Le 25 mars, Sorbonne Université décernera le titre de Docteur Honoris Causa à huit personnalités étrangères. Cette prestigieuse distinction, attribuée par les plus grandes universités du monde, est délivrée en reconnaissance de leurs contributions exceptionnelles rendues aux arts, aux lettres, aux sciences et aux techniques, apportées à la France ou à l’université. À cette occasion, les récipiendaires seront présents lors de moments d’échange (Cliquer) de moments d’échange sur leurs travaux respectifs.
La cérémonie sera retransmise en direct sur la chaîne Youtube (Cliquer) la chaîne Youtube de Sorbonne Université.
Giovanna Mallucci, spécialiste des maladies neurodégénératives

Chercheuse clinicienne en neurosciences, Giovanna Mallucci est chercheuse en cheffe fondatrice d’Altos Labs de l’Institut des sciences de Cambridge. Elle est reconnue internationalement pour ses travaux innovants sur la neuro-dégénérescence et ses approches thérapeutiques de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées, actuellement en phase d’essai clinique.
Giovanna Mallucci est une neuroscientifique clinicienne et chercheuse fondatrice à l’Altos Labs, Cambridge Institute of Science. Elle est reconnue pour ses travaux novateurs sur la neurodégénérescence et les nouvelles approches thérapeutiques des maladies d’Alzheimer et apparentées, ayant mené à des essais cliniques.
Rencontre avec Giovanna Malluci
Comment vos recherches sur les mécanismes pathogènes des maladies neurodégénératives ont-elles influencé les approches thérapeutiques actuelles ?
C’est une question passionnante ! Le véritable changement réside dans l’abandon de l’approche qui considère les maladies neurodégénératives comme des troubles distincts et isolés (Alzheimer, Parkinson, sclérose latérale amyotrophique, démences frontotemporales), chacun avec ses propres causes pathologiques spécifiques, au profit d’une vision qui reconnaît l’existence de mécanismes communs de neurodégénérescence.
Quels sont, selon vous, les axes de recherche prioritaires pour l’avenir des maladies neurodégénératives ?
La priorité doit être donnée à la détection et à l’intervention précoces. Il est essentiel de développer davantage de traitements capables de renforcer la résilience des neurones face aux processus dégénératifs. Il faut aussi repenser les essais cliniques : plutôt que de miser sur d’énormes études aux critères rigides, nous devons privilégier des essais plus nombreux, plus rapides et à plus petite échelle, axés sur la médecine expérimentale. Trop souvent, l’échec d’un essai est interprété comme un échec du traitement, alors qu’il s’agit plutôt d’une limite méthodologique. La persévérance est donc essentielle. Par ailleurs, une approche prometteuse consiste à exploiter les propriétés régénératrices d’autres types cellulaires du cerveau, au-delà des neurones, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la prise en charge des maladies neurodégénératives.
Jean-Jacques Muyembe, co-découvreur du virus Ebola

Virologue de renommée mondiale, Jean-Jacques Muyembe a été co-découvreur du virus Ebola en 1976 et a consacré sa carrière à la lutte contre les épidémies. Directeur de l’Institut national de recherche biomédicale de Kinshasa depuis 1998, il a notamment co-inventé l’anticorps monoclonal « mAb114 » contre Ebola.
Rencontre avec Jean-Jacques Muyembe
Vous êtes mondialement reconnu pour votre rôle dans la découverte du virus Ebola et vos contributions majeures à la lutte contre les épidémies en Afrique. Avec le recul, quels ont été, selon vous, les moments clés de votre carrière qui ont façonné votre engagement scientifique et médical ?
Les moments clés de ma carrière peuvent se résumer de la façon suivante
La découverte du virus Ebola en 1976
Une mystérieuse maladie se déclare à Yambuku (RDC, alors Zaïre). Premier scientifique à me rendre sur place, j’examine les malades et prélève des échantillons de sang et de foie dans des conditions rudimentaires, sans gants ni vêtement de protection. Ma survie relève du miracle, ainsi que celle des techniciens qui effectuent les analyses dans les conditions basiques de notre laboratoire à l’université.
Ces analyses excluent le paludisme, la fièvre typhoïde et la fièvre jaune, nous poussant à solliciter l’Institut de médecine tropicale (IMT) pour approfondir le diagnostic de cette maladie restée meurtrière et mystérieuse pendant des mois. Cette coopération Nord-Sud aboutit à la découverte du virus Ebola, qui rejoint le virus de Marburg, isolé en 1967, dans la nouvelle famille des Filoviridae.
