Paris jadis
Dans le Paris des Républiques
L’accordéon nostalgique
A semé tant de musiques
Dont il reste des échos
Dans nos cœurs, y a des rengaines
Dont les rimes incertaines
Se prenaient pour du Verlaine
Du Bruant ou du Carpeaux
Le chanteur des rues qui brâme :
« À vot’bon cœur, messieurs-dames »
Paris sera toujours Paname
Et tout ça ne vaut pas l’amour
Lorsque les télés s’allument
Sort bien un succès posthume
Pauvre fantôme des brumes
Nous hantait au fond des cours
Et allez donc, envoie la ritournelle
De la chanson gnangnan et chauvine et vieux jeu
Réveille un peu le piano à bretelles
À chaque fois que je l’entends, moi j’ai les larmes aux yeux
Paris, c’est plusieurs villages
Et chacun a son visage
Le seizième a son langage
Et la Bastoche a le sien
On y cause en argomuche
Et Pantin se dit Pant’ruche
Ménilmontant, Ménil’muche
Et le temps n’y change rien
Moi j’aime bien la Place des Fêtes
Et les choses étant bien faites
Pas loin du tabac-buvette
Y a l’église et la mairie
et je rigole quand je pense
À ceux qui partent en vacances
En Bretagne ou en Provence
Rien ne vaut l’air de Paris
Et allez donc, envoie la ritournelle
De la chanson gnangnan et chauvine et vieux jeu
Réveille un peu le piano à bretelles
On se croirait au printemps et le ciel est toujours bleu
On sait bien de par le monde
Que Paris, c’est une blonde
Et ses visiteurs abondent
Il en vient de tous pays
La Tour Eiffel les étonne
Le Musée Grévin les passionne
Et la Seine enfin leur donne
L’attrait de ses quais fleuris
Dans la lumière irisée
Ils s’en vont, l’âme grisée
Le long des Champs-Élysées
Et comprennent que Paris
Sera quoi qu’il advienne
La capitale souveraine
La seule, l’unique et la reine
Par le cœur et par l’esprit
Et allez donc, envoie la ritournelle
De la chanson gnangnan et chauvine et vieux jeu
Réveille un peu le piano à bretelles
Dans le genre exaltant, on ne pouvait pas faire mieux
gnain gnain,gnain, gnain … Et allez donc,envoie la ritournelle …refrain
Jean-Roger CAUSSIMON
(1918-1985)
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