Un musée de Berlin va devoir restituer plus de 4259 affiches et documents rares composant une collection d’art et d’histoire unique rassemblée par un dentiste de Berliin, le docteur Sachs, pillée par les nazis et que l’on crut un temps disparue, tel vient de le décider la Cour fédérale suprême de Karlsruhe.

Cette décision attendue met fin à une longue bataille juridique. Cette collection était originellement composée de 12500 documents: publicités , invitations et affiches diverses pour des expositions, des cabarets, des films, ainsi que des tracts ou du matériel de propagande politique. Elle couvre soixante-dix ans d’histoire allemande. On ignore ce qu’il est advenu au reste de la collection

Le docteur Hans Sachs dentiste de Berlin, né en 1881, avait initié sa collection dès ses années de collège. En 1905 il était déjà reconnu comme étant le plus important collectionneur privé de documentation et il entreprit la publication d’une publication d’art « Das Plakat » (L’affiche)

Goebbels, le ministre de la propagande nazi, ayant eu vent de cette collection ordonna qu’elle fut saisie et ses sbires pillèrent le domicile du docteurs Sachs en 1938. Lors de la « Nuit de cristal », le 9 novembre 1938, le docteur Sachs fut arrêté et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen au nord de Berlin. Il fut relâché deux semaines plus tard, il décida aussitôt avec toute sa famille de quitter l’Allemagne et s’enfuit aux USA.

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Hans Sachs après la guerre considérait que sa collection avait été perdue ou probablement détruite pendant le chaos. C’est ainsi qu’il accepta en 1961 les compensations financières de l’Allemagne Fédérale pour 225 000 Marks (environ 50 000 €)

Il découvrit en 1966 que sa collection avait survécu à la guerre et avait été transportée et mise à l’abri dans un musée de l’Allemagne de l’est dans le secteur de Pankow. Il entreprit de nombreuses démarches auprès des autorités communistes d’Allemagne de l’est pour revoir sa collection ou organiser son exposition à l’Ouest, en vain. Il mourut en 1974.

Après la chute du Mur de Berlin la collection devint partie intégrante en 1990 du Musée Historique allemand

Peter Sachs n’eut connaissance de la collection qu’en 2005 et n’eut cesse dès lors de se battre juridiquement pour que la collection de son père lui soit restituée.

Dans le jugement de la Cour suprême de Karlsruhe, les juges stipulent que si Peter Sachs n’a pas dans la période de temps impartie par les Alliés pour la restitution des biens pillées après guerre fait sa demande, cette obligation juridique ne pouvait cependant s’appliquer sur son cas. La non restitution “perpétuerait l’injustice nazi” ont décidé les juges et ne peut correspondre aux compensations offertes établies pour préserver le droit des victimes.

Hagen Philipp Wolf, porte-parole du département des affaires culturelles allemand qui supervise le Deutsches Historisches Museum de Berlin, a confirmé que cette décision serait respectée. Le Deutsches Historisches Museum qui ne dispose que d’une quantité dérisoire de documentation a déclaré que la collection Sachs constituait une ressource inestimable pour les chercheurs.

L’avocat de la famille Sachs en Allemagne , Matthias Druba, a déclaré que puisque l’intention de Hans Sachs était de présenter sa collection au public, il s’agit maintenant que la collection sera restituée de trouver un lieu adapté à son exposition. Lors de le restitution de la collection, les compensations financières que reçut en 1961 Hans Sachs seront rendues.

Pierre-Alain Lévy pour l’adaptation et la traduction ( Huff Post)


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