La Sagesse de Venise peut-elle nous être présentée par un passionné de cette ville fascinante ? Peut-elle nous être expliquée par un passionné lui-même aveuglé par sa passion ? Et la Sagesse, d’où qu’elle vienne, peut-elle être expliquée ? Peu importe, il faut absolument suivre Jean-Marc Foulquier, ou plutôt Sofia, le personnage qu’il a créé, vénitienne amoureuse comme lui de sa ville, dans une promenade d’est en ouest et du nord au sud de cette ville que tous les deux, ils connaissent si bien et qu’ils aiment si bien.
Sofia parcourt les campi, les places donc, et y raconte la vie des habitants, petits ou grands. Elle les connait et nous les narre. On rentre dans l’esprit des Vénitiennes et des Vénitiens, on les découvre, eux qui sont effacés et parfois dépassés par un surtourisme, un tourisme de masse. Venise, ce n’est pas un musée à ciel ouvert mais une ville avec ses problèmes, ses habitudes, ses bonheurs aussi. Et on les découvre en suivant Sofia. Comment ne pas être surpris de découvrir qu’il y a une vraie vie sociale à Venise, et une vraie vie sociale riche, ouverte et abondante ? Il faudra aller y voir.
Ce qui n’empêche pas Sofia de nous faire visiter quelques églises moins connues que la basilique des Frari, encore que celle-ci soit mentionnée et visitée. Mais son cœur va vers des églises comme celle de San Zaccaria dans laquelle elle nous fait pénétrer pour la regarder avec son œil amoureux. Amoureux, mais aussi profondément connaisseur. Sans jamais être ennuyeux, tous les parcours qu’elle nous fait découvrir sont rythmés de merveilles. Elle n’est jamais ni pédante ni ennuyeuse. On la suit avec bonheur dans ces petites ruelles, on s’arrête avec elle au bord de la lagune pour prendre son temps et regarder des paysages extraordinaires. L’instant d’après, elle nous fait voir une statue perchée sur une façade et tout d’un coup, la façade est plus belle, son histoire devient évidente. Son regard et le nôtre se perdent dans des allusions, dans des souvenirs trop anciens pour être nets, dans le flou et le brouillard qui recouvrent Venise au début de l’année. Avec Sofia , Venise est encore plus belle mais garde toujours une part de son mystère qui est celui de tous les hommes.
Jean-Marc Foulquier a écrit un roman qui est bien plus qu’un simple guide touristique. C’est un roman qu’il faut lire avant d’aller à Venise et c’est aussi un livre qu’il faut avoir dans sa poche ou dans son sac quand, une fois sur la place Saint Marc, l’envie d’explorer ce qui se cache un peu plus loin et que l’on croit connaître nous prend tout à coup.
Bien loin de se limiter à discourir sur les monuments connus ou non, Sagesse de Venise nous explique aussi comment fonctionne la lagune avec ses échanges entre l’eau salée et l’eau douce. Les problèmes des grands bateaux, l’importance des petits îlots disséminé dans la lagune, l’Aqua Alta nous sont clairement expliqués et l’on ressort de cette lecture avec une vue d’ensemble de cette ville tant aimée. Et enfin, l’art contemporain, justement et intelligemment défendu, trouve sa place et ne fait que confirmer l’idée que Venise est bien une ville vivante et qu’elle n’est ni un musée ni Disneyland ce qui est une vision bien trop réductrice pour Sofia, pour son auteur et pour les lectrices et lecteurs de ce livre qui touche par sa pertinence face à ce qui a déjà été écrit, commenté, disséqué depuis longtemps.
Jean-Marc Foulquier tient un blog https://www.italie1.com/. Il y a là une mine d’informations pratiques sur l’Italie. Constamment mises à jour, elles simplifieront notablement les voyages touristiques ou non, dans cet étonnant pays, l’Italie, dont il est un sincère et efficace défendeur.
Sagesse de Venise
Jean-Marc Foulquier
éditions Maïa. 19€
Illustration de l’entête: Palazzo Eugenia-Minelli
Vous souhaitez réagir à cette critique
Peut-être même nous proposer des textes et d’écrire dans WUKALI
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité
N’hésitez pas, contactez-nous !
