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Gautier Capuçon et l’Orchestre symphonique de Jérusalem

par Pétra Wauters

Dans la famille Capuçon, on demande le frère. Oui, mais lequel ?

On l’attendait, Gautier Capuçon, le célèbre et médiatique violoncelliste. On l’espérait, si l’on peut dire, sur les « terres de Renaud », directeur du Festival de Pâques d’Aix en Provence, et grand fidèle du festival de piano de la Roque d’Anthéron.
Accompagné par l’Orchestre symphonique de Jérusalem, sous la direction de Julian Rachlin, il a interprété l’une des plus belles œuvres pour violoncelle : le concerto n°1 de Haydn. On est encore sous le charme.

Bien que placée sous haute surveillance, la soirée s’est déroulée dans une ambiance sereine. Pour débuter, le public a fait une belle découverte. En effet, au programme figurait la pétillante Sinfonietta n°1 aux accents folkloriques de Mieczysław Weinberg.

Weinberg, un compositeur maudit. Le compositeur juif polonais (1919 – 1996) a été marqué par les tragédies de la guerre et la mort de ses proches. Persécuté par les nazis et les Soviétiques, il vécut en URSS où il développa une musique superbe,  riche, mais, au final, peu reconnue et souvent critiquée. C’est assez récemment que l’on redécouvre son œuvre, et tant mieux, car on aime sa patte, sa façon d’introduire avec brio des accents folkloriques dans sa musique, de mêler joliment des éléments classiques et populaires. On l’entend dans cette pièce, « sur des thèmes juifs », Il a vraiment le sens du motif musical qui accroche et de la mélodie que l’on garde en tête. C’est une musique directement accessible (quoique virtuose), et on a particulièrement savouré un beau duo de clarinettes et l’énergie déployée par tout l’orchestre. Saluons encore la prestation d’un chef charismatique, qui a su, tout au long de la soirée, insuffler une belle énergie. On assistait, sous sa baguette et grâce à sa gestuelle expressive, à une conversation animée entre les différents pupitres de ce bel et impressionnant orchestre symphonique.

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Gautier Capuçon parcourt le monde grâce à sa musique. Une histoire d’amour avec son violoncelle qui a démarré alors qu’il n’avait que 4 ans et demi. Le jeune quadra a baigné dans une famille de musiciens : des parents mélomanes, un frère violoniste que l’on ne présente plus, une sœur aînée qui joue du piano. Voilà donc une famille où la musique occupe une place importante. Les deux frères sont devenus des figures emblématiques de la musique classique, et leur notoriété dépasse largement le cercle des mélomanes habitués des concerts. Il faut dire qu’ils sont très médiatisés, en France et à l’international. Invités dans les médias, sur les plateaux télé, ils rendent le classique accessible et attirent un public de plus en plus large.


L’émission Prodiges a participé à faire connaître Gautier, qui était l’un des jurés de ce concours télévisé. Mais pour mieux connaître le musicien, il faut de toute évidence quitter le petit écran et le voir en grand, car le découvrir sur scène, c’est tout de même autre chose.

Le Concerto n°1 de Haydn

Gautier Capuçon joue magistralement, tant sur le plan technique que dans l’interprétation de cette œuvre pétillante et spirituelle. On admire la beauté et l’ampleur de sa sonorité. Il nous captive par une approche subtile, où alternent franchise et délicatesse. Des sons d’une luminosité éclatante, qui font que l’émotion est bel et bien au rendez-vous. Il y a chez lui, cette douceur mélancolique qui, du reste, correspond bien à son visage « romantique », une prestance élégante et un charisme naturel. Un sourire toujours léger mais chaleureux, un regard concentré, et ce qui semble une évidence pour qui joue de cet instrument, cette capacité à fusionner avec son violoncelle. 

Accompagné par un Julian Rachlin que l’on sent attentif aux moindres nuances, c’est une belle rencontre qui se déroule ici, entre deux musiciens si complices durant ce concerto, et des musiciens également très inspirés.

Crédit photo David Vinokor

Dans la Symphonie n°1 (1876) de Brahms, ils le seront tout autant, car l’œuvre est d’une complexité et d’une belle profondeur. À la fois dramatique et lyrique, on navigue entre séquence d’introspection et passages de grande intensité dramatique. On retrouve des éléments folkloriques, moments très appréciés, tout comme ces passages solos qui donnent la parole à certains instruments, mettant en valeur leurs caractéristiques individuelles, On pense aux bois et aux cuivres.  La Symphonie n°1 nous parait longue, pourtant son format est « standard », environ 50 minutes, et on est loin des symphonies de Mahler dont certaines peuvent durer jusqu’à une heure et demie.  On peut parfois s’y perdre. Brahms prend le temps de développer ses thèmes, avec un ton souvent sérieux, grave, voire dramatique. On s’immerge, ou pas, dans cet univers sonore dense et pesant. Le concert se termine sous une pluie d’applaudissement ! Le public conquis en redemande. Alors surprise :  changement total de climat total pour le bis : quelques minutes de passion avec la Danse hongroise n° 5, qui, en très peu de temps, alterne des sections enjouées et des passages plus retenus, le tout sur fond toujours aussi  festif et animé.

À la fin du concert, des applaudissements nourris — et mérités. Ah, quelle belle soirée !

Mieczysław Weinberg
Sinfonietta n°1
Joseph Haydn
Concerto pour violoncelle n°1 en do majeur
Johannes Brahms
Symphonie n°1 en ut mineur

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Illustration de l’entête: photo © Anoush Abrar

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