Le musée Matisse du Cateau-Cambrésis dans le département du Nord consacre une exposition à l’occasion de l’exceptionnelle donation par la famille Matisse d’un ensemble de 443 éléments en papiers gouachés découpés non utilisés dans les œuvres d’Henri Matisse.

Il s’agit d’une des plus exceptionnelles donations faites au musée Matisse depuis la donation Tériade. Les gouaches découpées de Matisse sont rares et fragiles. Pour ses compositions, Matisse découpa directement dans la couleur des papiers gouachés, des algues, des palmes, des oiseaux, des fleurs… en nombre beaucoup plus important que ce qu’il utilisa pour créer les panneaux muraux ou les couvertures de livres conçus avec cette nouvelle invention. C’est ainsi que les formes non retenues par l’artiste pour ses compositions, sont restées chez les descendants du peintre et sont données aujourd’hui aux deux musées Matisse – celui du Cateau-Cambrésis et celui de Nice.

L’invention des papiers gouachés, découpés et collés, qu’il développe pendant presque vingt années, de 1936 à 1954, mène Matisse dans une des plus importantes révolutions artistiques du XXe siècle qui marqua définitivement l’art occidental. Elle est le résultat de recherches acharnées, qui réunirent dans d’ultimes créations, peinture, sculpture et dessin, et aboutirent à l’accord entre le décoratif et le spirituel.

Oubliant la peinture de chevalet, à plus de 75 ans, Matisse taille des feuilles de papier couvert d’une couleur posée uniformément à la gouache par une assistante. Le coup de ciseau remplace le trait de contour et laisse le peintre libre d’ajouter de la matière- couleur ou d’en retirer. La couleur s’épanouit sans la contrainte du dessin. « Le conflit entre le dessin et la couleur » est définitivement résolu. Matisse s’engage dans une nouvelle aventure artistique née de la révolution plastique qu’il a inventée et qui génère un bouleversement de ses thèmes et sources de création.

Olécio partenaire de Wukali

Matisse, la couleur découpée

Musée départemental Matisse Palais Fénelon. 59360 Le Cateau-Cambrésis

jusqu’au 9 juin 2013


Citations de Matisse

« Je n’ai jamais quitté l’objet. L’objet n’est pas tellement intéressant par lui-même. C’est le milieu qui crée l’objet. C’est ainsi que j’ai travaillé toute ma vie devant les mêmes objets qui me donnaient la force de la réalité en engageant mon esprit vers tout ce que ces objets avaient traversé pour moi et avec moi. Un verre d’eau avec une fleur est une chose différente d’un verre d’eau avec un citron. L’objet est un acteur : un bon acteur peut jouer dans dix pièces différentes, un objet peut jouer dans dix tableaux différents un rôle différent.(…) Il faut que l’objet agisse puissamment sur l’imagination, il faut que le sentiment de l’artiste s’exprimant par lui le rende digne d’intérêt : il ne dit que ce qu’on lui fait dire. » Propos recueillis par Maria Luz et approuvés par Henri Matisse ; publiés dans XXe Siècle, n°2, janvier 1952. Henri Matisse. Ecrits et propos sur l’art, recueil établi par Dominique Fourcade, Hermann, Paris, 1972, pages 246-247


«Il n’y a pas de rupture entre mes anciens tableaux et mes découpages, seulement encore plus d’abstraction ; j’ai atteint une forme décantée jusqu’à l’essentiel et j’ai conservé de l’objet que je présentais autrefois dans la complexité de son espace, le signe qui suffit et qui est nécessaire à le faire exister dans sa forme propre et pour l’ensemble dans lequel je l’ai conçu.»( XXe siècle, n° 2, janvier 1952 et Pierre Schneider, Henri Matisse, Paris, 1970, p. 58)



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