On est à la fois comblé par cette quinzaine, et un peu triste que ce soit déjà fini. « Renaud Capuçon et ses amis ». Cette soirée carte Blanche restera dans les annales du Festival, pour plusieurs raisons :
Déjà, Renaud Capuçon aime réunir autour de lui ses amis musiciens pour la traditionnelle fin d’après-midi qui clôt le festival. Son choix est juste parfait pour ce concert qui réunissait huit solistes venus de toute l’Europe, artistes de différentes générations. Cinq d’entre eux sont des musiciens en résidence ou artistes associés à la Fondation Singer Polignac, une fondation dont l’esprit colle parfaitement à celui de Renaud Capuçon car il s’agit d’un lieu d’échanges si précieux pour la musique.
Le violoniste aime également surprendre les mélomanes, et là encore, comment nous transporter avec une symphonie si emblématique et aussi immense que la n° 7 de l’autrichien, Anton Bruckner, une symphonie que l’on connaît surtout dans sa version orchestrale et monumentale que l’on a appréciée dans son arrangement pour orchestre de chambre, retravaillé par 3 élèves d’Arnold Schönberg, Eisler, Rankl, et Stein.
Les symphonies de Bruckner demandent un effectif colossal difficile à réunir. Seulement neuf musiciens, dans une version qui n’est en rien appauvrie. On y retrouve l’esprit de la Symphonie, la richesse des sonorités, cela reste beau à en pleurer. On en apprécie toute l’armature, tous les détails, toutes les textures, toute l’invention et l’originalité de cette œuvre. C’est une autre écoute qui nous est offerte De plus, techniquement, c’est parfait ! Des musiciens habités, attentifs les uns aux autres, engagés, et heureux, donnent une lumière particulière à cette symphonie. Il y a du mysticisme dans l’air, une spiritualité toute à la fois terrienne et céleste. On s’envole, dès le thème initial. Les premières mélodies sont limpides, captivantes. Elles nous conduisent au célèbre Adagio qui tient toutes ses promesses, émouvant en diable, bouleversant, avec ses cuivres graves. Un magnifique Scherzo nous séduit, entre mélodie rassurante, et climat légèrement angoissant, Scherzo qui file ensuite dans une course folle. Le « finale » vient apporter, malgré un premier thème allègre et enjoué, son lot de tristesse infinie. On redécouvre cette symphonie. On avance vers elle tout naturellement, même si on emprunte un autre chemin et que l’on s’éloigne des sentiers habituels de la musique. C’est beau à en pleurer ! Merci pour cette dernière soirée et à l’année prochaine !
Notez les dates du prochain festival : 31 mars au 16 avril 2023.
On fêtera les 10 ans du Festival de Pâques !
Renaud Capuçon, violon
Christoph Koncz, violon
Gérard Caussé, alto
Victor Julien-Laferrière, violoncelle
Alois Posch, contrebasse
Daniel Ottensamer, clarinette
David Guerrier, cor
Philippe Hattat, harmonium
Guillaume Bellom, piano