This is the first novel of a young author
La chronique littéraire d’Émile COUGUT.
Il est toujours plaisant de lire un premier roman, d’essayer de trouver derrière un style, une atmosphère (parfois à travers certaines maladresses) la personnalité d’un auteur, son talent, voire son avenir. Un auteur c’est un univers et chaque livre qu’il commet est une nouvelle pierre à l’édifice qu’il est en train de bâtir. Avec une rentrée littéraire toujours aussi pléthorique au niveau de nombre d’ouvrages proposés aux lecteurs, il fait bon de sortir des sentiers battus, de ne pas lire toujours et encore des « valeurs sûres » qui peuvent parfois décevoir. Le premier roman d’un auteur nous permettent de faire en quelque sorte un « pas de côté » dans la routine de la lecture. Et puis, il faut se dire que les plus grands écrivains, tous, ont commencé par un premier roman, et pas toujours le meilleur.
Julie Gouazé vient de publier son premier roman : Louise
. Je ne vais pas crier au génie, mais je ne vais pas dire que c’est un mauvais livre d’un auteur sans talent. Loin de là, bien loin de là. Louise est un livre plaisant, bâti autour d’une série de saynètes concernant le vécu de Louise jeune fille de 18 ans que nous voyons grandir, vieillir et devenir adulte. Louise a une sorte d’idole, sa sœur Alice son ainée de 14 ans, son modèle qui revient d’Allemagne chez ses parents avec son petit garçon mais détruite par l’alcool. Nous assistons à une série d’épreuves que Louise doit affronter pour devenir une personne indépendante, libre, adulte. Son milieu familial, une bonne bourgeoisie lyonnaise, ne la préparait pas particulièrement à la violence des autres. Violences physiques, comme celle de son ami pour qui elle travaille, violences morales aussi. Elle voit autour d’elle les êtres qu’elle aime se détruire tant ils sont victimes de démons dont elle ne comprend pas l’origine : sa mère qui s’investie de façon pathologique dans la cuisine, sa sœur qui boit jusqu’au coma. Elle est souvent désemparée, mais se veut forte et ne veut pas leur montrer les angoisses qui l’assaillent. Malgré cela ce roman est plein d’espérance, de joies. Louise décrit un chemin initiatique, le passage de l’enfance à la maturité et les embûches qu’il faut savoir surmonter. Le tout est servi par un style clair, fait de phrases courtes très courtes, rarement plus d’un sujet, un verbe un complément. Et de fait il s’accorde totalement à la façon dont le sujet est traité : des petites scènes de vie décrites par des petites touches d’écritures. Une sorte de tableau pointilliste. Cette façon de procéder montre une excellente maîtrise de l’écriture, maîtrise que nous ne rencontrons pas toujours dans un premier roman. Emile Cougut Louise Julie Gouazé
Éditions Léo Scheer. 18€
WUKALI 07/09/2014