A novel published in the fifties, reedited

Les éditions Le dilettante viennent de republier un roman d’Albert Vidalie : Chandeleur l’artiste publié en 1958. On ne se souvient que peu de ce romancier, né en 1913, décédé en 1981, ami de Roger Nimier et d’Antoine Blondin, à qui est dédié ce livre, auteur de romans, nouvelles etc., et même de chansons dont la plus célèbres et certainement : « les loups » .

Chandeleur l’artiste est un roman se situant en banlieue parisienne durant l’entre deux guerres. Un court moment de la vie d’une famille, une partie d’une saga, vue essentiellement par les yeux d’un enfant, Fanfan qui semble être bien Albert Vidalie lui-même.

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Ce roman est la description de destins croisés, liés par des liens familiaux dominés par la personnalité attachante de François Chandeleur. Ce dernier est un artiste dans le sens où il est toujours à la recherche d’un nouvel emploi ou il pourra enfin s’exprimer et sortir de la place ou la société l’a placé. Car à cette époque, pas si lointaine, l’appartenance à une classe sociale est encore prégnante, en sortir pour progresser dans la société est le rêve de tout un chacun, mais s’il a beaucoup d’appelés, il y a peu d’élus. Et dans cette banlieue ouvrière parisienne, celui qui est dans cette démarche et qui n’y arrive pas, passe pour une sorte d’artiste, un homme attachant mais marginalisé.

Chandeleur l’artiste est un roman sur la fatalité de la classe laborieuse résumé par Albert Vidalie dans ses deux vers :

Tu enfanteras dans la douleur pour le dieu des armées !

Tu gagneras le pain de tes maîtres à la sueur de ton front !

Albert Vidalie est plein d’empathie pour tous ses personnages, même pour Maningue homme envieux, cupide, tout droit sorti d’un roman de Balzac ou de Simenon. Et c’est cette empathie qui fait que Chandeleur l’artiste n’est pas un roman revendicatif, politique comme ceux d’un Roger Vaillant à la même époque, mais un roman plein de tendresse et de nostalgie.

Ce roman autobiographique mêle tendresse et lucidité féroce. Vidalie nous montre, derrière les murs et les contrevents clos, les vielles haines qui mijotent sans cesse dans un univers minuscule qui balance entre rêves de grandeurs et rêves brisés, entre petitesses et médisances, et (Blondin n’est vraiment pas loin) envolées lyriques de bistrot.

Et comme fil conducteur, un jardin, sorte d’Eden, « le paradis perdu des amours enfantines » si cher à Baudelaire, que chacun désire posséder, car il est le refuge où chacun pense y retrouver l’innocence de l’enfance.

Emile COUGUT


Chandeleur l’artiste

Albert Vidalie

Éditions Le Dilettante. 18 €


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