Une étude observationnelle sur la sérothérapie ravive l’espoir en 1995
Lors de l’épidémie de Kikwit, ville de 400 000 habitants au sud de Kinshasa, je décide de coordonner la riposte des experts internationaux (dont l’OMS, l’IMT, Médecins Sans Frontières, etc.) et nationaux (dont l’Université de Kinshasa et des ONG congolaises), étant donné que je parle la langue locale, connais les autorités politico-administratives et religieuses et ai l’expérience de l’épidémie de Yambuku en 1976. C’est un défi à l’époque qu’un national dirige une équipe internationale d’experts de haut niveau.
Prise de compassion, l’équipe congolaise traite huit malades à l’aide de transfusion du sang de survivants d’Ebola. Sept survivent. Une lueur d’espoir nait, mais l’étude ne fait pas l’unanimité en raison de la taille réduite de l’échantillon et de l’absence de groupe témoin, empêchant sa réitération lors des épidémies suivantes.
Loin de me décourager, je reste convaincu du pouvoir neutralisant des anticorps anti-Ebola (sérothérapie) pour protéger les patients infectés.
Chimamanda Ngozi Adichie, autrice d' »Americanah »

Écrivaine nigériane renommée, Chimamanda Ngozi Adichie a conquis la scène littéraire internationale avec des romans tels que « L’Hibiscus pourpre » et « Americanah ». Elle est élue à l’Académie américaine des arts et des sciences en 2017.
Le parcours de Chimamanda Ngozi Adichie
L’œuvre de Chimamanda Ngozi Adichie, autrice nigériane d’expression anglaise, s’écrit sous nos yeux. Au travers de trois romans à ce jour (le quatrième, Dream Count, paraît en mars 2025), de nombreuses nouvelles dont certaines sont recueillies en un volume, d’une pièce de théâtre, d’un livre pour enfants, d’essais, dont Notes on Grief (2021) autour de la mort de son père, elle a façonné une réputation mondiale. Elle revendique une appartenance multiple : igbo, nigériane, africaine. Installée en partie aux États-Unis, elle connaît toutes les complexités des migrations et des diasporas. Mme Adichie défend des positions politiques fortes. Dans We Should All Be Feminists (2014) et Dear Ijeawele, or A Feminist Manifesto in Fifteen Suggestions (2017), elle s’attaque aux inégalités entre femmes et hommes, ouvre des voies, invite au changement. Les femmes doivent être autrices de leur propre destinée, et cette position politique parcourt toute son œuvre romanesque.
Née en 1977, elle a grandi dans la mémoire de la guerre du Biafra, terminée sept ans plus tôt, mais dont le trauma habite sa famille. C’est le roman Half of a Yellow Sun (2006) qui en livre une impressionnante chronique. Elle sait l’histoire politique du pays, les luttes pour la démocratie dont Purple Hibiscus (2003) porte la trace. La puissance de ce combat politique est d’autant plus grande que sa présence narrative est discrète. Ce sont aussi les effets du colonialisme qu’elle dissèque, au travers des missions chrétiennes qui ont façonné les individus dans la violence et la soumission. Elle interroge la distance entre les communautés nigérianes des États-Unis et les familles restées au pays, sans oublier l’Angleterre : son troisième roman, Americanah (2013), entretient par l’écriture les liens qui subsistent, au-delà de l’espace et du temps. Elle y explore les identités qui se font et se défont, les rapports de domination, la confrontation au racisme.
Oliver Primavesi, spécialiste d’Aristote, Prix Leibniz

Philologue de l’antiquité grecque, Oliver Primavesi occupe la chaire de professeur de philologie grecque à l’Université Louis-et-Maximilien de Munich. Spécialiste de la pensée d’Aristote, il a reçu de nombreuses distinctions, dont le Prix Leibniz en 2007.
