Rossini, Si ! N’ayons pas peur des superlatifs !
Ce mardi soir au Grand Théâtre de Provence, nous avons assisté à un concert joyeux et magique consacré à Rossini, ce génie de l’opéra italien doté d’une inventivité mélodique exceptionnelle et d’un sens du rythme irrésistible.

direction Jérémie Rhorer
© Claire Gaby
Pour ce concert, le chef d’orchestre Jérémie Rhorer et son orchestre Le Cercle de l’Harmonie ont invité Isabel Leonard, mezzo-soprano américaine plusieurs fois récompensée. Ensemble, ils nous ont fait découvrir la musique de Rossini autrement.
Rossini était un génie de la musique. Jeune, il composait des opéras drôles et pleins de vie (comme Le Barbier de Séville ou Cendrillon). Plus tard, il a aussi écrit des œuvres plus sérieuses et impressionnantes (comme Guillaume Tell). C’est tout cet univers qui nous a été offert : des mélodies magnifiques, des moments pleins d’énergie, et des passages où la chanteuse déploie une voix incroyable. Dans sa robe scintillante, moulante, elle resplendissait, jeune femme au visage d’ange, expressif, petit air de Nathalie Portman, brillante, sur tous les registres. Une voix souple qu’elle contrôle à merveille, elle est aussi capable de grande puissance, de légèreté, une pureté, de chaleur aussi, et d’humour !
C’était comme un voyage musical à travers toute la carrière de Rossini. Une carrière pourtant courte : Rossini s’est retiré de la composition d’opéras à 37 ans, alors qu’il était au sommet de sa gloire. Et ce qui le rend encore plus singulier, c’est qu’il s’est ensuite consacré à la gastronomie et à la vie sociale parisienne. Il tenait salon, devenait mécène, conseiller ; même sans composer, il restait une figure centrale de la vie musicale.
Un programme réjouissant s’il en est :
Le Barbier de Séville, ouverture
Tancredi, (Tancrède) « Di tanti palpiti »
Semiramide (Sémiramis) Ouverture.
Il barbiere di Siviglia) Una voce poco fa
Après l’entracte :
Guillaume Tell ouverture
Otello, Assisa a Pie d’un salice… Che dissi ! Deh ! calma, o ciel, nel
Il turco in Italia (le Turc en Italie) Ouverture
la Cenerentola (cendrillon) « Nacqui d’all affano… non piu meta
La Gazza ladra (la Pie Voleuse), ouverture.
On apprécie la variété de ce programme, qui offre des ouvertures énergiques, virtuoses, et des arias lyriques de toute beauté : les contrastes entre les pièces sont superbes et tout est accessible à nos oreilles. De toute évidence, Jérémie Rhorer sait transmettre son énergie, et cela se voit jusque dans sa chevelure libre, ses longs cheveux qui virevolte à chaque mouvement. Transmettre son énergie, c’est essentiel dans la communication d’un chef avec ses musiciens, et même entre les musiciens eux-mêmes. Il passe beaucoup de choses dans ce champ de vibrations qu’est l’orchestre. Nous public ne le ressentons pas toujours mais quand c’est le cas, c’est le bonheur assuré ! Il faut saluer les solistes de l’orchestre : la harpiste, bouleversante dans l’accompagnement de la chanson (Otello). Son jeu d’une grande délicatesse créait une intimité poignante ; les cors et flûtistes qui ont brillé tout au long de la soirée ; et bien sûr les cordes, socle somptueux de tout l’édifice rossinien. On a admiré encore le jeu des bassons, des hautbois, des violoncelles, sublimes notamment dans l’ouverture de Guillaume tell. Que dire encore des trompettes, des clarinettes ? ou encore des percussions particulièrement riches dans la Pie Voleuse !
Ce chef a une mission, et il en parle très clairement dans ses interviews. Cela coule comme de l’eau de source : il s’agit pour lui d’honorer ce qu’il trouve génial chez les compositeurs. Et l’on entre avec bonheur dans cet espace d’émotion. La musique dit le plus souvent ce qui ne peut être exprimé : il y a ce champ de profondeur que le chef défend, cela touche à quelque chose que les mots ne peuvent dire. Toutefois, ne pouvant le dire en musique, je tente de traduire pour vous ces ressentis avec mes mots !
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