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Elsa Dreisig et l’Orchestre de chambre de Bâle ou Mozart sous toutes les coutures

par Pétra Wauters

Ce soir du 12 février la soprano franco-danoise Elsa Dreisig a rendu un vibrant hommage à Mozart. La jeune femme était accompagnée par l’Orchestre de chambre de Bâle, sans chef, mais pas sans direction. C’est depuis son violon que Baptiste Lopez donnait le ton et quelques indications d’interprétations. Pas vraiment de chef pour jouer Mozart ? On peut s’étonner même si l’on sait qu’autrefois, il n’y avait pratiquement jamais de chef.  C’était le violoniste ou encore le claveciniste qui dirigeaient les musiciens. Chose impossible pour les très grands ensembles surtout dans un programme consacré à Mozart. Ici, il s’agit d’un orchestre de chambre, relativement réduit, et on a pu apprécier ce magnifique sentiment de fraternité musicale qui unissait les musiciens. Ils se regardent, se sourient, communiquent, et même si la synchronisation n’est pas toujours exemplaire, tous, accompagnés par Mozart et la belle Elsa Dreisig, nous embarquent !

Alors dès son entrée sur scène, il y a comme une évidence ! Elsa Dreisig va nous cueillir. Elle-même est une fleur tout de rose vêtue, des ailes froufroutantes déployées sur ses épaules, et baskets chics au pieds. On comprend pourquoi, car la belle doit être libre de ses mouvements. Dans cette première partie, elle court, s’assied au pied des musiciens, se lève, et par la même nous… bouscule ! Dans la seconde partie, la jeune femme sera plus classique, de noir vêtue, juchée sur des talons hauts.  La soprano a du tempérament et son jeu scénique le plus souvent inattendu en dit long sur sa personnalité.  Mais avant tout, il y a cette voix qui donne corps aux personnages. Une très belle voix de soprano riche en couleur qui, de grave et puissante, parvient à s’envoler sans peine dans des notes aiguës.

Le concert s’articulait autour des airs d’opéras de Mozart les plus connus. Ce n’était pas gagné d’avance car les confrontations musicales étaient compliquées. Il est évident qu’avoir une voix sublime, cela aide. Celle d’Elsa Dreisig est souple, expressive, lumineuse, et surmonte avec une aisance incroyable les grands écarts de style qui existent entre les différents morceaux. C’était là encore une des difficultés. On a pourtant on a l’impression que c’est facile pour la jeune trentenaire. 

Elle est magnifique dans Cosi fan tutte, K. 588, Act I: « Come scoglio immoto resta » (Fiordiligi) ou encore dans Don Giovanni, KV 527 Ouverture, In quale…Mi tradi quell‘alma ingrata (Donna Elvira) Vedrai carino (Zerlina), sans oublier Le nozze di FigaroGiunse alfin il momentoDeh, vieni, non tardar (Susanna), Voi che sapete » (Cherubino) E Suzanna non vien…..Dove sono (Contessa).

Des rôles chantés et magistralement joués, car on vous le disait, c’est aussi une formidable interprète qui se glisse avec naturel dans la peau de chaque rôle.  Que la belle souffre ou rit, on est avec elle, on partage ses états d’âme. On peut la préférer dans les notes hautes qui s’élèvent magistralement. Les notes graves nous semblent par moment un plus incertaines, mais c’est peu de chose tant cette soprano se joue des difficultés et brille dans tous ces airs célèbres. Attachante Elsa Dreisig qui reste d’une simplicité et humilité désarmantes. Une soprano à suivre, assurément. 

samedi 12 février au GTP d’Aix en Provence

Orchestre de chambre de Bâle
Konzertmeister et direction Baptiste Lopez
Soprano Elsa Dreisig

« Mozart sous toutes les coutures »
Le Nozze di Figaro, KV 492
Ouverture
Giunse alfin il momento…Deh, vieni, non tardar (Susanna)
E Suzanna non vien… Dove sono (Contessa)

Symphonie n° 38 en ré majeur, «Prague», KV 504

Così fan tutte, KV 588
Temerari… Come scoglio (Fiordiligi)

Don Giovanni, KV 527
Ouverture
In quale…Mi tradi quell‘alma ingrata (Donna Elvira)
Vedrai carino (Zerlina)

Lucio Silla, KV 135
Ouverture
Pupille amate (Cecilio)

Idomeneo, KV 366
Ouverture 
« Estinto è Idomeneo….Tutte nel cor vi sento » 
Récitatif et Air d’Elettra


Illustration entête: Elsa Dreisig. Photo ©Simon Fowl

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