Let’ s Jazz !


La toute nouvelle chronique d’un tout nouveau chroniqueur dans Wukali, sa spécialité Jazz, nous sommes heureux d’accueillir Auguste Rizzo, il est européen, musicien amateur et esthète, il vit dans et pour la musique, reculé du monde branché sur lui. Bienvenue, Welcome, play it and swing !



La Blue Note d’Auguste RIZZO.


La musique de Laurent Coq est un dialogue à elle seule : une rythmique construite (mais jamais obsédante ou récurrente), alliée d’un chant aérien et léger, l’ensemble se prête magnifiquement à l’improvisation, laquelle ne fait le jazz qu’à la condition (comme c’est le cas) d’entrer en dialogue avec la tradition de sa propre histoire. Il faut ajouter à cette musique exigeante, musicienne et joueuse, le voyage et les tournées et le jazz naît sous les doigts, et dans les voix de ses artistes : Paris, New-York, l’Europe, l’Afrique, les Antilles, les Amériques, le Japon, le monde…

Dialogue est le dixième disque de Laurent Coq qui signe la plupart des musiques de l’album. Une nouvelle réussite, populaire, accessible, vocale. Michel Petrucciani avait en son temps donné le secret magique du jazz : écrire des chansons.

Platon, grand amoureux de musique, avait donné aux dialogues philosophiques ses lettres de noblesse. Laurent Coq donne au dialogue musical toute la profondeur d’un parcours personnel qui lui a permis d’explorer un jazz rigoureux, vigoureux, neuf.

Dialogue encore, celui des instruments parents, piano-guitare, si proches qu’ils sont difficiles à assembler, à faire chanter ensemble. Deux façons d’aborder les cordes, la frappe, les harmoniques, le chant et la rythmique. Une difficulté qui a fait de beaux albums, on se souvient notamment de Conversation, l’émouvante création de Michel et Tony Petrucciani, le père du pianiste. On se souvient des dialogues de Bill Evans et de Jim Hall en 1962 pour Undercurrent et 1966, Intermodulation. Dialogue difficile à établir entre ces deux instruments, mais Laurent Coq le réalise parfaitement avec Ralph Lavital, sans doute parce qu’il y a entre eux une histoire humaine : le guitariste a été l’élève du pianiste en cours de composition. Comme tous les grands maîtres, Laurent Coq a su élever l’élève et, le faisant égal, tenir le dialogue de l’amitié qui s’instruit de l’autre. Ainsi le dialogue piano guitare ne s’enferme jamais comme c’est son danger, dans un réseau de cordes, mais au contraire produit un jeu complice d’accompagnement et de chants, de résonances. Ralph Lavital signe trois des onze titres de l’album. Magie des accords difficiles.

Dialogue enfin, et pour que celui ci soit réussi, il lui faut un horizon, un ailleurs, une ligne de fuite qui donne à la musique une perspective et une ligne de vie. Multiples sont ces horizons. La voix aérienne de Nicolas Pelage, qui signe les paroles de ces chansons de Jazz, voix décollage immédiat, voix frisson, qui transporte le dialogue des deux instrumentistes dans une libre parole. L’ensemble apporte une tonalité et une identité caribéenne à l’album qui est une des racines et traditions du jazz, sans jamais forcer cette ambiance du côté du folklore. Folklore d’un pays à venir qui est celui du jazz. Les inspirations multiples, la structure de la musique et du jazz « classiques », le jazz des clubs et des tournées, new yorkais, européens, parisiens.

L’ensemble, piano-guitare-chant, est léger, riche, enrichissant, rythmes caribéens du pianiste, accents classique du guitariste, textes en créole : une osmose populaire et accessible qu’on peut goûter sans être initié à l’histoire et à la technique. Un jazz Pop, humain qui élève et rend heureux s’il ne guérit.

L’album s’enracine dans une histoire personnelle de Laurent Coq. Le 22 août 2012 après trois semaines passées à New York, le pianiste tombe malade et passe deux semaines à l’hôpital. Semaines intenses et douloureuses. Quelques mois plus tôt, il avait enregistré cet album. Les liens tissés au cours de ces deux épisodes, l’enregistrement, l’hospitalisation et aussi l’implication d’une année du pianiste dans le grand mouvement pour le jazz (Révolution de Jazzmin) qui devait aboutir à la création d’une structure vouée au jazz (si le projet n’avait été lâché par les politiques actuels), tout cela entre en résonance. Le pianiste a accompli un grand voyage en tournée, en concerts, en improvisations sur scène, en contacts avec des artistes, son public, et en somme, un grand voyage vers lui-même. L’album est dédié à tous les gens qui voient le ciel depuis leur fenêtre d’hôpital. Sans doute aussi à tous ceux qui voient le ciel à travers des horizons rétrécis, que la musique ouvre.

Ce voyage peut être entendu, il suffit d’écouter ce bel album de jazz : Dialogue.

« Mwen two Kontan ! »

Auguste Rizzo


Sortie en France le 14 septembre, Sunnyside, Records/Naïve et en concert les 20 et 21 septembre, au Sunset Sunside.


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