Les robots sont venus au monde comme des machines imaginées par des écrivains et des réalisateurs de cinéma au début du XXe siècle. Ils pouvaient, déjà, faire ressentir nos craintes et nos espoirs sur la technologie. Comme à l’ère nouvelle de l’automobile, du téléphone, de l’aviation, … qui déjà voyait la technologie prendre la vitesse parfois imprudente des rythmes de jazz.

De « Métropolis » de Fritz Lang et « I-robot » de Isaac Asimov à « Wall-e » et « Terminator », les films et inracontables histoires qui gravitent autour de ce thème ont parfaitement réussi à faire entrer les robots dans notre imaginaire collectif.

Depuis que nous sommes sortis des pages de livres et des films, les robots de la vraie-vie constituent une douce déception… Ils réalisent des tâches que les humains ne peuvent pas faire (comme explorer la planète Mars) et une quantité de choses que les gens ne préfèrent pas faire eux-mêmes (comme désamorcer des bombes ou passer l’aspirateur, on compte aujourd’hui pas moins de 10 millions de robot aspirateurs à travers le monde). Et, bien sûr, ils sont très utiles dans les usines et les chaines de montages.

Mais les robots fiables (surtout ceux qui doivent opérer en dehors de leurs cages de protections dans les usines) se sont montrés compliqués à réaliser, et disons-le, les robots sont plutôt stupides. Alors bien qu’ils nous fascinent, ils n’ont pas encore réussi à marquer de leurs empreintes notre monde.

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Cela semble être en train de changer. Les capacités exponentielles des puces en silicone, des capteurs numériques, et de la connectivité (le transfert d’information) à très grande vitesse améliorent les robots de la même manière qu’elles améliorent un grand nombre d’autres produits. Et nous pouvons ajouter à cela trois autres facteurs qui entrent en jeu.

D’abords, la Recherche et Développement en robotique devient plus facile. Les nouvelles normes internationales et européennes permettent la portabilité des bonnes idées d’une plateforme robotique à une autre. De même manière, l’accumulation des savoir faire en matière de production de ces plateformes les rendent moins couteuses. Un robot comme « Rethink Robotics’s Baxter » avec deux bras et une interface relativement simple à programmer aurait été peu convainquant sur le marché il y a une dizaine d’années, aujourd’hui vous pouvez en acheter un pour 20,000€ !

Le second facteur réside dans l’investissement. La plus grande nouvelle du monde des robots en 2013 est que Google a acheté huit très prometteuses entreprises de robotique. Ces start-ups à présent financées, bien dirigées par Andy Rubin, (le concepteur du système d’exploitation pour mobile Android) et avec un accès à un réseau mondial dans l’expérience de la programmation « cloud » et dans l’intelligence artificielle – deux éléments indispensables – les robots Google nous promettent la possibilité d’accomplir des choses spectaculaires, bien que personne en dehors de l’entreprise ne sache de quoi il peut bien s’agir. Amazon, aussi, parie sur les robots. A la fois pour automatiser leurs gigantesques entrepôts et, plus hypothétiquement encore, pour réaliser leurs livraisons par des drones. En Corée du Sud et ailleurs, les entreprises implémentent les technologies de la robotique dans de nouveaux secteurs industriels ainsi que dans des services de surveillance. Les entreprises financières (banque, fonds de placement, …) voient à présent beaucoup mieux leurs chances de profits en investissant dans des start-ups de la robotique qu’elles n’en avaient l’habitude.

Le troisième facteur, enfin, est l’imagination ! Dans les très récentes années passées, les entreprises ingénieuses ont réussi à faire travailler des robots comme cameramen ou électriciens sur des plateaux de cinéma (« Gravity » n’auraient pas pu être réalisé sans que des robots bougent les caméras et les lumières) ou encore comme installeurs de panneaux photovoltaïques dans les usines d’énergie solaire.

De plus en plus de personnes vont comprendre comment un attribut de la robotique, comme la haute précision, la réaction rapide ou la mobilité indépendante va pouvoir s’intégrer dans un marché profitable. Peut-être même que certains d’entre eux vont créer des marchés grands publics.

