Who served as a model for these 2 paintings by Leonardo da Vinci ?
Avec ce cinquième article consacré à la « Dame à l’hermine » et la « Belle Ferronnière », nous poursuivons notre étude de l’oeuvre peinte de Léonard de Vinci , ces deux portraits doivent en effet être examinés ensemble car leur proximité est frappante.
La Dame à l’hermine est un panneau peint par Léonard vers la fin des années 1480. Son support est du bois de noyer, provenant du même tronc d’arbre que celui de la Belle Ferronnière. Cette peinture (54 × 39 cm) fut acquise en 1798 par Adam Czartoryski (probablement à Paris) pour sa mère. Elle fut intégrée dans les collections familiales en 1800.
Entre 1830 et 1876, elle est accrochée à l’hôtel Lambert, siège de l’immigration polonaise libérale et aristocratique à Paris, propriété des Czartoryski. Elle revint à Cracovie en 1876. Volée par les nazis, elle fut retrouvée et rendue à la Pologne en 1946 et est exposée aujourd’hui au Czartoryski museum à Cracovie.
Le modèle représenté est Cecilia Gallerani (1473-1536) devenue très jeune (1488/1489) la maîtresse de Ludovic Sforza, duc de Milan. La liaison dura jusqu’en 1492. Elle donna un fils à son amant. Elle composait des poèmes très appréciés de la cour milanaise qui connaissait alors le sommet de l’évolution artistique et culturelle de la civilisation renaissante du temps.
La Belle Ferronnière, répertoriée pour la première fois dans les collections royales françaises en 1642, a une identité problématique. Qui en fut le modèle?
Béatrice d’Este? L’épouse de Ludovic Sforza est connue par le buste en marbre de Cristoforo Romano, avec lequel ce tableau présente quelques affinités. De plus la famille des Este était originaire de Mantoue.
Lucrezia Crivelli? Maîtresse de Ludovic Sforza dès 1495, elle lui donna un fils. Aucune représentation d’elle n’est parvenue jusqu’à nous.
Ainsi, Léonard aurait peint deux maîtresses du duc: Cecilia Gallerani et Lucrezia Crivelli. Il aurait accentué une subtile ressemblance d’expression entre les deux dames, caractère typiquement léonardien célèbre. Qu’en penser? Nous allons en discuter.
Huile sur panneau aux nombreux repeints, seuls le visage (excepté un glacis sur la joue) et l’animal sont intacts. La structure de la couche picturale est mince. L’état de conservation est désastreux.
La tête est tournée, vue comme proche d’un profil. Le mouvement de torsion sur le cou est accentué. Le corps n’est pas arrêté dans l’espace : il crée un mouvement cinétique.
La jeune femme se retourne vers sa gauche, l’attention attirée par quelque chose ou quelqu’un, ce qui augmente le mouvement. L’hermine regarde dans la même direction, soulignant la rotation. La main droite de la belle dame caresse et retient l’animal entre ses bras. La tête de l’hermine est d’une expressivité à la vie intense comme le rendu de son corps fuselé à l’échine souple.
Pour seule parure un collier noir. Le bijou court autour du cou et sur la poitrine. Les yeux bien dessinés montrent des pupilles de couleur bleue-verte, étonnantes de clarté et de puissance. Le nez est droit et fin. La bouche aux lèvres closes est pulpeuse.
L’impression qui se dégage de son expression psychologique est nette : le modèle sait parfaitement qui elle est, a pleine conscience de sa beauté et de son impact sur la gente masculine. L’hermine sert de contrepoint psychologique au visage, avec ses yeux inquisiteurs et son corps où le moindre poil vibre.
Malgré le fond noir entièrement repeint, le sens de la profondeur est consistant dans ce panneau. A propos des repeints, on notera que la coiffure fut modifiée, ce qui se voit sur le milieu du crâne : on a recouvert l’avant de la tête d’une couche de peinture de couleur différente de celle de l’arrière. La séparation des deux est nette.
L’animal est grossi pour des raisons d’équilibre de la composition. Le choix de l’hermine symbolise la chasteté, symbole évident pour la maîtresse d’un prince. Il ne fait aucun doute que le modèle représenté ici est le même que celui de « la Belle Ferronnière » avec dix ans de moins.
