Dimanche 4 août, 20h00, dans le Parc du Château de Florans à La Roque d’Anthéron. Beaucoup de monde sur les gradins pour cette carte blanche à Alexandre Kantorow. Le jeune pianiste est toujours très attendu, et pour cause, il est phénoménal !
On se souvient de sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO, concentré et toujours aussi éblouissant sous une pluie battante. Imperturbable. L’artiste, multirécompensé, atteint des sommets d’intensité et de poésie qui nous désarment. À 27 ans, le pianiste virtuose, qui joue avec les plus grands orchestres et se produit dans les salles les plus prestigieuses du monde entier, n’a pas la grosse tête. Il ne se départit jamais d’une simplicité naturelle qui fait qu’on a toujours envie de le suivre ! Alors, cap sur La Roque d’Anthéron si proche de nous. On mesure notre chance. Le pianiste est un grand habitué de cette scène. On garde en mémoire cette soirée exceptionnelle il y a tout juste un an, avec Rachmaninov et Rimski-Korsakov(Cliquer) au programme. Kantorow atteignait le sublime et on se laissait porter par le concerto pour piano et orchestre de Rachmaninov et par Shéhérazade de Rimski Korsakov, deux œuvres complexes.
Public conquis !
Claude Debussy, Maurice Ravel, Nocturnes, transcription pour deux pianos
Ce 5 août, pas davantage de stress pour Alexandre Kantorow, il est avec ses amis, des artistes qu’il a invités à sa grande soirée. Le premier d’entre eux, Lucas Debargue, dont on n’a pas oublié le fabuleux concert (cliquer) donné le 27 juillet. Le pianiste remplaçait au pied levé Arcadi Volodos, souffrant.
Alexandre Kantorow et Lucas Debargue réunis, en ce début de soirée, soit deux grands pianistes autour d’une œuvre phare transcrite pour deux pianos. Composés entre 1897 et 1899, les Trois Nocturnes de Debussy pour orchestre ont été révélés au public pour la première fois à Paris en 1901. L’année suivante, Ravel en réalisa une transcription pour deux pianos, qui fut publiée en 1908. C’est cette transcription que nous ont interprétée les deux amis. Ils ouvrent le bal avec un hypnotique et aérien « Nuages » qui évoque l’impalpable, l’insaisissable. Et pourtant, nous avons tout saisi de cette œuvre qui nous prépare en douceur aux autres morceaux. « Fêtes » et « Sirènes » qui suivent sont toutes aussi fascinantes, révélant le génie des deux grands compositeurs impressionnistes. Et si on a parfois l’impression d’entendre un orchestre tout entier, c’est que les effets et les timbres reproduits par les pianistes sont d’une grande subtilité. On a une chance inouïe de savourer cette transcription, une version intime et nuancée de cette musique impressionniste.
On retrouve les deux artistes avec Sergueï Rachmaninov, Suite pour deux pianos n°1 opus 5 “Fantaisie-tableaux”
Barcarolle, La Nuit… L’Amour… Les Larmes, Pâques
On mesure tout le talent de Rachmaninov pour créer des atmosphères distinctes et provoquer des émotions fortes, particulièrement dans sa musique pour piano. Les tableaux se composent sous nos yeux et nous n’en perdons pas une miette. On navigue entre les gondoliers de Venise de la Barcarolle, atmosphère romantique garantie, on se glisse dans la nuit…l’Amour… avec des mélodies aussi envoûtantes que passionnées, on ressent encore la profonde tristesse des larmes, et pour finir, on vibre avec les cloches de Pâques, que l’on entend distinctement. De toute évidence, pour les deux amis pianistes, l’interprétation paraît jubilatoire. Un peu d’humour se glisse entre les pages. Bien dans son concert, heureux d’être là, Lucas Debargue nous offre en bis une de ses créations : Debargue / Ravel / Brahms : Concours de circonstance. Encore un moment festif prolongé par les deux pianistes.
Alexandre Kantorów avec Lucas Debargue, Liya Petrova, Aurélien Pascal, Daniel Lozakovich, Lawrence Power, Victor Julien-Laferrière
Entrée sur scène des musiciens de la seconde partie. Ils sont très jeunes et incroyablement doués : Liya Petrova au violon, Aurélien Pascal au violoncelle, invités par Alexandre Kantorow. Ils nous interprètent de César Franck le Trio concertant n°1 en fa dièse mineur opus 1.
L’Andante con moto est marqué par son tempo modéré. On aime l’expressivité exprimée par les deux pianistes. L’Allegro molto est plus dynamique et rapide, et on apprécie la vivacité et la justesse des dialogues entre les instruments. Mais c’est le final qui nous subjugue complètement. Final : Allegro maestoso est majestueux, proposant des thèmes puissants.
Après l’entracte : Aimez-vous Brahms ? Un peu moins, et pourtant, rien à dire sur l’interprétation là encore irréprochable. Daniel Lozakovich au violon, Lawrence Power à l’alto, Victor Julien-Laferrière au violoncelle, et toujours notre Alexandre Kantorow au piano. Il est vrai que les œuvres de Brahms demandent souvent une certaine compréhension de la structure musicale, et celle-ci est particulièrement complexe. Elle est de plus très longue et l’écriture est sophistiquée et pleine de défis pour les interprètes. Saluons donc la présence de ce quatuor, rarement joué. Il faut reconnaître que tout est bien articulé et aucun doute, ces pages ont été longuement mûries par les musiciens. Il en découle une liberté, une force, un ton Brahmsiens reconnaissables entre tous, et bravo aussi pour ce Brahms, Quatuor pour piano et cordes n°2 en la majeur opus 26
Des bis : des longs, des courts et pour tous les goûts : Saint-Saëns / Kantorow : Paraphrase sur Mon cœur s’ouvre à ta voix extrait de l’opéra Samson et Dalila
Ravel : Jeux d’eaux
Brahms : Symphonie No. 1 en do mineur, Op. 68 : 3 « Un poco allegretto e grazioso »
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