An eclectic program for a generous music Festival
L’Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par [**Mikko Franck*], présente un ensemble d’œuvres de[** Rimski-Korsakov*] (Le Coq d’or, suite), [**Einojuhani Rautavaara*] (Cantus arcticus), [**Stravinsky*] (L’Oiseau de feu, version 1919) et l’un des joyaux de la soirée : Le Deuxième Concerto pour piano de [**Chopin*] interprété par [**Nelson Freire*].
Que de monde ce soir là au grand Théâtre de Provence ! Il est vrai que retrouver Nelson Freire en récital est toujours un grand bonheur et un réel privilège. D’autant plus que le programme original réunissait des monuments du répertoire et des œuvres moins visitées ou même carrément insolites.
La soirée débute par [**Nikolaï Rimski-Korsakov*] (1844-1908) Le Coq d’or (suite). Cette musique est sublime, de la première à la dernière mesure. De cet opéra, symphoniquement très riche, a été tirée une suite en quatre mouvements. Ce trésor, créé après la mort du compositeur, est injustement absent de nos salles de concert, on se demande bien pourquoi. Tout le génie orchestral de Rimski Korsakov s’exprime ici, et on reste suspendu au discours de cette musique, véritable peinture musicale. Cette richesse de timbres exceptionnelle, on la doit au génie du compositeur bien évidemment, mais aussi à [**Mikko Franck*] qui dirige de main de maitre ses musiciens. On pourrait penser, et c’est parfois le cas, que le chef d’orchestre assis perd une partie de sa puissance, de son autorité, de son éclat. Et pourtant, le maestro restera le plus souvent assis, sans perdre de cette force, de cette impulsion, et les musiciens de le suivre comme un seul homme.
L’aspect fantastique de l’œuvre est joliment mis en valeur et on est transporté dans la Russie des tsars du siècle dernier, raffinement orientalisant garanti. L’enchantement du public est tel qu’il veut applaudir entre chaque mouvement ! Certains ne les laisseront pas s’exprimer. Le débat est ouvert ! « Pas grave, au contraire » diront certains. « Sacrilège ! » diront les autres.
On l’attend toujours avec impatience,[** Nelson Freire*] !
Entracte. On est encore sous le charme.
Après l’entracte « De Drôles d’oiseaux » nous ramènent à la réalité.
Alors que Chopin occupe toujours notre esprit, le maestro [**Mikko Franck*] met à l’honneur son compatriote finlandais [**Einojuhani Rautavaara*], avec Cantus articus, une musique surprenante. On pourrait chercher parmi l’orchestre et dans la salle, où se sont nichés les oiseaux du grand nord tellement on sent leur présence. Ils sont partout ! On a parfois l’impression d’assister à un documentaire animalier avec l’appel aux petits, la migration ou encore la saison des amours ! Toujours est-il qu’il s’agit là d’une réelle découverte pour beaucoup. Ce sont des fabuleux musiciens naturels ces oiseaux. Ces enregistrements de cris, chants, roulades et vocalises qui se mêlent au chants des instrumentistes, s’ouvrent sur un monde musical truffé de possibilités, et il y avait de quoi faire une véritable matière musicale. C’est une musique narrative, mélodique, mais aussi lyrique. Parfois un peu abrupte et pleine de dissonances, ce qui fait que cet univers-là est très contrasté, à la fois sombre et lumineux. Oui, assurément, Einojuhani Rautavaara est un compositeur étonnant.
En dernier partie du concert, l’Oiseau de feu prend son envol. Il se laissera capturer par le public et pour cause. Cette œuvre d’[**Igor Stravinsky*] s’inspire de plusieurs contes russes dont il conserve le caractère merveilleux. Tant de variétés de timbres, de climats, d’éloquences, bien servis par un orchestre voluptueux. De beaux vibratos, des cuivres chaleureux, des bois lumineux, des percussions nourries de beaux effets sonores, pour offrir de somptueuses couleurs instrumentales. En effet, le chef sait colorer tout l’orchestre et le conduire vers cet orientalisme jamais clinquant, ni trop démonstratif. L’oeuvre est tellement flamboyante qu’il aurait pu en faire trop. Il est question d’envoûtement, de magicien, d’ensorceleur, de drames, de mort… Mikko Frank a su faire palpiter tout l’orchestre et trouver un juste un équilibre sonore.
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WUKALI Article mis en ligne le 29/04/2019
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