Le parcours d’Oliver Primavesi
Oliver Primavesi, né le 17 février 1961 à Offenbach-am-Main, est depuis 2000 professeur ordinaire de philologie grecque à l’université Ludwig-Maximilian de Munich. Après un premier cursus de latin et de musique au conservatoire de Francfort, il a opté pour une carrière d’helléniste. C’est l’un des spécialistes de la langue et des textes grecs, et de la pensée antique en général, les plus renommés au plan international. Ses découvertes comme philologue de la philosophie grecque – il a reconstitué d’importants textes antiques que l’on croyait perdus et amélioré le texte de plusieurs œuvres grecques – lui ont valu de nombreux prix prestigieux, comme, le Prix Reinach de l’Association pour l’Encouragement des Études Grecques ou le prix Gottfried-Wilhelm-Leibniz.
Son œuvre interroge tous les aspects de la civilisation grecque, dans son articulation créatrice de la philosophie, des sciences, de la littérature et des arts plastiques. Depuis sa thèse sur la doctrine aristotélicienne de l’argumentation dialectique, Oliver Primavesi a étudié sans relâche l’histoire de la philosophie grecque classique. C’est un spécialiste aguerri d’Aristote, dont il est à la fois un éditeur virtuose (son édition critique de Métaphysique A et du traité Du mouvement des animaux ont fait date) et un commentateur hors-pair. Il est également l’un des maîtres actuels des études présocratiques – sa reconstitution du système d’Empédocle a été l’un des événements marquants, dans le champ de la philologie classique, de ces dernières décennies. Combinant l’édition critique de textes inédits – dont le fameux « papyrus de Strasbourg », qu’il a publié tout d’abord en collaboration avec le papyrologue belge Alain Martin, puis seul, dans plusieurs monographies – à des études d’ampleur sur la pensée physique, religieuse et éthique du philosophe d’Agrigente, Oliver Primavesi a permis un nouveau regard sur ce dernier, mais aussi sur toute la philosophie grecque du Ve siècle. À ces œuvres s’ajoutent des contributions de premier ordre, en philosophie, poésie, en histoire de l’art ainsi que sur différents aspects de la lyrique grecque.
Rémi Quirion, Scientifique en chef du Québec

Chercheur en neurosciences et premier Scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion a contribué à une meilleure compréhension de maladies telles que l’Alzheimer et la dépression. Auteur de plus de 750 publications, il est l’un des neuroscientifiques les plus cités au monde.
Rencontre avec Rémi Quirion
En tant que Scientifique en chef du Québec, vous avez promu la diplomatie scientifique et l’importance de la communication entre chercheurs et citoyens. Pourquoi est-il crucial aujourd’hui que la science soit mieux comprise et intégrée dans la prise de décision publique et par la société ?
R. Q. : En tant que Scientifique en chef depuis près de 14 ans – un record de longévité dans le monde ! – et président de l’International network for governmental science advice (INGSA) depuis quatre ans, je place la diplomatie scientifique et le conseil scientifique au cœur de mes priorités. Il est essentiel d’améliorer les capacités et l’expertise de nos équipes de recherche et de nos gouvernements dans ces deux secteurs. C’est donc une de nos priorités au Fonds de recherche du Québec (FRQ) et de l’INGSA, que ce soit au niveau des organisations supranationales, des gouvernements nationaux et régionaux, ou encore à l’échelle locale, dans les municipalités.
Dans le contexte géopolitique actuel, il est fondamental que scientifiques, hauts fonctionnaires et élus se familiarisent avec le langage de l’autre afin de mieux se comprendre et de bénéficier de nos connaissances et compétences respectives. Une décision politique éclairée par la science et les données probantes a non seulement plus de chances d’être bien reçue par la société civile, mais aussi de s’inscrire dans la durée.
Il est aussi essentiel d’améliorer la littératie scientifique de tous et chacun dans nos sociétés, c’est-à-dire la capacité à comprendre, évaluer et utiliser l’information scientifique dans la vie quotidienne et les prises de décision. C’est l’un des leviers que nous favorisons pour lutter contre la désinformation et les fausses nouvelles. La tâche est complexe, mais nous devons y consacrer tous les efforts nécessaires, au Québec comme ailleurs dans le monde.
Enfin, une diplomatie scientifique proactive et concertée peut jouer un rôle déterminant dans la gestion des grands défis sociétaux que sont les changements climatiques, les pandémies et la sauvegarde de nos démocraties. Le FRQ a donc décidé d’investir massive-ment dans la création d’un important réseau de chaires en diplomatie scientifique. C’est un projet dont nous sommes particulièrement fiers, et nous espérons que d’autres organismes de financement de la recherche suivront cette voie.