Les drones, sont peut-être encore d’avant-garde ici, mais ne vont-ils pas permettre aux agriculteurs d’arroser et de cultiver leurs champs de manières totalement différentes ? Ne vont-ils pas donner aux citoyens, aux journalistes, aux diffuseurs de nouvelles perspectives sur des événements ? La surveillance du trafic routier, la prévention à l’incendie ? La recherche d’infrastructure à réparer ? etc…

Les consommateurs et les citoyens vont bénéficier très largement de la montée en puissance des marchés de la robotique. S’ils parviennent à accumuler des compétences opérationnelles ils vont pouvoir réaliser toutes les tâches superflues du travail humain. Aetheon’s Tugs (un robot), par exemple, qui apportent les chariots d’hôpitaux là où ils sont nécessaires, prend déjà le travail des aides hospitaliers aujourd’hui. Le robot Kiva des entrepôts d’Amazon rend possible de ranger et de sortir des quantités de marchandise nettement supérieures à celle que peuvent manipuler plusieurs employés. Les voitures robotisées (sans chauffeur) pourraient remplacer les millions de personnes employés sur les routes aujourd’hui. Tout comme l’agriculture qui autrefois pourvoyait le plus grands nombres de travailleurs, ne représente aujourd’hui que 2% de l’emploi des pays développés ; les salariés aux tâches manuelles dans l’industrie des services vont peut-être être contraints à la retraite avant la marche des robots. Si l’humanité parvient à trouver de nouveaux secteurs où utiliser les robots, le travail ou le futur, va nous contraindre aux loisirs forcés. Il s’agit là d’un débat plein d’inquiétude dans la communauté économique d’aujourd’hui. Dans tous les cas, les robots vont en recevoir le crédit ou le blâme.

Les prouesse de la robotique seront dans une certaines mesures considérées comme acquises. Il sera dans la nature des voitures de se conduire toute seule, des sols de se nettoyer eux-mêmes et des équipements de se déplacer dans les bureaux et les hôpitaux là où ils sont nécessaires. Le fondement de la robotique sur tous ces aspects sera invincible. Mais les robots ne vont pas juste animer l’environnement inanimé. Ils vont l’habiter de toute part accomplissant toutes sortes de besoins. Certains, comme Baxter, vont aider et bouger des choses, d’autres vont prodiguer des soins, d’autres encore vont seulement apporter du confort et de la compagnie. Un robot japonais ressemblant à un bébé phoque qui répond aimablement aux caresses et qui sait distinguer les voix semble être une aide utile aux patients personnes âgées atteintes de démence.

Le plus visible les robots seront, le mieux ils pourront aider l’humanité à débattre de ces questions qui sont généralement posées dans la fiction. Est-il nécessaire que les guerres soient toujours menées par des personnes qui ressentent la pitié, offre la clémence et qui peuvent aussi être cruelles au-delà de toutes raisons tactiques ? (les Etats-Unis ne sont-ils pas entrain de débattre pour savoir s’il faut accorder ou non des médailles aux pilotes de drones ?). Est-ce un problème si la dernière bonté, gentillesse, qu’une personne ressente vienne d’une machine ? Qu’est-ce qui rend l’homme plus digne si la majorité, voire l’ensemble, du travail des hommes devient un surplus à celui des robots ?

Les citoyens, les entreprises et les gouvernements considèrent qu’il est difficile de discuter des buts finaux des changements technologiques dans une sphère abstraite. La perspicacité d’Asimov était qu’il est bien plus facile de poser ces questions quand la technologie est personnifiée : quand on peut la regarder en face.

Comme des vaisseaux voyageant dans l’espace sans jamais perdre de vue le retour à la maison, les robots pourraient ne pas uniquement servir de travailleurs ou de partenaires, mais aussi être des pourvoyeurs pour de nouvelles perspectives. Mais pas avant que les personnes qui regardent des robots voient les robots les regarder en retour comme cela arrivera un jour, avec quelque chose s’approchant de la compréhension !

Sur un sujet connexe voir notre autre article Le temps des robots ( cliquer)


Illustration de l’entête tirée du film I-Robot réalisé par Alex Proyas en 2004


WUKALI 04/07/2014


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