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Des momies aperçues dans les salles du Musée de l’Homme

par Communiqué musée

Depuis l’essor de l’archéologie au 18e siècle, l’engouement des occidentaux pour les momies ne s’est jamais démenti. Provoquant à la fois attrait et répulsion, elles ont été abondamment convoquées dans la littérature, le cinéma, la bande dessinée, la publicité et sont, de ce fait, très présentes dans notre imaginaire… avec tout un cortège de clichés et de fausses idées ! L’introduction de l’exposition « Momies » montre ainsi comment la culture populaire a forgé un archétype, particulièrement lié à l’Égypte ancienne.

Ce simulacre de momie d’enfant, réalisé en Égypte, probablement au 19e siècle, illustre la pratique de faussaires désireux de répondre à l’engouement de l’Europe pour l’Égypte antique © MNHN – J.-C. Domenech

 L’exposition explore ces différents aspects à travers un parcours en quatre parties

« À la rencontre des défunts momifiés » permet de définir la momification et retracer l’évolution des pratiques à travers les époques et les différentes régions du monde. Elle montre quelle proximité elle crée entre vivants et morts et quel rapport à l’éternité elle instaure. Outre le cas de l’Égypte, d’autres cultures sont évoquées, comme celle des Tojara en Indonésie actuelle, celle de la Sicile baroque ou de la France du 19e siècle, sans oublier les momies politiques, en Europe, en Chine ou en Russie, pour des dirigeants, comme Mao ou Lénine, autour desquels un « culte » s’est développé.

La momification est une pratique universelle, comme en témoignent ces quatre défunts momifiés :
En haut, jeune femme dite « reine » Guanche ayant vécu dans les Îles Canaries vers le 8e siècle © MNHN – J.-C. Domenech
À gauche, détail de la robe et des mains d’une jeune fille momifiée à Strasbourg au 17e siècle © E. Quétel
Au centre, homme de la culture Chachapoya momifié entre le 12e et le 16e siècle dans l’actuel Pérou © MNHN – J.-C. Domenech >
À droite, détail du torse d’une femme dite des Chullpas, venant de Bolivie, vers le 9e siècle © MNHN – J.-C. Domenech

« Techniques et rites de momification »explore différents procédés de préservation des corps. Après une évocation des momifications fortuites, qui peuvent advenir dans certaines conditions de température ou d’acidité, cinq « chaînes opératoires » de momification intentionnelle sont détaillées. Le corps momifié d’un enfant de 5 ou 6 ans, ayant vécu à la période préhispanique dans une région de l’actuel Pérou, illustre ainsi la pratique funéraire des Chancay, qui empaquetaient les corps momifiés dans un fardo de tissu. Un jeune adulte embaumé il y a plus de 2000 ans permet de décrire les momifications pratiquées dans l’Égypte ptolémaïque. Une jeune femme dite « reine » Guanche du 8e ou 9e siècle montre la pratique du boucanage chez ce peuple ancien des Îles Canaries. Sont enfin abordés les sujets de la momification temporaire opérée dans les Îles Marquises et de la thanatopraxie, qui permet, dans la culture occidentale actuelle, la conservation des défunts avant inhumation ou crémation.

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« Patrimonialisation des défunts momifiés, la constitution des collections »revient sur le spectaculaire essor de l’archéologie et, dans son sillon, la création des musées à partir du 18esiècle puis durant la période coloniale. De nombreux corps momifiés, prélevés principalement en Égypte ou en Amérique du Sud, intègrent alors les collections occidentales. Un commerce s’organise, avec un succès tel que des fausses momies sont même fabriquées pour assouvir la demande ! Aujourd’hui, la loi interdit la possession ou le commerce des restes humains et la question de leur patrimonialisation demeure complexe. Chaque pays possédant sa propre législation et chaque culture étant en droit de réclamer le retour de ses ancêtres, la déontologie a évolué et les musées s’interrogent sur l’origine et la trajectoire de ces défunts. En outre, des réflexions éthiques sur la pertinence et la manière de les exposer au public sont menées, suscitant, à travers le monde, des débats que cette exposition a l’ambition de nourrir.

Vendeur ambulant égyptien vendant des momies, vers 1870.
© Félix Bonfils – Wikimedia CCO

La dernière partie de l’exposition : « L’étude des défunts momifiés, une enquête sur la vie »permet aux visiteurs de comprendre comment les scientifiques parviennent à reconstituer le passé grâce à l’étude des corps momifiés. Les examens menés à l’aide des techniques médicales, de l’imagerie ou de la biochimie, notamment pour la datation et l’analyse génétique, ouvrent une fenêtre de connaissance très complète sur l’individu lui-même et sur toute sa société. Son mode de vie, sa santé, son alimentation, ses déplacements, ses vêtements, ses pratiques esthétiques, ses croyances et ses rituels funéraires peuvent ainsi ressurgir du passé.

Parmi les œuvres d’art contemporain exposées, ces trois photographies des momies de la crypte de Palerme (Sicile), par l’artiste Sophie Zénon.
In case we die, Italie, 2008 © Sophie Zénon

Commissariat scientifique : Éloïse Quétel, responsable des collections médicales et du patrimoine artistique au sein du Pôle Collections scientifiques et Patrimoine de Sorbonne Université, et Pascal Sellier, directeur de recherche émérite au CNRS et responsable d’enseignement à Paris 1-Panthéon-Sorbonne et au MNHN, dans l’UMR 7206 Éco-Anthropologie au Musée de l’Homme.

Momies, mémoires révélées, le catalogue de l’exposition. Sous la direction d’Éloïse Quétel et Pascal Sellier.
Édition Muséum national d’Histoire naturelle.
Beau-livre relié, 18×25 cm, 272 pages, 39 €, à paraitre le 7 novembre 2025.

Exposition Momies, mémoires révélées
Musée de l’Homme

17 Place du Trocadéro. Paris
du 19 novembre 2025 au 25 mai 2026, au 2e étage du musée 

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