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Marie-Claude Clergeau au château de Sannes

par Pétra Wauters

Marie-Rose Clergeau s’est mise à peindre à un tournant de sa vie, quand elle en avait le plus besoin. Sa rencontre avec la peinture relève un peu du hasard, mais dès le premier contact du pinceau sur la toile, c’est l’évidence qui s’impose : « une révélation inattendue au cœur du tumulte. »

Marie-Rose a grandi entourée d’artistes et de tableaux. Dans sa famille, l’art circulait naturellement. Sa sensibilité était là, en veille, peut-être en attente. Nous avons découvert cette artiste il y a quelques années, dans une exposition, et depuis, nous suivons son évolution avec bonheur. La jeune femme poste sur les réseaux : ici, on admire des chardons, grillés par le soleil, semblables à de simples mauvaises herbes au milieu d’un champ de lavande… et pourtant, ce sont eux que l’on remarque !

Ainsi s’exprime Marie-Rose Clergeau sur sa page Instagram pour commenter de simples chardons qui, on le confirme, se révèlent superbes. Sous les pinceaux de l’artiste, les sujets humbles se parent de majesté.

Le tourmensol. Marie-Rose Clergeau

Son tournesol s’appelle « Le tourmensol ». Il est solitaire. Voilà une toile surprenante : formes et couleurs se mêlent dans un fouillis maîtrisé. L’artiste laisse ses mots dialoguer avec ses images :
« Je l’ai tout de suite remarqué, ce vieux tournesol fatigué… Le sol à ses pieds était sec et craquelé, les nuages au-dessus de sa tête promettaient l’orage… »

Olécio partenaire de Wukali

Son Sentier – Barcelonnette se livre sans paroles, mais la peinture parle d’elle-même et crie : rouges, oranges, jaunes se déchaînent dans un enchevêtrement de troncs et de branches. Une architecture solide soutient la scène. Les ombres bleues, violettes et les verts profonds apportent la profondeur nécessaire.

La discrète artiste nous invite à la suivre sur un petit chemin : Avant le barrage, une superbe acrylique. « Ah, que j’aime ces sentiers de Provence ! » dit-elle, et nous la croyons bien volontiers, car elle cultive une passion particulière pour les sentiers sinueux et les pins majestueux, qu’elle sait traduire sur la toile avec une justesse remarquable. Il s’agit d’un petit format, mais de grande intensité : vivacité de la touche directionnelle, lumière éblouissante. Tout y est.

Sa Provence, ce n’est pas celle des cartes postales. On n’est pas non plus dans les clichés touristiques. C’est une terre à la fois accessible et mystérieuse, familière et fascinante. Elle nous invite à déambuler dans ses sous-bois secrets, à suivre ses chemins qui serpentent comme des confidences murmurées, à nous attarder sur ses plages où le temps semble suspendu. On sent immédiatement qu’elle aime profondément ce qu’elle peint.

Les danseurs de tango. Marie-Rose Clergeau

Ses Danseurs de tango, ce sont deux arbres qui dansent un tango silencieux, leurs troncs noués dans une étreinte. « Je les voyais comme deux sculptures, deux personnages qui dialoguaient et dansaient » Marie-Rose Clergeau poursuit : « Je pense avoir réussi à rendre cette tension, cet élan,  par des touches larges et spontanées et des couleurs franches. »  

Ses Lavandes ondulantes dessinent des vagues mauves et orangées qui serpentent vers les collines. Septembre, l’odeur des pins, qui nous titillerait presque les sens !

L’odeur des pins. Marie-Rose Clergeau

Il y a tant à découvrir ! Marie-Rose Clergeau consacre pratiquement tout son temps libre à sa passion. À côté de ses pages sur Facebook et Instagram, la jeune femme a créé un site qu’elle étoffe peu à peu, avec désormais l’assurance d’une professionnelle. C’est une artiste qui s’affirme et qui jongle entre la peinture et son métier, ô combien tourné vers les autres : cardiologue. Si l’art et la science ne nous paraissent pas antinomiques et semblent même se nourrir l’un l’autre, la jeune femme nous avoue que pour elle, ce sont deux univers radicalement différents : « comme si j’avais deux cerveaux qui ne communiquaient pas entre eux ! » L’artiste change de peau comme elle change de blouse…

Marie-Rose Clergeau expose ailleurs que sur les réseaux, et c’est une chance pour ceux qui se trouvent face à ses œuvres. On devine déjà la beauté des œuvres sur un écran, mais leur vérité physique, dans un lieu d’exposition, devient révélation. Et lorsque ce lieu est aussi magique que la boutique-galerie du château de Sannes, avec ses larges baies ouvertes sur un paysage envoûtant, l’enchantement est total.

Marie-Rose Clergeau.
Exposition au château de Sannes

Fleurs, mer, chemins, rochers, pins… Le regard de Marie-Rose Clergeau repose avant tout sur la composition. Elle tord parfois ses sujets dans tous les sens, à la manière d’un Van Gogh à l’esprit « incendiaire » et tourmenté. Mais l’artiste garde les pieds sur terre, bien ancrée dans la réalité. L’équilibre se lit aussi sur son beau visage, son sourire radieux, ses gestes gracieux. Oui, elle est aussi belle qu’humble ! Mais revenons à sa peinture.

