C’est par le plus grand des hasards que le portrait de la reine Catherine d’Aragon, première épouse d’Henry VIII (1491-1547) a été retrouvé et identifié.

Alors que des spécialistes en restauration de tableaux du National Portrait Gallery travaillaient à Londres à Lambeth Palace (résidence londonienne de l’Archevêque de Canterbury) ils remarquèrent un tableau représentant une femme placé dans un petit salon privé. Ce tableau était considéré comme datant des années allant de 1520 à 1530, on pensait alors qu’il représentait Catherine Parr la dernière femme d’Henry VIII.(Henry VIII eut six épouses)

Les restaurateurs furent intrigués par ce portrait qui possèdaient de nombreux points de similitude avec d’autres oeuvres représentant Catherine d’Aragon. Qui plus est son cadre était d’une rare facture.

Après que l’archevêque de Canterbury eût donné son aval pour des expertises poussées, le tableau fut dans un premier temps examiné sous lumière rasante ( une technique utilisant une lampe forte en lumière rasante ou tangentielle pour examiner la couche picturale, la finesse des glacis, les aspérités de la surface, les écaillures, l’état du support. Une lampe de wood dont la fluorescence d’ultra-violet fait ressortir les repeints, les lacunes, les signatures contrefaites, les inscriptions rajoutées). Cela permit de découvrir un fond sombre qui masquait un ton vert représentant un tissu de soie damassée; en outre le tableau de 1520 représentant le roi HenryVIII et exposé à la National Portrait Gallery est également orné d’un fond de même nature.

Olécio partenaire de Wukali

Un examen aux rayons X permit de découvrir un voile positionné sur la coiffe de Catherine, et de comprendre ainsi qu’un excès de repeints sur le visage avait altéré les caractéristiques du visage du personnage et ainsi son identification. Ces examens techniques et scientifiques furent particulièrement utiles et ont donc permis d’identifier dans ce tableau le portrait de Catherine d’Aragon dans ses plus jeunes années.

Un examen poussé du châssis révéla que des éléments de glacis décoratifs d’origine demeuraient malgré les couches de peintures et de vernis successifs qui avaient dégradé ce tableau. Cela est d’autant plus intéressant qu’il est rarissime de trouver des glacis d’apprêt datant de l’époque Tudor.

Si on ignore si ces deux tableaux du Roi et de sa Reine formaient une paire, ce qui est plutôt probable, on observe dans tous les cas que les vêtements correspondent en tous points à l’époque, par ailleurs ils sont tous les deux de dimension identique. Aujourd’hui les deux portraits d’Henry VIII et de Catherine d’Aragon sont réunis dans une même salle côte à côte et peuvent être admirés à la National Portrait Gallery à Londres. Gageons que le temps les ait réconciliés … Honni soit qui mal y pense !

Timothy Orpington correspondant en Grande Bretagne pour Wukali


National Portrait Gallery, St Martin’s Place. Londres

Underground: stations Leicester Square/Charing Cross


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Petit rappel historique

Henry VIII fut marié pendant vingt-quatre ans avec Catherine d’Aragon. Elle était la fille du roi Ferdinand II d’Aragon et de la reine Isabelle Ière de Castille. Catherine avait auparavant été mariée au Roi Arthur, frère aîné d’Henry qui mourut peu de temps après leur mariage. Catherine épousera en seconde noce Henry. Leur union devait sceller l’ alliance de l’Angleterre avec l’Espagne. Elle était plus âgée que lui. Le roi voulait un héritier mâle, elle ne put lui donner de fils malgré ses grossesses qui n’aboutirent point. Le Roi prit pour maîtresse Ann Boleyn, leur relation au fil du temps devint publique, le roi demanda au Pape d’annuler son mariage d’avec Catherine, le Pape refusa. Henry VIII divorça épousa Ann et créa l’Église anglicane non inféodée à Rome. Ann eut un enfant de d’Henry VIII, une fille, Elisabeth, (celle ci à la mort d’Henry VIII deviendra reine d’Angleterre). Plus tard Ann Boleyn accusée d’adultère sera décapitée à la Tour de Londres.


Illustration de l’entête. Portrait du roi Henry VIII. circa 1520. National Portrait Gallery. Londres.


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