La chronique littéraire d’Émile Cougut.


Dans la série « 20 clés pour comprendre », les éditions Albin Michel et le Monde des Religions viennent d’éditer : le christianisme. Le christianisme, pas que le catholicisme. Le christianisme c’est-à-dire la religion qui a pour base l’Ancien Testament et le nouveau, lui-même composé de vingt-sept écrits divers : les quatre Évangiles, les actes des Apôtres, les épitres c’est-à-dire les lettres de Paul, de Jacques, de Pierre, de Jean et de Jude et l’Apocalypse.

Les sept premiers chapitres sont avant tout historiques allant de Jésus et son temps aux églises primitives. Puis arrivent les différentes Églises. Bien sur, la catholique est la plus connue, car la plus présente dans le monde, la première religion pratiquée au monde.

L’histoire du catholicisme depuis deux millénaires est une histoire de schismes. Ces schismes au premier millénaire étaient essentiellement théologiques, dogmatiques, voire intellectuels, alors que ceux du second ont une base avant tout morale : dénoncer les abus de l’église catholique. Ils n’ont pu aboutir généralement que grâce à leur instrumentalisation dans le cadre de la lutte du pouvoir politique et certains sont à la base de la création d’autres églises : les orthodoxes, les protestants et la nébuleuse des églises orientales. Et ce ne sont que des grandes catégories qui regroupent des courants divers et variés qui, parfois s’excommunient entre eux quand ils ne sont la bases de guerres de religion.

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Dans ce petit livre sont abordées les principales différences entre ces Églises aussi bien au niveau des rites, des sacrements, des fêtes, que du culte marial (les catholiques vénèrent Dieu alors qu’ils adorent Marie et les saints) totalement réfuté par les protestants.

Le catholicisme dans l’ensemble du christianisme est la seule religion qui a un clergé totalement hiérarchisé, ce qui fait sa force, mais qui est aussi un inconvénient, devant adresser le même message évangélique à un occident en voie de sécularisation et une Amérique du Sud ou une Asie où le monothéisme religieux, et ses pratiques religieuses sont en plein développement. Or sur ces continents, on assiste à une action importante des églises protestantes, directement ou par le biais de leurs ONG. Au-delà d’un aspect parfois sectaire pour certaines, du moins selon nos critères français, elles essaient d’imposer un vrai modèle politique voire économique et social d’où de temps en temps des heurts très violents avec les pouvoirs publics (ou d’autres religions comme l’islam) qui leur reprochent, à juste titre, leur ingérence. Depuis Vatican 2 après les abus des missionnaires catholiques qui accompagnaient les colonisateurs, leur action ne doit se baser que sur la diffusion du message religieux en vue de la conversion.

Ce livre dans son ensemble ne fait que reprendre des éléments que nous connaissions, mais en les synthétisant, en donnant une unité à ce qui était épart pour la majorité des lecteurs. En plus il ouvre des chemins pour une réflexion tant au niveau de l’avenir du christianisme, de ses différences que du positionnement que chaque chrétien a par rapport à sa croyance.

Mais au-delà, ce livre doit être lu ne serait-ce que pour l’avant-propos de Régis Debray. Quand on connait son passé marxiste, ses positions politiques, sociales, philosophiques, il parait étonnant de voir sa signature dans un livre sur le christianisme. Et pourtant, dans un exposé bref mais brillant, il nous montre que nous occidentaux, nous européens, nous sommes devenus ce que nous sommes avec notre façon de vivre, avec notre façon de penser que parce que nous sommes les héritiers de deux mille ans de christianisme.

Emile Cougut


20 Clés pour comprendre le christianisme.

Éditions Albin Michel / Le Monde des Religions.6.90€

Ouvrage collectif : Richard Cadoux, Melissa Chemam, Régis Debray, Jacques Gadille, Michel Leplay, Michel Meslin, André Paul, Jean-Louis Schlegel, Michel Théron, François Vouga, etc.


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