When black and white resume the universe
La chronique de Pierre-Alain LÉVY.
Le rendez-vous du film d’animation du samedi.
Vous connaissez sans doute cette formule, droite héritée des surréalistes et qui débute ainsi: «Bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, pied à terre, terre de feu, feu follet...» bref un cadavre exquis, c’est à dire une juxtaposition de mots aussi différents les uns en rapport avec les autres et qui sans former sens créent un rythme, un imaginaire, quelque chose de l’ordre de la parodie ou de la bouffonnerie. C’est un peu ce qu’on chercher à faire les réalisateurs de HUNT ( La chasse) : Christian Volckman (ancien pensionnaire à la Villa Médicis) et Raphael Thierry , tous deux diplômés de l’ESAG Penninghen
Une fois un thème défini et dont le titre dans ce film d’animation est éponyme, il suffit de laisser sa plume griffonner des traces d’encre pour inventer sans cesse de nouvelles suites, de nouvelles histoires.
Une lutte entre le noir et le blanc pour commencer et qui s’affrontent pour conquérir l’espace vierge de la page et couvrir le sujet, un bestiaire bien plus suggéré qu’esquisser, à mille lieues de toute représentation même pas réaliste et qui pourtant fonctionne à merveille. Des pattes de mouches stylisées, pourrait-on même parler de gribouillages et curieusement l’on est comme hypnotisé par cet univers simple qui se déploie sous notre regard. Comme une forme d’art brut, réduite à quia, des contrastes toujours efficaces entre la clarté et la noirceur, sans artifices, d’une sobriété totale, opposition entre le bien et le mal, entre la vie qui s’échappe et la mort qui poursuit, entre le cerf aux abois et le chasseur qui traque, et qui traque même son double. Homme porteur de bois et qui s’enfuit pourchassé par ses semblables dans les dédales d’une ville moderne. Homo lupus homini, en l’occurrence ici Homo cervus homini.
Pierre-Alain Lévy
WUKALI 12/07/2014