Un grand moment de musique avec les TALENS LYRIQUES

La Guerre des Bouffons

Une guerre terrible sans un seul mort ni un seul enterrement comme en connait souvent Paris, mais que de jalousie, d’animosité, de déchaînements verbaux, de rivalités entre grands musiciens, de cabales et d’outrances dans cette Guerre des Bouffons qui opposa dans la France de Marie-Antoinette les partisans de la tradition, celle de la musique française héritée de Lully avec ses ornements et son emphase lyrique représentée par Rameau, aux tenants d’une nouvelle forme épurée insistant sur le sens de la dramaturgie et un continuum musical et orchestral qui favorise l’action et représentée par Gluck.

D’un côté les “conservateurs” de l’autres les “modernes”? Non ce n’est cependant pas dans ces termes qu’il conviendrait de résumer ce moment fort de la musique française peu de temps avant la Révolution.

Olécio partenaire de Wukali

Car cette opposition frontale dans le débat sur la musique est néanmoins bien plus qu’une querelle d’initiés ou de mondains comme dirait Voltaire. Rousseau qui n’en est pas à une bourde près s’en mêle, il est vrai que ce dernier se pique de musique et pourtant ce n’est pourtant pas le domaine pour lequel il est passé à la postérité loin de là !

Les protagonistes centraux de cette dite « Guerre » sont Glück (1714–1730) et Piccini (1728-1800) . Ces deux compositeurs arrivent à Paris à la demande de la reine Marie-Antoinette qui a une véritable passion pour la musique.

Le premier, Glück, (que ses détracteurs parisiens appellaient « Glouck ») est né en Bohême et étudie à Prague. Très tôt il se rend en Italie où il séjourne neuf ans et se passionne curieusement pour l’art dramatique. Puis il voyage à Londres où il rencontre Haendel (1746). Au cours de ses nombreux séjours dans d’autres grandes villes d’Europe il rencontre de nombreux musiciens et réfléchit à de nouvelles formes d’opéra comme celles qui à ce moment là sont farouchement débattues à Paris, mises en avant par les philosophes Diderot, Rousseau, Holbach, Grimm et dont on fait grand bruit.

Paris au coeur de la musique

C’est dans ces dispositions qu’il arrive à Paris où il séjournera entre 1774 et 1779. Son premier opéra Iphigénie en Aulide (1774) puis en 1776 Orphée et Eurydice connaissent un immense succès.

L’autre «chef de guerre», c’est Piccini, il est né à Bari en 1728 dans le Royaume de Naples. Après une carrière musicale qui était loin de combler ses espérances il part pour Paris et devient professeur de chant de Marie-Antoinette.

Deux musiciens pour conquérir le royaume de la musique à la Cour de France, deux rivaux, et qui plus est étrangers, c’était trop,“ Delenda est Carthago”, la guerre fut déclarée !


Antonio SACCHINI (1730-1786)

Voici donc l’auteur de « Renaud», ce magnifique opéra qui fait lien entre l’opéra à la française ( effets théâtraux, Deus machina, récitatifs et da capo) et l’invention Gluckienne plus sobre faisant la part belle à l’intensité dramatique et fusionnant musique et texte.

Sacchini à l’âge de 10 ans entre au conservatoire de Musique de Naples et devient l’élève de Francesco Durante (qui fut aussi professeur de Piccini). Il devient très rapidement célèbre et en 1750 devient maître de chapelle extraordinaire du Conservatoire ( position toute de gloire car non rémunérée!). En 1768 il est nommé directeur du Conservatoire dell’ Ospedaletto à Venise. C’est à partir de cette date que son nom et sa réputation courent toutes les capitales musicales d’Europe.

Et puis il arrive à Paris en 1781 où se retrouvent toutes les gloires musicales du moment. La Reine Marie-Antoinette veut immédiatement l’écouter. La Guerre des Bouffons fait rage. Au milieu de ce tumulte « médiatique », il apparait quelque peu déconcerté et maintient le style qui lui a valu sa célébrité celle dite de l’opera seria en opposition avec l’opéra bouffa . Il italianise quelque peu le style de Gluck. Sacchini écrit dans un « style français »

Pierre-Alain Lévy



RENAUD est une tragédie lyrique en 3 actes jouée pour la première fois à Paris à l’ Académie royale de musique, 28 février 1783. Musique de Sacchini, livret de Pellegrin revu par Lebœuf

L’action se déroule en Terre Sainte durant les premières croisades.

Armide, princesse guerrière et magicienne, est tombée sous le charme de Renaud, chevalier croisé. Après avoir inutilement employé ses pouvoirs pour le charmer, elle s’est vue abandonnée et se consume depuis lors en désespoir et en fureur.


RENAUD

LES TALENS LYRIQUES

Direction Christophe Rousset

Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles

Olivier Schneebeli direction artistique

ARSENAL. (Metz) Dimanche 21 octobre 2012. 16h


ÉCOUTER VOIR

Ces articles peuvent aussi vous intéresser