Si elle déplace les lignes d’horizon, interprète et réinvente, c’est toujours avec sagesse, laissant tout de même un petit grain de folie et une grande envie de fantaisie venir enrichir la fête. C’est devenu sa signature, cette griffe qui identifie son travail dès le premier regard. On entre sans peine dans son univers, où le bonheur s’exprime même sous les ciels couverts et les nuages les plus menaçants. Un peu de nostalgie parfois, mais beaucoup de joie.

Elle n’est jamais à court de sujets : tout est prétexte à jouer avec les formes, leurs ombres qui se contorsionnent, parfois proches de l’abstraction, fondues ici, nettes ailleurs, révélant des couleurs vibrantes qui parfois hypnotisent. « Je n’ai aucune envie de reproduire le réel, confie-t-elle.  J’aime créer des harmonies intuitives dans lesquelles la couleur tient une place centrale. J’essaie d’exprimer quelque chose de simple et profond à la fois. »

Et pour y parvenir, la jeune femme se prépare, réfléchie, avant de se lancer dans cette quête du sensible, de la lumière et de l’émotion fugace, quasi impressionniste. Sur de simples cartons, elle réalise des croquis aux feutres de couleur à pointe large. « Cette méthode me permet de saisir plus précisément ce que je cherche à exprimer, de voir si les couleurs fonctionnent bien, et surtout d’aller à l’essentiel, de ne pas me perdre dans des détails qui, selon moi, n’apporteraient rien de plus à mon tableau. » Le regard de l’artiste cherche à exprimer autre chose qu’une copie du réel. Une fois ces compositions testées, l’artiste se lance !

Pour elle, la lumière est reine : elle rayonne, irradie. Mais elle sait qu’elle a besoin de l’ombre pour la sublimer et créer des formes inattendues qui accrochent le regard. « Je suis autodidacte, et j’ai appris toute seule ce qui aujourd’hui, plus que jamais, me paraît essentiel : la lumière a besoin de l’ombre pour exister. Et dans la vie, c’est la même chose. On peut extrapoler ! La vie serait fade si tout allait toujours très bien ! C’est comme une loi de la nature : avoir besoin de mauvaises expériences et d’ombres pour faire éclater la lumière ! »

Ste Victoire. Marie-Rose Clergeau

En juin 2025, c’est une transposition poétique qu’elle réalise de cette lumière chère à Cézanne, dans une toile superbe peinte à l’acrylique sur le motif : Sainte-Victoire. La jeune femme aime peindre devant son sujet, même si elle reconnaît que l’exercice est difficile. Elle a posé son chevalet à Saint-Marc Jaumegarde, là où Guillaume Gallienne (incarnant Paul Cézanne) et Guillaume Canet (Émile Zola) se sont assis, il y a quelques années, sur le tournage de Cézanne et moi. Un site sublime dont Marie-Rose a réalisé une version très personnelle, dans une harmonie de tons chauds et des violets singuliers.  Le barrage de Bimont, tout proche, a lui aussi été peint in situ, en compagnie de Sébastien Arcouet, un ami peintre à la touche assurée. sebastien_arcouet_officiel

Parmi les rencontres qui comptent, Marie-Rose Clergeau cite encore Thierry Lefort, dont nous relations l’exposition au château de Sannes dans Wukali (https://wukali.com/2022/06/23/la-peinture-et-lombre-thierry-lefort-en-lumieres-et-en-ombres/17161/).

Septembre, l’odeur des pins. Marie-Rose Clergeau

Autre rencontre importante : Alice Williams, une Américaine installée en Provence, au style figuratif, vivant et coloré.  alicewilliams.artist

Les légendes de Marie-Rose aussi nous séduisent. « Je commente depuis peu. Je me dis qu’il faut un peu plus se dévoiler ! Je n’osais pas avant, sans doute par peur du jugement, peur d’être maladroite, mais aussi par pudeur. » Pudique, Marie-Rose l’est, assurément. Elle est aussi motivée, curieuse, inventive. L’artiste multiplie les projets. Et peu à peu, son travail attire l’attention.

Sélectionnée au Salon d’automne 2025 à Paris, elle y exposera L’odeur des pins, une grande toile. Elle se réjouit aussi de participer en novembre au 111 des arts Paris.
« C’est une association qui organise chaque année une vente caritative au profit de la recherche contre le cancer des enfants. Un jury y sélectionne 111 artistes, chacun devant présenter 11 petits formats de 20 x 20 cm. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur. » Du 8 septembre au 8 novembre, Marie-Rose Clergeau expose ses toiles dans la superbe boutique galerie du domaine du château de Sannes. Le vernissage est prévu le 3 octobre 2025. Un joli moment en perspective.

Marie-Rose Clergeau continue son chemin. Et si elle doute parfois, elle devrait être rassurée par cette reconnaissance croissante et méritée. Car elle est bien là, cette complicité entre l’œuvre et le regardeur. Son ascension n’est que le reflet de cette évidence : quand l’art touche juste, il trouve son public.

MARIE-ROSE CLERGEAU, ARTISTE PEINTRE
Du cœur à la toile

Exposition au Château de Sannes ( à 35 minutes d’Aix-en-Provence) du 10 septembre au 8 novembre 2025

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