Accueil Actualités Clôture de la 11è édition du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence

Clôture de la 11è édition du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence

par Pétra Wauters

Pour ce dernier concert de clôture au GTP, carte blanche à Renaud Capuçon, comme le veut la tradition. On fait confiance au fondateur et directeur artistique du festival d’Aix-en-Provence. 

Confiance dans ses choix, ses goûts éclectiques, sa vision élargie de la musique. Car on ne navigue pas dans un monde clos, et la musique se partage. Chaque ensemble, chaque orchestre, chaque musicien qui figure au programme des différentes éditions a été recherché, choisi, attendu. Tous sont des artistes majeurs du monde musical et pour certains,  déjà mondialement connus. Nos jeunes musiciens ont entre 20 et 30 ans et leur carrière est bien engagée.  On pourra se targuer de les avoir entendus :  « On y était, ce 7 avril 2024 alors qu’ils se produisaient avec Renaud Capuçon dans un programme dédié à Schubert. »  

Un programme que l’on aime avec des œuvres célébrissimes dont on ne se lasse pas

Franz Schubert
Trio en mi bémol majeur pour piano et cordes n° 2, D. 929
Souvenez-vous de « l’andante » repris dans Barry London ! Le fameux trio laissait planer une ombre sur un mariage sans amour et la nostalgie de s’installer. Les musiciens réussissent à figer le temps, avec cette musique mélancolique. Leur dialogue est convaincant, leur nuancier de couleurs nous semble parfois un trop adoucie, estompée comme une aquarelle à laquelle il manquerait quelques pigments, mais qu’importe, c’est si beau et l’esprit de l’œuvre est bien présent. Renaud Capuçon les conduit vers l’essentiel, vers une vision claire, sensible, équilibrée. Ce que l’on regrette ? Des personnes qui fredonnent dans la salle. Pitié, vous êtes heureux certes, mais rappelez-vous, le silence est d’or lors des concerts de musique classique. Chantez, tout à la fin, c’est sympa et autorisé.

Quintette en la majeur, D. 667 « La Truite » l’une des œuvres les plus célèbres du répertoire classique. On est dans l’ambiance. On la suit cette truite, elle a la simplicité directe et touchante que l’on attend d’elle.  Une mélodie que l’on retient, simple comme cette histoire de truite dans un ruisseau. Elle véhicule le bonheur, même si quelques zones d’ombres émergent des flots. Un peu de noirceur attendue, mais vite balayée dans un finale joyeux et optimiste. Ce bonheur de vivre, les musiciens le portent au bout de l’archet. L’allegro vivace est enthousiaste, et Mao Fujita fait lui aussi chanter son piano. Le scherzo est d’une telle énergie, mais que dire de l’allegro giusto, tout aussi entrainant, lumineux, véloce. Le quintette pour piano, violon alto, violoncelle et contrebasse a tenu ses promesses et Renaud Capuçon peut être fier ! Le « rideau tombe », sous une pluie d’applaudissements. Le public répondra nombreux à l’invitation de Dominique Bluzet, ce sera champagne pour tous ! 

Olécio partenaire de Wukali

Qui sont-ils ces jeunes musiciens ?  

Le japonais Mao Fujita, pianiste prodige de 24 ans, est établi à Berlin.  On l’a découvert à la Roque d’Anthéron et on a retenu son nom, car il fait sensation partout où il se produit. Dans ce Schubert, l’artiste est tout à son jeu, dans son monde. On a l’impression qu’il a envie d’en découdre avec la partition, tout en restant à l’écoute des musiciens. Sa joie de jouer est manifeste et pourtant, à l’issu du concert, il nous confie être un peu déçu par son jeu, pas assez engagé.  On salue son perfectionnisme mais assurément, le public , lui, a beaucoup aimé !  

Julia Hagen est née à Salzbourg. A 29 ans elle est l’une des instrumentistes les plus prometteuses de sa génération. La belle musicienne joue un violoncelle de Francesco Ruggieri de 1684. On aime la beauté de son jeu, tout en rondeur et générosité. On a envie de suivre cette musicienne, dont on apprécie tout à la fois la douceur et la force. 

Autre personnalité à la grâce infinie, la contrebassiste Lorraine Campet, 26 ans. Athlétique et musclée,  elle  soulèvera ses 15 kgs de contrebasse !  Talons aiguilles au pied, c’est joli, mais ça complique un peu les déplacements sur scène lors des rappels du public, toujours accompagnée de sa contrebasse. Mais la jeune femme assure !  A préciser que Lorraine Campet est également une excellente violoniste. C’est la contrebassiste qui nous a touché ce soir-là, , elle explore dans ce quintette « la Truite », toutes les couleurs de son bel instrument, aux sons particulièrement graves et chaleureux. 

Le séduisant et longiligne Paul Zientara, 24 ans, est lui aussi lauréat de plusieurs concours internationaux.   On remercie l’altiste Gérard Caussé, qui compte parmi ceux qui lui ont mis le pied à l’étrier. On aime beaucoup la rondeur de l’alto de Paul Zientara, son timbre chaud, sa puissance sonore, sa liberté de jeu. 

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Illustration de l’entête: photo Caroline Doutre

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