‘ La vérité des sens » .

Prolongation jusqu’au 30 septembre.

Cette exposition exceptionnelle autour de l’artiste allemande du XXe siècle Käthe Kollwitz (Königsberg,1867†1945, Berlin) présente une centaine d’œuvres. Certains contemporains de Kollwitz tel que Rodin ou Ernst Barlach, mais également les maîtres anciens l’ayant inspiré côtoieront son propre travail.

Sa vie sentimentale fut marquée par des drames. En 1914, dès le début de la guerre, son fils Peter est tué dans les Flandres. Cette tragédie la conduisit à se rapprocher des mouvements socialistes et pacifistes. En 1919 elle exécuta une gravure sur bois en l’honneur du leader socialiste révolutionnaire Karl Liebknecht assassiné en 1919 et dans les années 20 elle travailla sur des thèmes évoquant la guerre, le monde du travail et les femmes du peuple. Son petit fils sera tué en 1942 sur le front russe.

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Elle fut la première femme à avoir été élue à l’Académie prussienne des arts. À l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, elle en fut expulsée, son oeuvre étant considérée comme « dégénérée » ( Entartete Kunst )

Élève de Rodin, Kollwitz n’a eu de cesse de puiser ses connaissances et sa technique auprès des maîtres de l’art tels que Rembrandt, Michel Ange et ainsi devenir un véritable témoin d’une Europe de la première moitié du XXe siècle vacillante. Mère des expressionnistes -elle refusait de porter ce titre-, c’est par le dessin, la gravure et la sculpture qu’elle exprime la vie d’une nation toute entière dans ses doutes, ses souffrances et dans ses espoirs.

Son œuvre la plus célèbre est aujourd’hui est la Pietà de la Neue Wache à Berlin, monument national allemand des plus importants dédié à la souffrance civile et à l’appel à la paix.

Si Käthe Kollwitz est une artiste reconnue et célébrée dans les pays germanophones et du Nord de l’Europe, elle reste une artiste largement méconnue en France. L’exposition de Vic-sur-Seille est la première qui lui est consacrée de ce côté du Rhin, hormis celle du Goëthe Institut de Paris en 1967.

RÉSONANCE AVEC GEORGES DE LA TOUR

La Mère de l’expressionnisme allemand. Cette remarque peut sembler pertinente, à l’étude de son style et des sujets abordés. Ce constat semble cependant réducteur dans l’appréhension de l’œuvre de l’artiste. Ses sources documentaires, son inspiration, son expressivité se trouvent chez les grands maîtres de l’art occidental. Elles lui confèrent une dimension universaliste et humaniste qui dépasse largement le cadre de l’expressionnisme allemand.

L’exposition se développera dans Musée départemental Georges de La Tour en suivant six thèmes ayant traversé sa production : la germination et l’enthousiasme avant la conception d’un projet ; la conception et l’élaboration; la pietà; la déploraison; la résistance; la lamentation. Ces thèmes seront introduits par des œuvres de grands maîtres de l’art occidental du XVe au XXe siècle, afin de mieux mettre en évidence l’universalité dans la création artistique.

Le thème concernant l’inspiration et la germination d’un projet résonne avec le Saint Jean Baptiste dans le désert de Georges de La Tour. Cet aspect à lui seul justifie l’intérêt de cette exposition au musée. L’utilisation du clair obscur, la radicalité des moyens, le force du dessin qui campe des silhouettes massives aux gestes amples accentués par la lumière, le vérisme des personnages et l’intensité psychologique des expressions permettent de tisser une série de correspondances entre la vision de Georges de La Tour -et plus généralement des peintres de la réalité du XVIIe siècle- et celle de Käthe Kollwitz.

L’exposition Käthe Kollwitz s’adresse à un public le plus large possible, mais elle a une résonance bien particulière pour le public lorrain et mosellan. La Moselle a en effet été tiraillée entre la France et l’Allemagne et son appartenance a souvent varié, notamment à partir de 1870. L’exposition met en évidence une certaine impuissance de l’individu face à ce qu’on appelle l’Histoire.

L’exposition Käthe Kollwitz a été conçue par l’équipe du musée Georges de La Tour, en partenariat avec la Fondation Käthe Kollwitz de Berlin. Cet événement fait appel à des œuvres prêtées par des grands musées nationaux et internationaux: Berlin | l’École nationale supérieure des Beaux arts – Paris | Staatliche Graphische Sammlung – Munich | la Ernst Barlach Stiftung – Güstrow | le Staatliche Museem – Berlin | le Musée historique lorrain – Nancy | le Musée de la Cour d’Or – Metz métropole | la Bibliothèque municipale – Nancy – Paris | le Musée du Petit Palais.

Cette exposition est exceptionnellement prolongée jusqu’au 30 septembre 2012


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