Le personnage ne peut être que Cécilia Gallerani, célèbre beauté de l’entourage de Ludovic le More dont elle fut longtemps la maîtresse. Nous réaffirmons, une fois de plus, que Léonard adorait jouer avec ses représentations picturales, usant parfois de private jokes peintes : ainsi le genévrier de Ginevra Benci, les nœuds de corde (Vinci) de la salle des Asse et ici le nom du modèle : Gallerani car, en grec, hermine ou belette se dit galé.
Le symbolisme inclus dans le nom du petit animal devient une expression naturelle du génie de Léonard. Aucun des élèves de l’artiste n’a jamais eu des compétences de peintre de ce niveau. Lui seul est capable de cela. La synthèse picturale, comme la fascination ambiguë qui s’en dégage, sont spécifiques du Vinci.
La Belle Ferronnière
Insistons d’abord sur un point que personne ne peut plus discuter aujourd’hui : le tableau est peint sur un panneau de noyer provenant du même arbre que celui utilisé pour la Dame à l’hermine, il a donc été créé dans l’atelier de Léonard ( 62 × 44 cm). De nombreux repeints ont modifié la coiffure (notamment en recouvrant l’oreille) ainsi que la partie basse de la mâchoire (certains ont même imaginé la présence d’une autre main à cet endroit) .Malgré ces handicaps, le tableau est en relatif bon état. La densité volumétrique impressionne. L’absence de troisième dimension de la partie de chevelure recouvrant l’oreille, là où il y a des repeints, s’oppose au gonflement net de la partie recouvrant le crâne de la dite chevelure. Le visage est quasiment de face, il tourne sur le cou et s’apprête à s’immobiliser, regardant le spectateur qui est traité en intrus si l’on en juge par le regard que lui lance le modèle. Le corps est vu de trois-quarts. Un obstacle se dresse entre nous et cette belle créature : une balustrade.
Deux bijoux ornent ce portrait : la parure frontale et un collier enserrant le cou.
L’introspection psychologique surprend par la puissance du regard que nous jette le modèle. Le spectateur se sent jaugé, jugé et presque dévoré par ce fauve au féminin : de quelle énergie fait-elle preuve ! Quelle certitude dans cette attitude à la limite de la provocation, à la sensualité débordante. Sa présence physique est vivante, naturelle, riche, voire luxueuse. Cette force expressive du visage et cette énergie du regard sont l’œuvre de Léonard, excluant toute attribution à l’un de ses élèves.
Techniquement, cette huile sur panneau est d’une facture très élevée : le rendu des couleurs est magistral avec des coloris exquis, suaves, variations sur une gamme chromatique soutenue et réduite. Remarquons le rouge cramoisi de la robe. La richesse décorative de cette dernière est réelle mais secondaire dans l’effet produit sur le spectateur craintif face à la femme qu’il vient de déranger, et apparemment, de perturber. Elle est certaine de sa condition supérieure comme beauté autant que comme membre d’un monde fermé, puisqu’il s’agit de la maîtresse d’un prince tenant une cour raffinée. Elle est bien loin des préoccupations du commun des mortels.
Léonard voyait la peinture comme « une chose mentale ». C’est dans ses portraits qu’il en fait la meilleure démonstration. Ce qui frappe le plus, ici, c’est l’équilibre entre une recherche exaspérée d’analyse caractéristique de ses débuts et une tentative réussie de synthèse dans la démonstration de ce que peut être un portrait, au-delà d’une simple apparence physique : un rendu de son essence psychologique. Cette peinture est vraiment « l’équivoque d’une œuvre finie ». Elle est intemporelle.
Une luminosité identique éclaire la partie la plus importante du tableau (le visage) avec la même intensité et la même acuité psychologique. Le nom de Cecilia Gallerani s’impose de lui-même.
Jacques Tcharny
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Le catalogue des peintures de Léonard de Vinci. #1 Mona Lisa
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[Authentification d’un dessin de Léonard de Vinci
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WUKALI 16/02/2015