Succédant au compositeur Noam Sheriff, le chef chinois Xu Zhong vient d’être nommé directeur musical de l’orchestre symphonique de Haifa en Israël..
Xu Zhong est aussi directeur artistique du Teatro Massimo de Catane en Italie ainsi que du Shanghaï Oriental Symphony Orchestra
Cette nomination constitue bien une première en Israël et mérite d’être envisagée sous différents angles. D’un point de vue musical tout d’abord, elle exprime à l’évidence l’importance de la Chine et plus largement (si j’ose ainsi dire…) des pays d’ Extrême-orient dans la vie musicale internationale. Pour ceux qui en douteraient, il suffit de consulter les listes des lauréats des concours internationaux de musique ou (et Wukali a déjà traité le sujet) les innombrables constructions de salles de concerts et d’auditoriums en Chine.
Bien au delà de la sphère artistique cette nomination a quelque chose d’intéressant et matérialise quelque peu les thèses de Gramsci, mais dans les deux sens.
On ne peut aussi s’empêcher de penser à la diplomatie du ping-pong, quand dans les années soixante, en pleine guerre du Vietnam, la Chine de Mao, n’était pas reconnue par les États-Unis, une équipe de pongistes américains avait joué en Chine contre une équipe chinoise, ouvrant ainsi la voie à une reconnaissance diplomatique et au voyage de Henri Kissinger à Pékin.
Les dirigeants chinois ne peuvent ignorer Israël, certes pour des raisons diplomatiques et de real politik, et ce qui se passe en Syrie et en Égypte ne semble pas à long terme oeuvrer en leur faveur, mais surtout la réalité économique israélienne et son excellence scientifique et technologique (en matière de recherche notamment) présentent des attraits que ne peuvent méconnaître plus longuement les dirigeants chinois.
Alors verra-t-on bientôt au programme de l’orchestre symphonique de Haifa une oeuvre de Chen Qigang qui fut l’élève de Messiaen, ou alors Le Mandarin merveilleux ?
Pierre-Alain Lévy
Illustration de l’article. Le chef d’orchestre Xu Zhong en compagnie de personnalités israéliennes