James Ferguson Skea, président du GIEC

Climatologue écossais, James Skea est le président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) depuis 2023. Ses travaux portent sur les questions d’énergie, de changements climatiques et d’innovation technologique.
Le parcours de James Ferguson Skea
Né en 1953, James Ferguson Skea est un scientifique britannique, spécialiste de l’économie des énergies renouvelables et des politiques environnementales. Diplômé d’un master en physique mathématique de l’Université d’Édimbourg en 1975, titulaire d’un doctorat de l’Université de Cambridge en recherche énergétique en 1978, il devient assistant de recherche à l’Université de Cambridge jusqu’en 1981, puis professeur adjoint invité à l’Université Carnegie-Mellon où il travaillera sur la sécurité énergétique et les politiques environnementales.
En 1983, il rejoint l’Université du Sussex où il occupera le poste de professeur puis de directeur de l’Institut des Études Politiques de 1998 à 2004. Depuis 2009, il est professeur émérite d’énergie durable au centre de politiques environnementales de la faculté des sciences naturelles de l’Imperial College de Londres et est chercheur en stratégie énergétique du Research Council UK entre 2012 et 2017.
Membre de la commission britannique sur le changement climatique de 2008 à 2018, il a également présidé de nombreuses autres commissions : le programme sur le changement environnemental mondial du conseil de recherches économiques et sociales de 1995 à 1998 ; la commission écossaise sur la transition juste de 2018 à 2023 ; l’institut britannique de l’énergie entre 2015 et 2017. Depuis 2017, il est membre éminent du conseil de recherche en ingénierie et en sciences physiques.
Tout au long de sa carrière, Jim Skea a travaillé à l’interface entre la recherche, l’environnement, l’élaboration des politiques et les entreprises. Il a co-présidé le groupe de travail 3 portant sur les mesures d’atténuation du changement climatique et a très largement contribué aux rapports spéciaux du GIEC de 2016, de 2019 et de 2022.
Cette longue expérience a fait de lui un choix particulièrement pertinent pour être élu à la nouvelle présidence du GIEC, poste qu’il occupe depuis juillet 2023. Sa présidence s’articule autour de trois priorités : améliorer l’inclusivité et la diversité, développer l’interdisciplinarité dans les sciences du climat, et renforcer la pertinence politique des rapports d’évaluation du GIEC.
Scientifique de renom et reconnu par ses pairs, il a reçu plusieurs distinctions pour honorer son engagement : Officier de l’empire britannique pour service aux transports durables en 2004, le prix Melchett de l’institut de l’énergie en 2010 et plus récemment, il a été nommé chevalier du Royaume-Uni en 2024.
Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature

Écrivaine polonaise et lauréate du prix Nobel de littérature en 2018, Olga Tokarczuk explore dans ses œuvres des thèmes qui lui sont chers : le mystère, le mythe et le voyage. Son roman Les livres de Jakob est considéré comme son chef-d’œuvre et a reçu un grand succès critique et public.
Le parcours d’Olga Tokarczuk
Olga Tokarczuk, une des voix littéraires les plus influentes de la Pologne contemporaine, traduite dans plus d’une cinquantaine de langues, est lauréate du Prix Nobel de littérature 2018. L’Académie suédoise a salué son « imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, représente le franchissement des limites comme une forme de vie ».
À travers ses œuvres Tokarczuk explore avec subtilité les thèmes de l’identité, de l’ouverture à l’Autre, de l’errance, de la mémoire, du temps et de la condition humaine qui invite à une lecture engagée du monde et résonne avec les grands questionnements de notre époque. Née en 1962 en Pologne, de parents enseignants, elle grandit dans une famille d’intellectuels progressistes. Elle étudie la psychologie à l’Université de Varsovie, formation qui influence profondément son écriture. Sa carrière littéraire s’affirme rapidement, avec une première publication remarquée en 1989, suivie d’une série de romans qui lui ont valu une renommée croissante.
