Lu dans la presse internationale.
Des musiciens appartenant à l »Orchestre national symphonique d’Iran viennent de faire savoir que cette formation vient d’être dissoute pour cause de manque de fonds.
Les musiciens ont informé l’agence de presse semi officielle ILNA que depuis trois mois ils n’ont pas eu de répétitions ensemble et qu’ils n’avaient pas été payés
Arsalan Kamkar, violoniste à l’orchestre, a indiqué lundi que« seulement sept ou huit membres de l’orchestre ont des contrats valides et que malheureusement tous les autres n’ont pas eu leurs contrats renouvelés ces derniers mois»
L’orchestre venait juste d’être réactivé l’année dernière après une pause de deux ans.
Un autre musicien, Babak Riahipour, dit que l’orchestre manque d’une bonne gestion «Personne ne se soucie de notre sort, qui plus est il n’y a pas de budget pour remplacer les instruments hors d’âge. Personne n’est là pour nous payer.»
Un musicien confirmé gagne environ 6 millions de rials soit moins de 150€ par mois, au-dessous de ce que gagne un chauffeur de taxi et doit donc trouver des ressources de complément pour augmenter son salaire.
L’agence semi officielle Mehr rapporte le propos du chanteur Fazel Jamshidi : «De nombreux artistes iraniens travaillent comme chauffeurs de taxi ou comme secrétaires dans des bureaux plutôt que de se consacrer uniquement à leur profession»
Cette situation s’inscrit dans le contexte de revendications économiques que connait l’Iran du fait des carences du gouvernement et des sanctions que les pays occidentaux exercent au sujet du développement du programme nucléaire. Autre effet des sanctions, l’effondrement de la monnaie iranienne.
Les Occidentaux suspectent l’Iran de vouloir se doter d’un armement nucléaire et imposent des sanctions pour persuader l’Iran de cesser son programme d’enrichissement d’uranium. L’Iran prétend qu’il s’agit de d’un programme purement pacifique.
L’orchestre d’Iran est un des plus anciens du Moyen-Orient, il a été fondé dans les années 30. Il a joué avec des musiciens de renom international tels Yéhudi Ménuhin ou Isaac Stern.
Depuis la révolution de 1979 qui a conduit les islamistes au pouvoir il a eu huit chefs différents.
De nombreux chefs religieux estiment que la musique occidentale sapent les valeurs islamiques.
Le violoniste Arsalan Kamkar ajoute que cette mort de l’orchestre apporte la preuve que les dirigeants iraniens ne lui sont pas favorables car son budget est une insignifiante portion des revenus iraniens tirés du pétrole. Il faut aussi savoir que dans le même temps où les dirigeants iraniens clament leur mépris de la culture occidentale ils sont eux-mêmes assis au milieu d’une des plus importantes collections d’art européen et américain d’art moderne
En août dernier le musée d’art contemporain a mis en vente près de 100 oeuvres ayant appartenu au dernier Shah et sa famille on y trouvait des toiles d’Andy Warhol, David Hockney et Jasper Johns. Cependant la plupart des pièces de la collection, des oeuvres de Picasso, Jackson Pollock, Francis Bacon et d’autres restent dans les réserves et les entrepôts de stockage
Karimi depuis Téhéran AP, Iran.
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Très intéressante conférence à Columbia University, School of International and Public Affairs (SIPA)). « Civil Liberties, Islam and the Nexus Between the Struggle for Democracy and Iran’s Nuclear Ambitions, » with Akbar Ganji. En anglais