Le Vaisseau fantôme, Der fliegende Holländer version de concert : deux heures et demie à couper le souffle ! François-Xavier Roth est, ce lundi 10 avril, à la tête du Gürzenich Orchester Köln
Le maestro français, qui mène une carrière internationale d’exception, revient sur la scène du Grand Théâtre avec l’un des premiers grands opéras de Richard Wagner, Der Fliegende Holländer, Le Hollandais volant rebaptisé en français Le Vaisseau Fantôme.
Déjà, avant même que le Bateau ne prenne la mer, nous sommes impressionnés par ce qui se passe sur scène. L’orchestre symphonique se met en place, et cela fait du monde ! Arrivent le chœur des hommes et le chœur des femmes qui s’installent à leur tour derrière les musiciens.
Les cordes, les bois, la harpe, les percussions, les cuivres brillent et envoient des faisceaux lumineux vers la salle, comme des phares qui scintillent, pour rester dans le domaine maritime ! Bref, on assiste à l’installation d’un dispositif imposant, à la mesure de l’œuvre qui va se jouer. Le Hollandais volant évoque une légende selon laquelle un capitaine de navire hollandais, après avoir défié le ciel de couler son bateau lors d’une violente tempête est condamné à errer en mer. Gare aux marins qui auront le malheur de croiser sa trace… Jusqu’à ce qu’une femme mette fin à sa damnation en lui jurant une fidélité éternelle. Le poète Heinrich Heine a été inspiré par cette légende, et Wagner, ayant obtenu de Heine l’autorisation d’utiliser cette histoire, s’est mis au travail pour élaborer le livret de sa future œuvre, et écrire la musique de ce 4ème opéra.
Un chef d’œuvre dans lequel apparaissent tous les thèmes qui lui sont chers. Attention, c’est le choc des oreilles ! Cette œuvre enthousiasmante nous livre une distribution à la hauteur de la partition très exigeante. Der Holländer (Le Hollandais) Karl-Heinz Lehner, Daland, Ingela Brimberg, Senta, Maximilian Schmitt, Erik, Dalia Schaechter, Mary, Dmitry Ivanchey, Der Steuermann (Le Pilote). Des chants magnifiquement interprétés, et dans le brillant de l’orchestre, sous la baguette de François-Xavier Roth, on s’embarque dans un voyage qui laissera des ondes de chocs dans nos mémoires.
Comme une lame de fond, les images que nous suggère la musique sont elles aussi à couper le souffle. La tempête fait rage, on ne l’imagine pas, elle est bel et bien là, et le ciel se déchire également sur une mer en furie. Ô rage, Ô désespoir. On devine derrière nous, le navire errant du Hollandais, condamné à parcourir les océans, à moins qu’il ne trouve une femme qui l’aimera jusqu’à sa mort, et ce, à l’occasion d’une escale, (elles sont prévues tous les 7 ans !).
Le superbe capitaine Daland (Karl-Heinz Lehner, très convaincant dans ce rôle du père, rêve de fortune. Il moyennera le mariage avec ce futur gendre, maudit, mais riche. Il en impose ce baryton-basse britannique James Rutherford : physiquement déjà, bâti comme un personnage de Wagner et dont la superbe voix est tout aussi wagnérienne. On parcourt grâce à lui toutes les émotions humaines. Les deux hommes se retrouveront dans la baie où s’échoue leur navire, ce qui est l’occasion pour nous de les écouter ensemble. La belle Senta, Ingela Brimberg, s’éprend du navigateur avant même de le connaitre, elle sait qu’elle sera celle qui délivrera le Hollandais de sa malédiction. Coup de foudre confirmé et réciproque lorsqu’ils se rencontreront. De son côté, Erik, rappelle à Senta qu’ils sont fiancés. Il lui raconte un rêve qu’il a fait, où il l’a vue rencontrer le Hollandais et partir avec lui. Nous, sommes sous le charme de la voix au timbre lumineux de Senta dont la prestation est exceptionnelle (magnifique balade chantée par la soprano) tandis que celle du pauvre fiancé, Erik est touchante, entreprenante et ferme à la fois.
Parcours sans faute également pour les seconds rôles, Erik, Mary et le Pilote. Le chœur des marins et le chœur des fileuses sont superbes et on mesure les exigences par rapport à cette œuvre qui les sollicite grandement. Un énorme travail réalisé en amont par le chef de chœur James Rutherford,
Moment fort, parmi tant d’autres, lorsque le chœur des marins se déplacera sur le devant de la scène pour chanter au plus près du public, conquis. Frissons garantis encore lorsque l’on vivra en musique le drame absolu. Persuadé à tort de la trahison de la jeune femme, le Hollandais embarque à bord de son vaisseau fantôme, privé de rédemption. Désemparée Senta se jette dans les flots, donnant ainsi sa vie pour libérer le Hollandais. Ils sont désormais libérés de leur malédiction.
Quel beau cadeau pour les 10 ans du festival ! François-Xavier Roth a réussi son pari un peu fou, diriger Le Vaisseau Fantôme avec, pour la première fois à Aix, les forces de l’opéra de Cologne. Cette soirée était un grand moment de partage, comme on les aime.
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