Allen Ginsberg poète américain (1926-1997) est avec Williams Burroughs, Jack Kerouac et Neal Cassady une des figures majeures de la “ Beat generation ”
Influencé dans sa jeunesse par la poésie de Walt Whitman et celle d’E. Allan Poe, puis plus tard par les poésies hallucinées de William Blake, il fut un des concepteurs de l’art total et est considéré comme le père fondateur du mouvement hippie.
En 1954 il s’installe à San Francisco et en devient une des personnalités intellectuelles marquantes contribuant ainsi à l’identité de la ville.
Connu pour ses prises de positions pacifistes, luttant contre la guerre du Vietnam, pour le droit et la liberté d’expression, la libération des moeurs et la liberté sexuelle, il eut à faire face à de nombreuses levées de bouclier. Il étudia avec des gourous qui lui enseignèrent la philosophie zen.
Son compagnonnage avec certaines drogues fut pour lui une source d’inspiration
Ses livres furent livrés à la censure, on leur reprochait d’être entachés de pornographie.
Son oeuvre littéraire a été traduite dans le monde entier.
En 1993 il a été décoré en France au titre de Chevalier des Arts et lettres.
P-A L
La traduction en français de Cadillac Squawk est à lire çi-dessous à la suite de l’oeuvre originale en anglais
CADILLAC SQUAWK
Sitting on the twelfth floor Gomden I heard a wild siren in the
garment district
Heard dog scream at dog on park avenue
my head rumbled the Bronx 242’d street Lexington Avenue
Express
lonesome sparrows chirped weathered coppergreen cornice 1860
Footstep crash, pocket change jangled the shrine room’s polished
floor
traffic waves rushed the shore 1985
Adolf Hitler’s voice in the taxi horn
squeak soprano steely cheep Chevrolet brakeshafts
subway breath rising to Empire State Observation Roof
iron doors slam refrigerators shut
bones creak in my knees’ antechambers
Hear the long Cadillac horn squawk up sidestreet brick
buildingsides
elevators ascended and descended a thousand skyscrapers
wheels within wheels rubber and steel revolve on asphalt
corridors
Exhaust puffs out monoxide Broadway Manhattan
Heard the sky shut up
Heard conversation in the trees in leafy Bronx
Heard Africa sigh
Asia turned over in its sleepy bunk
blood ran down the rocks in South America
Heard Central America squeeze its ribs through iron gates
the Middle East rumbled plates & spoons in wartime bomb
rubble
Polynesians danced with bacteria
Heard Japonesia eat with chopsticks chewing rice & peapods
Heard Australia rattle song sticks singing in Simpson Desert at
the end of the world
Allen GINSBERG
Assis au douxième étage sur mon Gomden j’ai entendu une sirène hurler
dans le district des tailleurs
Entendu deux chiens s’engueuler dans Park Avenue
grondement dans mon crâne de la rame Bronx 242eLexington Avenue
piaillement des moineaux solitaires sur la vieille corniche 1860 vert-de-gris
Claquement de pas, tintement de monnaie sur le parquet ciré de la salle de méditation
bruits d’autos déferlant sur la rive de 85
la voix d’adolf Hitler dans le klaxon d’un taxi
couinement soprano métallique des freins d’un Chevrolet
souffle du métro montant vers la Terrasse Panoramique de l’Empire State
claquement des portes en fer des réfrigérateurs
craquement des os dans l’antichambre de mes genoux
J’ai entendu le long couac d’un klaxon de Cadillac sur les façades en brique
de la rue transversale
les ascenseurs vont et viennent dans un millier de gratte-ciel
roues dans les roues, acier et caoutchouc tournent dans les couloirs d’asphalte
les tuyaux d’échappement lâchent leur oxide de carbone dans Broadway
J’ai entendu le ciel se taire
Entendu une conversation dans les arbres du Bronx
Entendu l’Afrique soupirer
L’Asie s’est retournée dans son sommeil sur son bas-flanc
le sang a coulé sur des rochers en Amérique du Sud
J’ai entendu le thorax de l’Amérique Centrale craquer entre deux grilles de fer
le fracas de vaisselle du Moyen-Orient dans les décombres des bombes
Les danses polynésiennes avec les bactéries
Entendu le Japon mâchonner riz & cosses avec des baguettes
Entendu l’Australie taper sur ses bâtons en chantant dans le Désert de Simpson au bout du monde
New York, 16 juin 1985 – Traduit de l’américain par Yves le Pellec et Françoise Bourbon
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