma foi, lui va très bien. Non pas qu’il ait pris la grosse tête, l’homme est resté visiblement humble, drôle, sensible, car il faut reconnaitre que, lorsque la notoriété arrive tard, on est davantage à l’abri « d’attraper le melon ! » François Berléand a beaucoup joué pour la télévision, le théâtre, le cinéma, même si les rôles à sa mesure ont tardé à venir. Sa carrière décolle véritablement dans les années 90. L’acteur devient indispensable à tous.
On se souvient de François Berléand qui retrouve son réalisateur fétiche [**Pierre Jolivet*] et rafle le César du Meilleur acteur dans un second rôle pour Ma petite entreprise en 1999. C’est encore la consécration Avec Deux hommes tout nus, de [**Sébastien Thiéry*], et une nomination au Molière du Meilleur Comédien en 2015. Nominé, césarisé, la récompense fait partie du décor de « Moi, Moi et François B » joliment mise en scène par [**Stéphane Hillel.*] L’illustre objet brille sur une étagère. Jouée depuis 2016, la pièce connaît un succès formidable, un triomphe dément.
Dément, de folie, nous y venons …
Un jeune auteur kidnappe l’acteur qu’il souhaite faire travailler dans sa pièce. L’acteur, c’est François Berléand qui joue son propre rôle. Les deux hommes se retrouvent dans un endroit clos, étrange. Où sont-ils exactement ? Dans une agence de voyages ? « Les Maldives à 600 € », l’affiche fait rêver ! Justement somme-nous dans un mauvais rêve ? François Berléand attendait son taxi pour aller jouer au théâtre. Il bougonnait car il était en retard. Et hop ! le voilà emmuré. Pas de porte, pas de fenêtre ! L’enfer ? Un cauchemar ? L’auteur avouera : « On est faits comme des rats ! « Vous m’avez kidnappé ? » interroge François Berléand ? Le jeune homme fait celui qui ne comprend pas mais finira par avouer : « je vous ai aspiré ! » Le public est interloqué. Berléand médusé. On ne sait pas bien de quel univers parallèle il s’agit, mais l’important dans la pièce n’est pas là. L’idée n’est pas de se satisfaire d’une explication rationnelle, sinon, on est perdu. Disons, encore plus perdu. Non, l’idée est de se laisser égarer par l’absurdité des situations. Donc c’est une chose acquise et ce n’est pas rationnel du tout, les personnages se retrouvent « aspirés » dans la tête du jeune dramaturge [**Clément Gayet*] qui joue aussi son propre rôle. Lui aussi s’est enfermé… Pourquoi ? Voilà, une bonne question ! Et on n’aura pas vraiment de bonnes réponses. On a des pistes, mais qui se brouillent aussitôt. On sait qu’il veut que François Berléand lise sa pièce.
Il est vrai que c’est compliqué dès le départ et que cela va l’être davantage encore tout au long de la pièce avec des moments où, fort heureusement, on sortira un peu de cette nébuleuse. Quelques bulles d’oxygène qui font du bien.
C’est du théâtre dans le théâtre, un peu dans l’idée des poupées gigognes. Surprise ! Il y en a une autre dans la boite !
On finit pas ne plus savoir où commence et où finit la fiction tellement la réalité se fait des nœuds. On nous tient en haleine. On marche sur un fil… et sur la tête ! On tricote et détricote nos pensées et on ne sait même plus que penser !
Si, bien sûr que cette pièce est profonde. Le sujet est lui tout à fait cohérent. Il traite du rapport entre un auteur et ses personnages. C’est une satire piquante et délicieuse du monde du théâtre. [**Berléand*] se moque même de [**Berléand*]. L’auteur, Vincent, est faussement niais et pas si fou que ça !
Mais dans cette quête de la vérité, François est-il bien François ? A moins qu’il ne s’agisse de son personnage ? Et Vincent au final, est-ce bien lui l’auteur ? Constance/Cécile, l’épouse, aura t-elle un rôle dans la pièce et… lui est-elle fidèle ? Quand elle apparaît en nuisette après avoir été « aspirée » elle aussi par l’auteur, son cher mari, François Berléand, se met à douter car elle était censée être avec son amie Sandrine. Et la jeune et jolie acrobate dénommée « Cézanne », qui « sert aussi de table basse » à l’occasion, est-elle également prise au piège ? Non, il n’y a pas de vilain machisme dans la pièce, n’en tirez aucune conclusion. C’est, on vous le répète, du théâtre de l’absurde. Dans ce labyrinthe, on se perd délicieusement, voluptueusement ! C’est drôle et décalé, plein d’humour, sarcastique.
[**Clément Gayet*] signe ici sa première pièce qui tient plus de la comédie fantastique que du boulevard. Il est très inspiré dans son rôle. Ils sont du reste tous épatants. On n’oublie pas [**Sébastien Castro*], [**Constance Dollé*], [**Inès Valarcher*]… Ils savent nous perdre pour mieux nous attraper. Bien sûr, il faut être sensible à ce monde de l’absurde, à son univers nébuleux et trouble.
« Moi, Moi, François B » fait salle comble depuis sa création, prouvant, si besoin était, que ce genre de théâtre intéresse et captive toujours autant le public.
[([**Moi, Moi, François B*]
Quelques date à venir
Le jeudi 22/03/2018 Théâtre de Cahors
Le vendredi 23/03/2018 à 20h30 – Théâtre Jean Alary, Carcassonne. Le jeudi 29/03/2018 à 20h30 – L’Odéon, Marseille
Le vendredi 30/03/2018 à 21h00 – Casino des palmiers, Hyères
Le mercredi 04/04/2018 20h30 Le Pin Galant. Mérignac
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WUKALI 22/03/2018)]