Noël pointe le bout de son nez à Aix-en-Provence et vendredi 20 décembre, au Grand Théâtre de Provence, avec la compagnie franco-guinéenne Circus Baobab : le public est rapidement conquis.
Quant à nous, notre impression reste mitigée. Pourtant, il faut reconnaître que, de la terre au ciel, les oiseaux acrobates du Circus Baobab allient avec brio la dextérité spectaculaire du cirque africain à l’expressivité singulière du langage circassien.
Les numéros, vertigineux, s’enchaînent à une vitesse folle, portés par onze artistes qui envahissent la scène avec une énergie débordante. Ils se défient, se croisent, s’attrapent, se bousculent, se heurtent, et souvent se bagarrent – un peu trop, diront certains. L’intensité des affrontements, bien que spectaculaire, est par moments très envahissante.
Quant à la musique, elle martèle nos tympans avec force. Si certains y voient un excès, d’autres la trouveront en parfaite symbiose avec le spectacle. Ils apprécient ce tumulte tintamarresque et incessant, à l’image d’un message urgent et menaçant, celui d’un monde au bord du précipice… si rien ne change.
Tout commence dans le calme pourtant, bien que l’on sente déjà une tension sourde, prête à éclater. Une jeune femme, bouteille à la main, la porte à ses lèvres, nous adresse un regard insistant, referme le bouchon, puis, presque mécaniquement, l’ôte à nouveau pour boire une seconde fois. Elle poursuit ce rituel, vidant peu à peu sa bouteille à petites gorgées, toujours en nous observant fixement.
Autour d’elle, car elle n’est soudain plus seule, des regards se posent, mais elle semble indifférente, imperméable à la présence des autres.
Au sol, des bouteilles vides jonchent la scène, pour la plupart écrasées, formant une mer argentée. Sous les pas des danseurs acrobates, ces vagues mouvantes de plastique ondulent et produisent un bruit discret, semblable au ressac des vagues sur une plage. Ces bouteilles, omniprésentes, jouent un rôle central dans la narration.
S’ensuit une succession de numéros vertigineux : pyramides géantes, danses saisissantes, portiques de balançoire humaine, contorsionnistes aux expressions animales, envolées spectaculaires à plus de sept mètres de haut. À chaque performance, la maîtrise est telle qu’on reprend notre souffle après quelques « oh » et « ah » d’inquiétude, redoutant la mauvaise chute. Impressionnants atterrissages sur la scène, ou dans des hamacs de bouteilles après un vol plané.
Parmi les tableaux, des batailles de rue dansées – peut-être un peu trop – et ce thème de l’eau. Ce sujet résonne profondément et reste douloureux face à une actualité qui « fait mal ». Le Circus Baobab parvient à nous dire ces choses, à les bouger, à les chanter, à les faire s’envoler tout en nous faisant sourire : ce qui est déjà une véritable prouesse artistique.
Nous avons été un peu gênés par un tableau où les lumières nous ont éblouis, ne voyant pas grand-chose de la séquence. Nous avons dû détourner le regard pour nous protéger de cet éclat trop agressif. Avec ces clignotements psychédéliques, le temps nous a paru un peu long, mais ceux dont les yeux ont supporté ont adoré.
Nous avons été encore moins sensibles à l’invitation faite au public – adultes et enfants – à lever le poing après la formidable séquence de percussions. On a aimé les chants, les moments drôles et joyeux sur une musique entraînante, où tout le monde était convié à la fête et au partage. Mais l’idée de demander à tous de brandir le bras à plusieurs reprises et de serrer le poing nous a semblé moins appropriée, un écho désagréable de tensions fortes, même si ce n’était certainement pas l’intention. Beaucoup ont suivi.
Le Circus Baobab est reconnu pour son engagement social et pour utiliser les arts du cirque comme moyen de transformation personnelle et collective. Ils se sont présentés à la fin du spectacle sous les acclamations d’un public déchaîné et heureux. Avoir de tels projets avec des jeunes en difficulté ou issus de milieux défavorisés formés au cirque, c’est une formidable perspective de vie !
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