Parmi ses œuvres majeures accessibles en français, on peut citer Dieu, le temps, les hommes et les anges (1996), Récits ultimes (2004) ou Les Pérégrins (2007), qui lui a valu le prestigieux Prix Nike en Pologne et le Man Booker International Prize, en 2018, pour sa traduction en anglais, ainsi que Sur les ossements des morts (2009) un roman qui fait écho à l’écologie, au féminisme et à la critique sociale et qui a été porté à l’écran par Agnieszka Holland dans le Tableau de chasse (2017). Son opus magnum, Les Livres de Jakób (2014) est une fresque historique monumentale et foisonnante qui raconte l’épopée d’une secte hérétique en Pologne au XVIIIe siècle, explorant des thèmes tels que la religion, la tolérance et le pouvoir. Le dernier en date à être traduit en français, Le banquet des Empouses (2022) est un dialogue savoureux avec la Montagne magique de Thomas Mann doublé d’une relecture critique d’écrits consacrés aux femmes depuis l’antiquité jusqu’au XXe siècle.
L’originalité de l’écriture de Tokarczuk réside dans sa capacité à mélanger les genres, à brouiller les frontières entre réalité et fiction, et à créer des récits fragmentés qui reflètent la complexité du monde contemporain et invitent à la réflexion sur ses enjeux les plus cruciaux dans un style à la fois poétique et philosophique. Son œuvre cherche obstinément à redonner vie à la diversité refoulée qui compose la nation polonaise. Son prix Nobel est venu récompenser ce refus de l’homogène.
Maryna Viazovska, médaille Fields

Mathématicienne ukrainienne, Maryna Viazovska a reçu la prestigieuse médaille Fields en 2022. Ses travaux sur les empilements de sphères ont été largement reconnus, la propulsant comme l’une des mathématiciennes les plus influentes de notre époque.
Le parcours de Marina Viazovska
Née à Kiev en 1984, c’est à l’âge de 12 ans que Maryna Viazovska se découvre une passion pour les mathématiques et la physique. Aujourd’hui mathématicienne mondialement reconnue pour ses découvertes fondamentales en théorie des nombres et en analyse harmonique, elle est professeure et titulaire de la Chaire d’arithmétique à l’EPFL de Lausanne. Ses percées sur la résolution du problème d’empilement de sphères ont été récompensées en 2022 par la médaille Fields, faisant d’elle la deuxième femme à obtenir cette distinction.
Le problème d’empilement de sphères consiste à trouver la manière d’empiler des sphères dans un espace à n dimensions en laissant le moins de vide possible. Avant ses travaux, la réponse n’était connue qu’en dimensions 2 et 3. En 2016, encore chercheuse postdoctorale à l’Université Humboldt de Berlin, Maryna Viazovska démontre que l’empilement optimal en dimension 8 s’obtient en plaçant les centres des sphères sur un réseau très symétrique que les mathématiciens connaissaient depuis longtemps sous le nom de E8. Une semaine après, avec ses collègues Henry Cohn, Abhinav Kumar, Stephen Miller et Danylo Radchenko, elle parvient à identifier l’empilement optimal en dimension 24, celui donné par le réseau de Leech, une structure mystérieuse découverte en 1967 qui possède des liens avec la théorie des cordes et le plus grand groupe fini sporadique, appelé « le monstre ».
Les travaux extraordinaires de Maryna Viazovska reposent sur une technique d’optimisation linéaire introduite par Henry Cohn et Noam Elkies en 2003. Elle eut la brillante idée d’exploiter des outils qui avaient été jusque-là complètement étrangers au problème : des fonctions quasi-modulaires, qu’elle avait déjà étudiées lors de sa thèse de doctorat obtenu à l’Université de Bonn en 2013 sous la direction de Don Zagier et Werner Müller. On les appelle désormais « les fonctions magiques de Viazovska ».
Après cette découverte révolutionnaire, ses méthodes mathématiques, à la fois algébriques, combinatoires, arithmétiques et analytiques, n’ont cessé de se diffuser à d’autres domaines et d’autres dimensions faisant le régal de toutes les mathématiciennes et tous les mathématiciens du monde entier.
Récompensée par de nombreux prix tels que le New Horizons in Mathematics Prize en 2018 ou encore le prix de la société européenne de mathématique en 2020, la professeure Maryna Viazovska est une source d’inspiration incontestable pour les femmes scientifiques d’aujourd’hui et de demain.
WUKALI est un magazine d’art et de culture gratuit et librement accessible sur internet
Vous pouvez vous y connecter quand vous le voulez…
Pour relayer sur les réseaux sociaux, voir leurs icônes en haut ou en contrebas de cette page
Contact ➽ : redaction@wukali.com