Accueil Actualités La Roque d’Anthéron 2020, un festival inédit avec l’intégrale des concertos pour piano de Beethoven

La Roque d’Anthéron 2020, un festival inédit avec l’intégrale des concertos pour piano de Beethoven

par Pétra Wauters

Dans le cadre enchanteur de La Roque d’Anthéron, Beethoven, les concertos pour piano. Et on continue le parcours beethovénien avec Marie-Ange Nguci au piano. La pianiste est accompagnée dans la première partie par le Quatuor à cordes Ardeo puis dans la seconde partie, par le Quatuor à cordes Akilone. Sur l’ensemble du concert, on s’est réjoui de la présence de la contrebassiste, Pénélope Poincheval

Incroyable Marie-Ange Nguci

Ceux qui la considèrent comme une « future grande », peuvent déjà la qualifier de Grande ! Marie Ange Nguci a tout juste 22 ans et de tous les pianistes précoces de son âge, elle est certainement une de celles qui retiennent le plus notre attention. Déjà, on ressent très fort son immense culture, sa compréhension des œuvres qu’elle aborde, même les plus sophistiquées. Elle fait preuve d’une incroyable maturité et on la sent prête à tout jouer ! Elle possède sa patte, une sonorité que l’on reconnait déjà, à la fois veloutée, onctueuse, et qui peut soudain se faire puissante et éloquente, remplie de force lorsque la partition l’y invite. Et tout cela sans avoir l’air d’y toucher, avec une assurance qui nous laisse perplexe.

La Roque d’Anthéron 2020. Marie-Ange Nguci, quatuor Ardéo.Pénélope Poincheval-©-Christophe-Gremiot

On la sent sage et studieuse derrière ses lunettes. Sa chevelure bouclée, retenue par une barrette, nous laisse voir son minois tout juste sorti de l’enfance. Une impression vite effacée dès qu’elle joue ! Le visage de la jeune femme devient soudain une partition à lui tout seul, un livre ouvert sur ce qu’elle vit et ressent. Les émotions, le mystère, le divin, l’amour, elle recréée la musique, la fait vivre, nous ouvre la porte… et qui se cachait derrière en cette fin d’après-midi ? Beethoven ! Vous vous en souvenez, le Maître de Bonn est largement à l’honneur tout au long du festival. Anniversaire oblige ! 

On le redécouvre, presque réinventé dans la grandeur de ce piano envoûtant. Dès les premières notes du Concerto pour piano et orchestre n°1 en ut majeur opus 15, transcription pour piano et quintette à cordes du compositeur allemand V. Lachner, la jeune femme nous bluffe par tant de témérité, cette confiance en elle, cet aplomb devant les difficultés de la partition.

Pourtant rien de rigide en elle, aucune rudesse dans son jeu. C’est comme si elle affrontait les éléments à la fois avec souplesse et fermeté. On pourrait parler d’élasticité dans sa façon de jouer, elle ondule tout entière avec l’œuvre, corps, bras, mains, et les sons de jaillir sans peine. Elle est à l’écoute, se tourne vers les musiciennes dans une attitude engageante, s’incline avec douceur, leur laisse le passage lorsque le quatuor « prend la main ».  

On aime la complicité qui s’est instaurée entre la pianiste et les musiciennes du Quatuor Ardéo, quatuor à cordes féminin français parmi les plus renommés, fondé en 2001, et que l’on suit depuis plusieurs années déjà.
Les musiciennes :  Carole Petitdemange et Mi-sa Yang,violons, Yuko Haraalto et Joëlle Martinezvioloncelle. De la très longue introduction au rondo final, on savoure cette musique au caractère brillant et majestueux.  La mélodie est très chantante, et ce n’est pas une œuvre difficile à entendre, bien que virtuose.  On se laisse juste porter. Et ce, jusqu’au  rondo qui boucle cette œuvre et  s’annonce comme un refrain joué au piano. C’est tout à la fois gai, dynamique, dansant

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La Roque d’Anthéron 2020. Marie-Ange Nguci, quatuor Akilone-Pénélope Poincheval-©-Christophe-Gremiot

D’ailleurs, le public reste accroché dès les premières mesures offertes par le Quatuor Akilone, dans la seconde partie. Il s’agit là encore d’un autre grand Quatuor, fondé en 2011, avec Émeline Concéviolon, Elise De-Bendelacviolon, Tess Jolyalto, Lucie Mercatvioloncelle.

À cet égard, les jeunes femmes ont interprété le « concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur opus 19, transcription pour piano et quintette à cordes de V.Lachner. Cette œuvre de jeunesse de Beethoven, qui bien qu’offrant de jolis moments, n’est pas notre concerto préféré. Tout y est bien construit, pourtant, tout y est à sa place. On savoure de jolis contrastes thématiques, entre contemplation et exaltation.  C’est beau, c’est Beethoven, alors, on écoute avec bonheur jusqu’à la fin, rondo final, enjoué, virtuose, là encore, et on se laisse attraper par le lyrisme déployé par les musiciennes.  

Ainsi toutes font preuve d’une formidable spontanéité, jouent avec fraîcheur et naturel. Avec Pénélope Poincheval à la contrebasse, c’est aussi la garantie d’une participation pleine de richesse. Elle est « dans la continuité » de ce qui est proposé, se raccorde merveilleusement bien aux humeurs de la musique. Elle suit, elle accompagne, reste maitresse de son bel instrument qui offre de si jolis sons graves, (nous avons un faible pour la contrebasse !). La conversation entre ces jeunes femmes, toutes très jolies qui plus est, aurait pu durer longtemps, longtemps, longtemps.

Plus tard, dans la soirée, les musiciennes du quatuor Ardéo et Pénélope Poincheval reviennent, en bonne compagnie, avec Jonas Vitaud et David Kadouch pour d’autres concertos de Beethoven, le n°4 et le n°3.

​Le charme va opérer encore. La fête se poursuit à la tombée du jour, sous le ciel étoilé du parc Florans. 

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Illustration de l’entête: La-Roque d’Anthéron 2020-Marie-Ange Nguci-Quatuor-Akilone-Quatuor-Ardeo-Poincheval_-©-Christophe Gremiot

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