Un dessinateur humoristique indien, Aseem Trivedi, suite à une plainte privée (… !) vient d’ être condamné à Bombay à deux semaines de prison pour avoir publié des caricatures et dessins dénonçant la corruption. Il a notamment publié un dessin représentant des mouches (probablement de l’espèce scatophage plus connues sous une autre appellation … !) bourdonnant autour de toilettes représentant le Parlement indien ( voir photo).
Pour faire bon poids les autorités indiennes l’accusent d’avoir publié des documents pornographiques sur son site internet, un comble au pays du Kamasutra ! Ajoutant la bassesse à la tartufferie, ses contempteurs ont bloqué son site.
Plus le mensonge est gros, plus il a de chances d’être cru c’est bien là la morale de tous les censeurs et pisse-vinaigre de tous poils et de tous pays !
Une certaine presse pro-gouvernementale aux ordres bien sûr, diffuse des photos d’Aseem Trivedi le représentant sous un aspect exalté et violent.
La corruption touche tous les secteurs de l’économie, et l’indice de la corruption en Inde s’envole (des milliards d ‘euros, le chiffre est colossale). Les politiciens sont régulièrement incriminés dans ces scandales.
Les autorités indiennes ont du mal à admettre la notoriété qu’a acquise Aseem Trivedi en créant l’association et le site internet IAC, India against corruption. Depuis plusieurs semaines elles s’en prennent aux journalistes et bloquent les différents réseaux sociaux et les vidéos mises en ligne sur YouTube qui tentent de relayer leurs messages.
Cette stratégie d’intimidation et de pression touche aussi au cinéma. Une adaptation cinématographique du roman de Salman Rushdie, «Les Enfants de minuit» (Midnight’s children. 1981) peine à trouver des distributeurs. (Salman Rushdie est l’auteur des «Versets Sataniques)».
Ce livre raconte l’histoire d’un enfant aux pouvoirs magiques, l’action se situe au moment de l’indépendance et Rushdie égratique au passage quelques figures politiques de l’époque. On lui reproche pareillement de moquer les symboles nationaux.
Comme par hasard, Aseem Trivedi ainsi que le dessinateur syrien Ali Ferzat, devaient recevoir le 15 septembre le prix 2012 Courage in Editorial Cartooning Award, remis par cette association qui lutte pour la liberté d’expression dans la presse, lors de la convention annuelle qu’elle tiendra à l’Université de Washington.
“ La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas ”comme s’en fait hebdomadairement écho un célébrissime hebdomadaire satirique français. Que cela est vrai partout dans le monde !
Pierre-Alain Lévy