Lucian Freud un des artistes les plus exceptionnels de notre temps vient de s’éteindre à Londres à l’âge de quatre-vingt huit ans.
Sa touche était large, puissante, faite de larges aplats de pinceaux aux rendus de couleurs en transparence excellant dans la restitution quasi expressionniste de la chair et du corps. Ses nus sont bouleversants et si humains, la chair flasque ou émaciée n’est que l’enveloppe fatiguée de l’être. Retour à la peinture figurative, par un approfondissement de la technique du peintre qui saisit la quintessence et l’identité profonde du modèle représenté à la manière d’un Goya, triturant la matière et refusant les compromissions esthétiques, cosmétiques, mondaines ou sociales, ce qui lui valut des inimitiés.
Il se lie d’amitié avec Bacon et ensemble représentent en 1954 la Grande-Bretagne à la XXVIIe Biennale de Venise. Il n’avait pas que des amis, d’aucuns n’acceptant pas ce retour à la figuration, ainsi lors de la grande exposition de son oeuvre au Centre Georges-Pompidou à Paris en 1987, il faudra le courage et l’intelligence d’un Jean Clair alors Directeur du Musée d’art moderne, pour assumer pour l’ institution qu’il dirige la présentation de ses tableaux si étrangers à d’improbables avant-gardes médusées et hostiles, et pour tout dire vaines.
Lucian Freud est né à Berlin en 1922, il avait quitté avec sa famille l’Allemagne en 1932 juste avant l’arrivée des nazis au pouvoir, pour s’installer à Londres, son oncle Sigmund Freud viendra rejoindre sa famille l’année suivante.
Pierre-Alain Lévy
Illustration:
“Benefit Supervisor resting.” 1994. Huile sur toile, 160×151. New-York. Acquavella Galleries.
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