Accueil Livres, Arts, ScènesExpositions & Histoire de l'art Joan Miró à voir à Hyères, une exposition toute de poésie tendre

Joan Miró à voir à Hyères, une exposition toute de poésie tendre

par Communiqué musée

Le Musée des Cultures et du Paysage, La Banque à Hyères dans le Var, en partenariat avec la Fondation Maeght dévoile dans une exposition toute de charme et de poésie des œuvres de la maturité artistique de Joan Miró. L’exposition suit un parcours chronologique et thématique, permettant d’apprécier l’évolution artistique de Miró et l’influence des différents mouvements qu’il a traversés : 23 sculptures, 21 dessins, 16 maquettes d’œuvres, des peintures grands formats, des céramiques, des lithographies et des gravures.

74 œuvres créées entre 1956 et 1977

Joan Miró dans son atelier

À la fin des années 1950, Joan Miró entame une période de profonde transformation artistique qui durera jusqu’à la fin de sa vie. Cette période marque l’apogée de son génie créatif et donne naissance à des œuvres d’une puissance expressive inégalée.

Nouvelles explorations

En 1954, Miró s’installe à Majorque, sa terre natale, et y fait construire un grand atelier par son ami Josep Lluís Sert. Ce changement de décor agit comme un catalyseur de remise en question. Face à un trésor de dessins et peintures accumulés au fil des années, l’artiste ressent le besoin de se libérer du passé et d’explorer de nouveaux horizons. Cette période va voir l’éclosion d’un style artistique pleinement assumé, qui le propulsera au rang de maître de l’art moderne.

Cette exposition met en lumière l’incroyable virtuosité de Miró qui combine avec audace différentes techniques pour créer des œuvres uniques. Les dessins, lithographies et maquettes de l’exposition mêlent fusain, gouache, encre, collage et supports divers, tandis que ses sculptures en bronze, assemblées ou moulées, se parent parfois de couleurs vives.

Olécio partenaire de Wukali
Joan Miró, Personnage, Oiseaux, 1977, Huile, mine de plomb, gouache, Collection Fondation Maeght, Photo Claude Germain © Successió Miró – ADAGP, Paris, 2024

À la découverte de différentes sources…

Esprit en constante réflexion, il intègre des sources multiples telles que le la poésie, l’art oriental, l’expressionnisme américain et l’art rupestre, donnant naissance à un style unique et percutant. En rassemblant ces œuvres, cette exposition révèle également son style figuratif à la limite de l’abstraction. Les formes biomorphiques, les couleurs vives, les traits noirs et les symboles récurrents créent un langage visuel immédiatement reconnaissable.

Déjà dans les années 1920, Miró exprimait son désenchantement envers la peinture, la qualifiant de «décadente». En 1957, une visite à la grotte d’Altamira le bouleverse durablement. Le contact direct avec les figures pariétales le pousse à travailler au doigt à même le sol et à utiliser des pigments ocres et des tons terre. Il retrouve ainsi la spontanéité et la force expressive des premiers artistes, renouant avec les racines profondes de l’art où nature et spiritualité se confondent.

Voyage au Japon en 1966

À l’automne 1966, Miró réalise enfin son rêve de visiter le Pays du Soleil Levant. L’influence de l’art japonais est visible dans l’utilisation de la calligraphie. Miró s’inspire du principe selon lequel l’énergie vitale doit jaillir du pinceau vers la toile. « J’ai été passionné par le travail des calligraphes japonais et cela a certainement influencé ma technique de travail. Je travaille de plus en plus en transe, je dirais même presque toujours en transe aujourd’hui. Et je considère ma peinture de plus en plus gestuelle. » Entretien avec Margit Rowell, 1970.

L’expressionnisme abstrait américain

 Joan Miró, Le chant de la prairie, 1964, Huile sur toile, Collection Fondation Maeght, Photo Claude Germain © Successió Miró – ADAGP, Paris, 2024 (2)

Le séjour de Joan Miró aux États-Unis en 1959 le confronte à la « nouvelle peinture américaine ». Ses anciens admirateurs, Jackson Pollock, Arshile Gorky et Mark Rothko, adeptes des grands formats, l’incitent à changer d’échelle. Miró s’imprègne de la vitalité de cette scène artistique, ce qui se traduit par une libération des formes et des couleurs, l’adoption du grand format et une recherche d’expressivité directe.

Miró et les Maeght

Miró et les Maeght font connaissance après la Seconde guerre mondiale, en 1947, présentés par Tristan Tzara. Aimé Maeght devient alors l’éditeur de Miró suite à l’abandon du catalogue de ce dernier par Pierre Loeb et Pierre Matisse, deux marchands d’art. La première exposition de Miró chez Maeght a lieu à Paris dès 1948. L’artiste et son marchand, à la fois imprimeur et éditeur, ne se quitteront plus.

Miró et la poésie – Focus sur l’Album 19


Joan Miró et Raymond Queneau, figures majeures des arts plastiques et de la littérature, se lient d’une profonde amitié dès les années 1920.

Publié en 1961 par la Galerie Maeght, l’Album 19 témoigne de l’affinité profonde entre Miró et la poésie. Il réunit 19 lithographies originales de l’artiste, accompagnées de 7 autres illustrant la préface manuscrite de Queneau. Les lithographies semi-abstraites de Miró, avec leurs formes rappelant des cellules ou des amibes et leur imagerie onirique caractéristiques, entrent en résonance avec les mots de Queneau. Dans sa préface manuscrite, l’écrivain explore les liens entre la peinture et la poésie. Cette conversation à quatre mains offre un éclairage précieux sur l’intention partagée des deux artistes : fusionner leurs langages respectifs pour créer une œuvre à la croisée de la peinture et de la poésie.

Queneau et Miró, une amitié née sous le signe du surréalisme

Joan Miró, Tête et oiseau, 1967, Collection Fondation Maeght © Successió Miró – ADAGP, Paris, 2024

Dès les années 1920, Joan Miró et Raymond Queneau se lient d’une profonde amitié. Queneau, fasciné par l’écriture picturale de Miró, lui consacre de nombreux textes critiques tout au long de sa carrière. En 1954, il rédige notamment le catalogue de la Biennale de Venise pour l’artiste catalan. Cette rencontre s’inscrit dans une époque marquée par le bouillonnement intellectuel et artistique du surréalisme. Miró a ainsi noué de nombreux liens amicaux avec les poètes surréalistes tels qu’Aragon, Breton, Char, Tzara et Eluard. Leurs échanges poussent le peintre à s’initier à la lithographie dès les années 1930, technique qu’il maîtrise à la perfection lors de la création de L’Album 19.

Fasciné par la poésie et les jeux du langage, Miró s’approprie les signes et les symboles comme éléments constitutifs de son art. Ses œuvres se transforment en poèmes visuels, où chaque élément graphique possède une signification et contribue à la narration d’une histoire énigmatique. Des formes biomorphiques évoquant des corps célestes ou des créatures imaginaires côtoient des signes calligraphiques et des pictogrammes énigmatiques. Cette grammaire visuelle unique, développée par Miró au fil des années, lui permet d’exprimer ses émotions les plus profondes et de communiquer avec le spectateur d’une manière singulière et poétique.

Exposition Miró
du 13 juillet au 24 novembre 2024
La Banque, musée des culture et du paysage, Hyères (Var), en partenariat avec la Fondation Maeght

Illustration de l’entête: Joan Miró, Plat émail blanc et bleu, 1956, Céramique, Collection Fondation Maeght © Successió Miró – ADAGP, Paris, 2024

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