The museum dedicated to the victims of the 9/11 center of a controversy


Pour Barack Obama, cet établissement inauguré ce jeudi sur le site de Ground Zero est un lieu «de guérison et d’espoir». Alors que son ouverture au public est prévue le 21 mai, plusieurs controverses entourent déjà ce projet dédié à la mémoire et la pédagogie autour des attentats terroristes.


Lu dans la presse/

Le musée du 11 Septembre ouvre enfin ses portes trois ans après la date initialement prévue. Retardé par des négociations financières intenses, l’inondation liée à l’ouragan Sandy à l’automne 2012 et des polémiques multiples sur la mémoire du 11 Septembre, il a été inauguré en présence du Président Barack Obama et des anciens maires de New York Michael Bloomberg et Rudy Giuliani. «Je veux exprimer notre profonde gratitude à tous ceux qui ont été impliqués dans ce formidable projet pour nos avoir menés à ce jour, pour nous avoir donné ce lieu sacré de guérison et d’espoir», a affirmé Obama dans une brève allocution. «Ici, nous racontons leur histoire pour que les générations à venir ne l’oublient jamais», a-t-il ajouté. «Rien ne peut nous briser. Rien ne peut changer qui nous sommes, les Américains».

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Mais deux polémiques entourent l’ouverture du musée: la pédagogie autour de l’islam radical et du djihadisme et la construction d’un «reposoir» pour les restes de victimes non-identifiés. Cet hommage aux 2983 victimes des attentats comportera, entre autres, une exposition sur la façon dont cet évènement a transformé l’équilibre des relations internationales. Et c’est là que le bât blesse: expliquer le 11 Septembre, c’est forcément faire de la pédagogie sur le djihad et plus généralement sur le phénomène de radicalisation religieuse dans l’islam.

La pomme de discorde est une vidéo de sept minutes baptisée The Rise of Al-Qaeda, qui raconte la «montée en puissance» de l’organisation terroriste. Le groupe interreligieux new-yorkais NYDIS (New York Disaster Interfaith Services) a demandé la modification du film, mais les responsables du musée persistent. Ils disent avoir consulté des chercheurs spécialisés d’une part dans l’islam et d’autre part dans le terrorisme pour le réaliser.

Le New York Times , qui précise n’avoir pas eu accès au document, décrit une vidéo à la terminologie confuse, où l’on utilise le mot «islamistes» pour parler des jihadistes. En voix off, un présentateur de la chaîne de télévision NBC raconte l’histoire sur des images de terroristes s’entraînant dans des camps. Ce récit alterne avec des explications sur l’idéologie djihadiste, adossées à des clips vidéo doublés avec un accent étranger. Outre le mauvais goût évident de l’accent «couleur locale», c’est le choix des mots qui déplaît aux spécialistes.

L’ouverture au public est prévue le 21 mai

Interrogé par le New York Times, le directeur du département d’études islamiques de l’American University à Washington confirme qu’un musée destiné à l’éducation des générations futures se doit d’être précis sur les mots, surtout auprès d’un public de jeunes et d’enfants. «Les visiteurs peuvent tout simplement conclure que “islamiste” signifie “musulman” et que “djihadiste” veut aussi dire “musulman”, prévient Akbar Ahmed. Les terroristes doivent être condamnés pour ce qu’ils ont fait et nous avons le devoir de nous en souvenir, mais si vous associez leur religion à leurs actes, vous incluez automatiquement, par association, un milliard et demi de gens qui n’ont rien à voir avec les faits et que les États-Unis n’ont probablement pas intérêt à s’aliéner.» Un avis partagé par les responsables de la communauté musulmane de New York. Cheikh Mostafa Elazabawy, le seul imam du panel d’experts engagés pour la création du musée a démissionné en mars en faisant savoir qu’il ne pouvait pas cautionner le contenu du film. Une partie de l’exposition est cependant consacrée aux victimes musulmanes des attentats, pour clarifier dans l’esprit des visiteurs que cette religion n’est pas en soi du côté des agresseurs.

Cette polémique n’est pas la seule. Samedi dernier, 7930 restes non identifiés de victimes du 11 Septembre ont été transférées dans un «reposoir» du musée. Un petit groupe de familles des victimes a été choqué et a manifesté sa désapprobation. «Ils n’auraient pas dû agir sans nous demander notre consentement. C’est horrible», a déclaré Sally Regenhard, mère d’un pompier disparu dans l’attentat, à notre confrère Maurin Picard. Un porte-parole du médecin légiste a cependant précisé que ce «reposoir» ne «faisait pas partie du musée» et qu’il ne serait pas ouvert au public.
L’ouverture au public est prévue le 21 mai. Un mémorial du 11 Septembre existe sur les lieux du drame depuis le 11 septembre 2011, 10e anniversaire des attentats. L’œuvre Reflecting Absence, deux immenses fontaines qui forment des cascades, avait déjà fait polémique à l’époque en raison de leur charge symbolique négative (l’image d’effondrement) et de leur coût.

Violaine Morin. Le Figaro


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Illustration de l’entête, le couple Obama, Hillary Clinton et l’ancien maire de New-York , Michael Bloomberg, lors de l’inauguration

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